Bisphénol S (BPS) : une nouvelle bombe à retardement ?
Le bisphénol A est mort, vive le bisphénol S ? Alors que les BPA ont été bannis des contenants alimentaires (biberons, Tupperware etc.) pour leur rôle de perturbateurs endocriniens, ils sont progressivement remplacés dans l'industrie agro-alimentaire par d'autres substances. C'est ainsi qu'aux Etats-Unis, le BPS ou bisphénol S, a fait son apparition. Mais la revue scientifique américaine Environmental Health Perspectives vient de tirer la sonnette d'alarme. Le bisphénol S aurait lui aussi un effet de perturbateur endocrinien même à faible dose. L'étude, menée sur des rats par l'université du Texas, arrive à la conclusion que de petites doses de bisphénol S aboutissent à des "perturbations de la réponse hormonale des cellules". Les doses sont pourtant conformes à celles retrouvées dans l'alimentation et à fortiori dans les urines humaines analysées.
Cette étude laisse à penser que le bisphénol S, déjà utilisé dans de nombreux produits outre-Atlantique en alternative au bisphénol A, pourrait se transformer en bombe à retardement sanitaire. En France, l’Institut national de l’environnement Industriel et des risques (Ineris) avait déjà alerté il y a trois ans sur les dangers de cette course aux substituts, indiquant que l'un des substituants au polycarbonate, le polyethersulfone (PES), venait lui aussi d'un bisphénol. Selon l’Institut de recherche en cancérologie de Montpellier, il s'agirait pourtant du moins dangereux des bisphénols… Mais alors que la question de ses effets sur la santé est posée, le bisphénol S, qui fait l'objet de peu d'analyses à ce jour, n'est pas encore tracé dans l'industrie. Si aux Etats-Unis on le trouve dans de nombreuses variantes de papiers thermiques (type ticket de carte bancaire), on ne connait pas encore, en France, les produits dans lesquels il est utilisé. Et pour cause : il n'est pas encore réglementé et les industriels n'ont aucune obligation de le déclarer.
Découvrira-t-on bientôt qu'un produit, visant à remplacer les bisphénol A a été disséminé dans de nombreux contenants alimentaires alors qu'il était tout aussi dangereux ? En avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) devrait publier les résultats d'une étude sur l'exposition au bisphénol S. L'occasion d'en savoir un peu plus.