Bamboula : le policier s'excuse, Taubira s'indigne

Bamboula : le policier s'excuse, Taubira s'indigne Le responsable syndical policier Luc Poignant a relativisé la portée de propos racistes en direct sur France 5. Il a présenté ses excuses.

[Mis à jour le 10 février 2017 à 17h10] L'intéressé a fini par s'excuser, mais l'affaire a pris des proportions considérables ce vendredi, en pleine affaire Théo, qui cristallise les tensions dans les quartiers. Alors qu'il était sur le plateau de C dans l'air ce jeudi, Luc Poignant, chargé de communication du syndicat policier Unité SGP, tentait de défendre sa profession face aux accusations de racisme émanant des banlieues. Face au témoignage d'une jeune fille qui estimait se faire "contrôler" et "traiter de 'bamboula'" et même "cracher dessus.", le syndicaliste avait déclaré que le mot, "bamboula" restait encore "à peu près convenable"... Face au tollé provoqué par ces propos, Luc Poignant a présenté des excuses dès hier, via la station RTL. 

"On regrette à partir du moment où l'on peut blesser des gens", a-t-il expliqué, assurant que la provocation n'était "absolument pas [s]on état d'esprit et absolument pas l'état d'esprit" du syndicat. "Si on veut renouer les liens, ce n'est certainement pas en s'invectivant. Bien au contraire ". Trop tard ? Ce vendredi, la polémique s'est poursuivie. Le numéro un de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly, maison mère de SGP Police, a  condamné les propos de Luc Poignant, les jugeant "pas acceptables". Le ministre de l'Intérieur lui-même, Bruno Le Roux, a fustigé sur Europe 1 "des propos absolument inadmissible". "Je n'autoriserai aucune forme de racisme", a-t-il lâché. Mais c'est sans doute la réaction de l'ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui a été la plus remarquée. Sur son compte Twitter, celle qui soutient Benoît Hamon pour la présidentielle 2017 a écrit : "On casse d'abord du bamboula puis du bougnoul puis du jeune puis du travailleur puis du tout venant".

Un dérapage incontrôlé dans C dans l'air (France 5)

Mais qu s'est-il passé sur le plateau de pour qu'un syndicaliste de la police puisse considérer qu'une insulte raciste pouvait être "à peu près convenable ?". Durant l'émission C dans l'air hier, la journaliste Caroline Roux interrogeait Luc Poignant sur les  témoignages de certains habitants des cités face à certains comportements manifestement condamnables de policiers. Après un reportage enchaînant des accusations accablantes pour les policiers, le syndicaliste, visiblement agacé par ce qu'il venait d'entendre, a décidé de couper la journaliste :

"Mais la version, j'ai la même", a-t-il déclaré. Et de répondre que ces insultes n'existaient que parce que les agents des forces de l'ordre étaient eux-mêmes victimes d'injures : "Parce que les mots, "bamboula" - d'accord, ça ne doit pas se dire, et cetera - mais ça reste encore à peu près convenable...". Immédiatement, Luc Poignant sera coupé par Caroline Roux, mais défendra son propos : "Bah, enculé de flic, c'est pas convenable non plus !"