Bécassine : un personnage qui a longtemps agacé la Bretagne

La Rédaction

Bécassine : un personnage qui a longtemps agacé la Bretagne Bécassine fête ce lundi son 110e anniversaire. S'il semble aujourd'hui sympathique, le personnage, né en Bretagne, a longtemps agacé les Bretons.

Elle est née 24 ans avant Tintin. Bécassine, de son vrai nom Anaïck Labornez, fête ses 110 printemps, ce lundi. C'est en 1905 que le dessinateur Emile-Joseph Porphyre Pinchon a créé l'héroïne – le premier personnage féminin de bande dessinée. La première planche est publiée le 2 février, dans le numéro de la revue pour petites filles La semaine de Suzette. Très vite, c'est le succès. Et ses apparitions succéderont à des aventures plus scénarisées.  Si elle semble aujourd'hui sympathique et populaire, Google allant même jusqu'à lui rendre hommage via un Doodle, Bécassine n'a pas toujours fait l'unanimité. Notamment auprès des Bretons, qui ont longtemps été passablement agacés par ce personnage renvoyant, selon eux, une mauvaise image d'eux-mêmes.

C'est que Bécassine, maladroite, naïve, voire un peu sotte, ne présente pas la Bretagne et ses habitants sous leurs meilleurs jours. Durant l'entre-deux-guerres, elle devient le symbole du dénigrement de la région, comme le rappelle le magazine Bretons. Elle est en fait vite assimilée à la caricature des Bretonnes qui quittent leur région natale pour servir les bourgeois de la capitale. Une image insupportable pour certains Bretons. Le 18 juin 1939, un groupe d'activistes se rend au Musée Grévin, à Paris, pour détruire la statue en cire du personnage. Et l'adaptation de la bande dessinée au cinéma suscite une vive polémique en Bretagne. Le tournage à Lannion (Côte d'Armor) est d'ailleurs perturbé et l'actrice principale menacée. A tel point que le film, lors de sa sortie en 1940, doit être retiré des salles.

Mais progressivement, l'image de Bécassine évolue. Les Bretons commencent à se réapproprier ce personnage, longtemps détesté. Grâce notamment au dessinateur et affichiste Alain Le Quernec, qui la représente le poing dressé s'insurgeant contre les marées noires à répétition, Bécassine apparaît comme plus forte, et animée d'une véritable conscience. Chantal Goya, dans un autre genre, participera également au renouveau de Bécassine, avec son tube "Bécassine, c'est ma cousine" (1979), vendu à 3 millions d'exemplaires.