Services d'urgences en tension : un risque de grève ?
Près d'une cinquantaine d'établissements hospitaliers se trouvent en tension cet été en raison du manque de personnel. Si le ministre démissionnaire de la Santé estime que la situation est moins tendue que l'an passé, dans certains services d'urgences, la grogne commence à monter.
Des urgences saturées. Comme chaque été, les mêmes scènes se répètent inlassablement dans les services d'urgences en France. Temps d'attente à rallonge, mesures de régulation, voire fermeture pure et simple pour certains, les urgences sont dépassées. Dans un entretien accordé à Ouest-France, le ministre démissionnaire de la Santé, Frédéric Valletoux, a affirmé qu'une "cinquantaine d'hôpitaux" se trouvent actuellement en tension. La raison ? Le manque de personnel et le trop grand afflux de patients. Sans préciser le nombre exact d'établissements contraints de fermer partiellement ou totalement, le ministre a néanmoins tenu à nuancer ses propos en expliquant que la situation "est un peu mieux que l'été dernier" et "pas aussi forte qu'au cours de celui de 2022".
Expliquant qu'il reste toujours plusieurs "situations délicates à réguler", les propos de Frédéric Valletoux vont ainsi à contre-sens de ceux tenus la semaine passée par Marc Noizet, le président du syndicat Samu urgences de France. Ce dernier a en effet affirmé que la situation actuellement traversée par les services d'urgences est "au moins égale, voire pire que celle de 2023".
Vers un risque de grève ?
Si certains services se trouvent saturés au niveau national, localement certains établissements sont au bord de l'asphyxie. C'est le cas par exemple au centre hospitalier de Digne-les-Bains où le personnel a débuté une grève illimitée ce mardi 20 août. En cause, un manque de médecins en arrêt maladie depuis de longs mois ou d'autres en congé maternité. "C'est quelque chose qui aurait pu être anticipé et on se retrouve à faire une espèce de tri à l'entrée des urgences", a expliqué à BFMTV Anne-Laure Reynaud, déléguée CGT à l'hôpital.
La situation à l'hôpital de Digne-les-Bains n'est pourtant pas un cas isolé. Celle-ci s'ajoute en effet aux problématiques déjà connues dans les Alpes-de-Haute-Provence où plusieurs établissements subissent des fermetures occasionnelles, comme à Manosque et Sisteron. Selon les syndicats, les problématiques qui ne seraient pas exclusivement cantonnées à un niveau local, requièrent une réponse au niveau national. "Il faudrait vraiment déployer une vraie politique de santé publique avec un déploiement des médecins partout en France là où il y en a besoin", explique Anne-Laure Reynaud. La nécessité d'avoir plus de médecins formés, de même qu'une revalorisation de l'hôpital public sont aussi des mesures à mettre en place par le gouvernement, détaille encore la déléguée syndicale.
Des solutions envisagées
De son côté, Hugues Breton, délégue syndical de l'association des médecins urgentistes de France pour le département des Alpes-de-Haute-Provence, propose quant à lui que les médecins étrangers formés puissent rejoindre les services en plein exercice une fois leur activité validée par le service. Le rétablissement des passerelles entre médecine générale et médecine d'urgence serait enfin une autre piste à explorer pour mettre un terme au manque de personnel rencontré dans bon nombre d'établissements hospitaliers.