Air France : le DRH à la chemise arrachée ne veut pas voir les images de son agression

Air France : le DRH à la chemise arrachée ne veut pas voir les images de son agression Trois semaines après les violences qui ont mis fin au CEE d'Air France, Xavier Broseta, le DRH dont la chemise a été arrachée, raconte son agression au Parisien.

Tout le monde a vu les images de Xavier Broseta, le directeur des ressources humaines d'Air France, agressé par des manifestants, la chemise arrachée. Mais lui, il refuse de les regarder. "Cela fait juste quelques jours que je surfe à nouveau un peu sur la Toile, que je réouvre les applis des journaux, mais j'ai encore du mal. A chaque fois, je tombe sur ma tronche", confie-t-il dans une longue interview au Parisien. Xavier Broseta est en effet devenu un symbole, le 5 octobre dernier, des tensions sociales en France, à l'issue des violences qui avaient mis fin au comité central d'entreprise d'Air France.

VIDEO - Deux dirigeants d'Air France agressés par les salariés (reportage du 5 octobre)

"Deux dirigeants d'Air France agressés et déshabillés par les salariés"

Xavier Broseta se souvient que dès le début du CEE, à 9h30, l'ambiance était déjà "tendue". Trois quart d'heures plus tard, il reçoit un SMS d'un collègue à l'extérieur qui l'incite à évacuer. L'exfiltration commence, les responsables syndicaux aide le DRH à se diriger vers la sortie. "C'est la cohue, ça pousse, ça tire, on tente d'aller dans une autre salle", se souvient Xavier Broseta qui avoue toutefois que "tout est confus" dans son esprit. "Ma veste se déchire, je la prends dans mes bras avec mes affaires. Nous sommes poursuivis". Le responsable d'Air France arrive alors à l'extérieur du bâtiment. "A un moment, quelqu'un m'attrape par derrière, tire le col de ma chemise, si fort que le bouton du col lâche", raconte-t-il au Parisien. "On me tire fort vers l'arrière et moi je tire fort dans l'autre sens pour me dégager. Tous les boutons sautent, ma chemise y reste". Il se fait alors une "grande égratignure" sur le flanc qui lui vaudra sept jours d'ITT.

Xavier Broseta veut maintenant "regarder vers l'avenir"

Mais le DRH n'est pas au bout de sa peine, il doit encore franchir une grille de 2,5 mètres de haut. "J'ai le souvenir d'avoir dû faire un effort extrêmement violent au niveau des bras pour réussir à me hisser et enjamber la grille", rapporte-t-il. Xavier Broseta est père de cinq enfants. Quand il raconte l'incident à sa famille, son fils lui répond : "Tu vois, si tu avais fait du karaté comme moi…". Mais le DRH n'est pas dans "un esprit de vengeance", c'est un sentiment de tristesse qui l'habite dès les premiers instants de l'incident. "Je me dis : 'Ce n'est pas bon pour Air France, pour l'image de la compagnie, ce qui est en train de se passer laissera des traces'".

Effectivement, l'image du DRH d'Air France torse nu restera dans les mémoires. Mais s'il veut des sanctions, Xavier Broseta ne veut pas pour autant "rester bloqué sur ce truc-là". "Ce dont j'ai envie maintenant, c'est de regarder vers l'avenir". Les négociations avec le personnel au sol devraient reprendre début novembre.