Avion écrasé en Egypte : un attentat ? L'hypothèse de la bombe
[Mis à jour le jeudi 19 mai 2016 à 15h13] Le contexte de tensions terroristes en Egypte, en Lybie et dans toute la région, mais aussi les derniers événements survenus à Paris et à Bruxelles, donnent à l'enquête qui a débuté une dimension particulière de fortes suspicions quant à une attaque terroriste sur l'avion A320 d'Egyptair. L'hypothèse d'un attentat est dans tous les esprits des experts, même si aucune piste ne doit être écartée pour le moment. Selon Pannos Kaménos, le ministre grec de la Défense, l'avion a chuté de 15 000 pieds (soit 6 700 mètres d'altitude) cette nuit, "en faisant deux virages brutaux" alors qu'il se trouvait à 37 000 pieds. L'appareil a "effectué un virage à gauche de 90 degrés, puis à droite de 360 degrés".
Si attentat il y a eu, tout porte à croire qu'il a été commis à bord de l'appareil, la piste du missile paraissant peu crédible. "Au départ de Roissy, l'hypothèse d'une bombe à bord est très difficile mais pas impossible", a fait savoir Gérard Feldzer, consultant aéronautique de France Info. "On ne peut pas non plus exclure une bombe posée lors d'une escale précédente".
Le journaliste Thierry Vigoureux, spécialiste aéronautique du Point, lance sur le site de l'hebdomadaire l'hypothèse de tirs effectués à bord de l'avion par les agents de sécurité. S'ils ont dû faire usage de leurs armes, il est alors possible que la perforation de la carlingue ait pu provoquer une dépressurisation de l'avion. Le fuselage d'un appareil de ce type ne peut pas, en effet, résister aux balles courantes.
"Probablement un attentat" pour les renseignements russes
Dans l'après-midi, la thèse d'un acte terroriste a pris de l'épaisseur. Les renseignements russes (le FSB) ont indiqué que, selon leurs informations, il s'agit "d'un attentat", "selon toutes probabilités". Le ministre égyptien de l'aviation considère désormais que "l'hypothèse d'un acte terroriste est plus probable que celle d'une défaillance technique".
Le 31 octobre dernier, une bombe avait explosé à bord d'un avion transportant à son bord de nombreux touristes russes. L'appareil venait alors de décoller de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le sud sud-est de l'Egypte. Les 224 passagers avaient trouvé la mort.
Une bombe dans l'avion posée à Paris-Roissy ?
L'hypothèse de l'intrusion d'explosifs dans l'appareil au sol est évoquée ce matin. "C'est malheureusement toujours possible. Un aéroport, c'est comme une ville, vous ne savez pas tout. Il est toujours possible de faire entrer des explosifs dans un aéroport", assure un autre expert sur France Info. Une procédure de vérifications a été lancée dans la matinée à Paris Roissy. Un haut-fonctionnaire de l'aéroport indique au Figaro ce jeudi que "dans l'hypothèse d'un acte terroriste, c'est un problème de contrôle de bagages, de criblage des listes de passagers. Tout va être alors être regardé par la gendarmerie du transport aérien. [...] Les enquêteurs vont inévitablement s'intéresser au personnel de piste, pour être bien certains qu'il n'y avait pas parmi ces employés un profil à risques".
Hollande évoque l'hypothèse terroriste
François Hollande l'a redit vers 12h30 en conférence de presse, "aucune hypothèse n'est écartée". "Nous avons le devoir de tout connaître sur les causes, les raisons qui expliquent ce qui s'est produit. J'ai donc voulu que tout soit mis à disposition des autorités grecques et égyptiennes [...] que nous puissions envoyer bateaux et avions, et retrouver autant que possible des débris qui nous permettent de connaître la vérité. [...] Que ce soit un accident ou une autre hypothèse que chacun a à l'esprit – une hypothèse terroriste – nous devons à ce stade rechercher les causes de la catastrophe".
L'avion était probablement suivi par des radars militaires, en plus des radars civils. La disparition de l'appareil, survenue brutalement, sans aucun message d'alerte de la part de l'équipage, est la principale information permettant aux experts d'établir les premières hypothèses. "L'avion, qui datait de 2003, l'équipage expérimenté avec un pilote qui avait plus de 6000 heures de vol, l'expérience de la compagnie... tout cela semble éloigner l'erreur de pilotage ou l'incident mécanique", assure Gérard Feldzer, consultant transport, au Parisien. "Vu les éléments dont nous disposons, l'hypothèse d'un attentat est privilégiée. [...] On peut privilégier une bombe à bord, même si on ne peut être sûr actuellement à 100 %".
