Attentats de Paris : où les djihadistes vont-ils être enterrés ?
[Mis à jour le 26 novembre 2015, 23H50] Où seront inhumées les dépouilles des terroristes auteurs des attentats de Paris et du Stade de France ainsi que les autres tués dans l'assaut à Saint-Denis ? Comme pour Merah en 2012, Coulibaly et les frères Kouachi en début d'année, la délicate question de l'enterrement des djihadistes se pose à nouveau, treize jours après les attentats de Paris et Saint-Denis. Cela représente dix corps à inhumer. Dans la foi musulmane, c'est l'inhumation qui est la règle et selon la loi, "la sépulture dans un cimetière d'une commune est due aux personnes décédées sur son territoire, quel que soit leur domicile". Or, le gouvernement cherche à éviter que les sépultures deviennent des lieux de pélerinage ou d'hommage pour d'autres djihadistes.
L'article L2223-3 du code général des collectivités territoriales prévoit trois possibilités pour l'enterrement d'un défunt : le corps peut-être soit inhumé dans la commune où était domiciliée la personne, soit celle où elle est décédée, soit là où la famille possède déjà une sépulture. Ainsi, même si Abdelhamid Abaaoud n'est pas Français, il pourrait être enterré à Saint-Denis, où il a été tué, comme sa cousine, Hasna Aït Boulahcen. Elle pourrait également être inhumée à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) où elle est née, ainsi qu'à Aulnay-sous-Bois, où elle vivait avec sa mère.
Ismaïl Omar Mostefaï (né à Courcouronnes et résidant à Chartres) et Samy Amimour (qui vivait à Drancy) devraient eux aussi être enterrés en France puisqu'ils étaient Français et résidents en France. Brahim Abdeslam et Bilal Hadfi, résidaient en Belgique mais étaient de nationalité française, ils pourront donc être enterrés dans l'un des deux pays, qui devront rapidement se mettre d'accord. L'identité de deux des kamikazes du Stade de France n'étant toujours pas connue, la question de leur enterrement ne se pose pas encore.
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La ville de Paris n'a pour l'instant reçu aucune demande d'inhumation concernant l'un de ses cimetières parisiens mais l'entourage d'Anne Hidalgo, la maire de Paris, a fait savoir qu'elle ne s'opposerait pas à la loi. Les villes peuvent cependant s'y opposer en invoquant un risque de troubles à l'ordre public et demander à la préfecture de trancher, comme à Toulouse en 2012 pour l'enterrement de Mohamed Merah. Nicolas Sarkozy était intervenu et avait décrété qu'il devait être enterré sans polémique.
Amedy Coulibaly, qui a tué cinq personnes à Montrouge et à Porte de Vincennes, a été enterré à Thiais dans le Val-de-Marne. Le Mali, dont était originaire la famille d'Amedy Coulibaly, avait refusé le transfert de sa dépouille. Les frères Kouachi ont eux aussi été inhumés en toute discrétion, de nuit et sous surveillance policière. Saïd Kouachi a été enterré à Reims, la ville dans laquelle il résidait, tandis que son frère Chérif avait lui aussi été inhumé de nuit à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, où il vivait.
Dans les cas des attentats du 11 septembre à New York, "ils ont fini en cendres, comme leurs victimes dans les tours du World Trade Center. Il existe toujours une polémique car les familles des victimes ne veulent pas que les cendres des bourreaux soient mêlées à celles de leurs victimes. Les cendres ont été mises dans un dépôt, puis soumises à élimination, séparation, authentification", explique Riva Kastoryano, chercheuse à Sciences Po et auteur de l'essai "Que faire des corps des djihadistes".
Le corps d'Oussama Ben Laden a été immergé en mer, après une cérémonie dans le respect des rites musulmans. Son corps a été préparé selon les rites musulmans, lavé et enveloppé dans un drap blanc. Puis il a été glissé dans un sac lesté. "Un officier militaire a lu un discours funèbre traduit en arabe. Puis, le corps a été placé sur une planche et on l'a fait glisser dans la mer", a raconté un militaire présent.