Nader Abou Anas, Rachid Abou Houdeyfa, Mehdi Kabir : les imams qui font polémique au salon de la femme musulmane

Un salon musulman mettant à l’honneur les femmes s’est déroulé ce week-end dans le Val d’Oise. Mais plusieurs intervenants ont suscité la polémique pour des propos extrêmes tenus dans des vidéos diffusées sur internet.

[Mis à jour le 14 septembre à 14h35] La polémique ne s’est pas éteinte ce week-end lors de la troisième édition du salon musulman dans le Val d’Oise. Deux Femen ont fait irruption sur scène au cri de "Personne ne me soumet, personne ne me possède, je suis mon propre prophète !". Le groupe féministe n’est pas le seul à s’être levé contre ce rassemblement. Une pétition en ligne a tenté d’interdire la manifestation, et le salon avait déjà été repoussé suite à la réaction de membres du FN. En cause, la présence d’imams, particulièrement virulents dans des vidéos diffusées sur internet.

Les organisateurs du salon avaient choisi cette année de mettre la femme à l’honneur. Parmi les invités, Choumicha, animatrice d’émissions culinaires, et Nassima Prudor, enseignante en théologie islamique. Les autres intervenants étaient tous des hommes. Parmi eux, trois imams tiennent habituellement des discours virulents. Sur la scène du Val d’Oise, Nader Abou Anas, Rachid Abou Houdeyfa et Mehdi Kabir ont appelé les musulmans à respecter leur femme et réfutent tout fondamentalisme. Mais dans les vidéos que l’on trouve sur internet, le discours est différent.

Naber Abou Anas enseigne le Coran et l’arabe au sein de l’association D’CLIC à Bobigny. Dans sa dernière vidéo, il déclare que "les femmes sont des trésors que l’on doit préserver en Islam". Mais dans une autre vidéo datant de 2014, relayée par l’auteur de la pétition, l’imam déclare que "les femmes vertueuses sont obéissantes à leur mari". "La femme, elle ne sort de chez elle que par la permission de son mari", ajoute-t-il. Et de continuer : "Qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable".

L’imam Mehdi Kabir tient des propos comparables dans une vidéo postée en 2012 et repérée par Buzzfeed News. "Il n’y a pas une femme qui se parfume puis qui sort de chez elle (…) sans que cette femme soit une fornicatrice", déclare-t-il. "Comment est-ce que le père pourrait accepter de voir sa femme sortir de cette façon ? Comment le frère pourrait accepter de voir sa sœur sortir ainsi ? (…) Sortir ainsi alors qu’elle est dénudée, alors qu’elle est parfumée, alors qu’elle est dévoilée ?", demande-t-il. Rachid Abou Houdeyfa, également invité du salon musulman, diffuse lui aussi des vidéos extrémistes sur les réseaux sociaux comme le relève la journaliste Isabelle Kersimon sur le Huffington Post. Dans une vidéo de 2012, l’imam de la mosquée de Brest, affirme que si les musulmanes ne portent pas le voile islamique elles subiront "les feux de l’Enfer dans l’au-delà, et des agressions sexuelles en ce bas-monde".

Interviewé par France 3, Abder Rocab, co-organisateur du salon, estime "respecter l’ensemble des règles de la République". Le préfet du Val d’Oise, Yannick Blanc, rappelle qu’on "interdit pas les réunions sauf s’il y a un risque manifeste pour l’ordre public". "Ce n’est pas le cas ici", affirme-t-il.