Le ministre égyptien de l'Aviation civile, Cherif Fathy, demeure lui-aussi très prudent : "Nous ne connaissons pas encore les causes de la perte de l'avion. Nous allons fournir aux familles toutes les informations en notre possession". L'homme a également évoqué la possibilité d'un "acte terroriste", "sans certitude". Le ministre a également que les familles des victimes françaises seraient accueillies par l'Egypte : "Nous leur avons réservé des chambres d'hôtel afin qu'elles puissent venir à l'aéroport. Elles seront logées à nos frais. [...] Toutes ces personnes seront accompagnées par du personnel spécialisé, nous ferons tout ce que nous pourrons pour rendre ce séjour le moins douloureux possible".
La France participera à l'enquête
Manuel Valls a assuré ce matin sur RTL qu'"il faut être prudent, aucune hypothèse ne peut être écartée". Le Premier ministre indique par ailleurs que "les autorités égyptiennes ont déjà dépêché des équipes de reconnaissance aérienne sur place. La France est prête à participer aux recherches si les autorités égyptiennes le demandent".
Selon l'aviation civile grecque qui a été interrogé ce matin par l'AFP, l'avion de la compagnie EgyptAir s'est écrasé en mer, "alors qu'il se trouvait dans l'espace aérien égyptien". L'appareil a disparu des radars ce jeudi 19 mai matin à 3h29, heure locale et s'est écrasé en mer, très probablement au large de l'île de Karpathos. Les informations collectées sur le terrain sont communiquées directement par l'ambassade de France au Caire, mais la diplomatie française ne donne encore aucune donnée sur le lieu précis du crash, ni sur les premières hypothèses sur les causes qui ont provoqué la disparition de l'appareil.
Si l'appareil est tombé dans les eaux internationales grecques, la Grèce devrait être en charge de l'enquête, mais les services français et égyptiens seront associés aux recherches.
En vidéo - La thèse de l'attentat n'est pas exclue :
D'ores et déjà, la machine à spéculation est lancée. L'aéroport de Roissy, d'où l'avion est parti hier soir, assure qu'aucun dispositif particulier n'avait été déployé pour ce vol, même si Charles-de-Gaulle est actuellement en alerte attentats. Le crash de l'avion Egyptair Paris-Le Caire a-t-il été provoqué par une intention terroriste ? "Les Forces armées égyptiennes affirment qu'elles n'ont reçu aucun message de détresse en provenance de ce vol". A bord, trois officiers de sécurité étaient présents, "une procédure habituelle s'agissant des avions d'EgyptAir", a affirmé ce matin le ministre français des Transports, Alain Vidalies. EgyptAir a fait savoir que l'appareil était conduit par deux pilotes expérimentés.
Un attentat ? La piste Daesh probable
Le fait qu'aucun message n'ait alerté l'aviation civile française ou égyptienne pourrait signifier que l'équipage ait été surpris. "Un problème technique d'habitude, ne produit pas l'accident instantanément et l'équipage a le temps de réagir", a expliqué ce matin Jean-Paul Troadec, l'ancien directeur du Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (BEA) sur Europe 1. "Il s'agit très probablement d'un événement brutal et on peut penser effectivement à un attentat. A cette heure ci, si c'était simplement une panne du radar ou du transpondeur de l'avion", a-t-il ajouté.
Les enregistreurs de vol devraient être récupérés dans les 48 heures. Selon les premières expertises et compte tenu des premiers éléments d'informations, il est presque impossible que l'appareil ait été abattu par un projectile envoyé depuis le sol grec. En revanche, l'hypothèse de la présence d'une bombe à bord de l'avion d'EgyptAir n'est pas écartée. Sur Internet, certains sites d'informations, comme le controversé média AwdNews, annoncent déjà une revendication de Daesh, mais aucun communiqué officiel n'a été diffusé en ligne pour le moment.
A bord de l'avion A320 d'EgyptAir étaient présents 15 Français, 30 Egyptiens, 1 britannique, 1 Belge, 2 Irakiens.