Mathilde Edey Gamassou : la Jeanne d'Arc métisse comparée à un singe

Mathilde Edey Gamassou : la Jeanne d'Arc métisse comparée à un singe JEANNE D'ARC - Désignée pour incarner la pucelle d'Orléans lors des prochaines fêtes johanniques, Mathilde Edey Gamassou fait l'objet de propos racistes sur les réseaux sociaux. Une enquête préliminaire a été ouverte.

[Mis à jour le 23 février 2018 à 16h49] Elue parmi 250 candidates, Mathilde Edey Gamassou incarnera Jeanne d'Arc du 28 avril au 8 mai prochains, lors des fêtes johanniques à Orléans, célébration annuelle de la levée du siège de la cité orléanaise en avril 1429 pendant la guerre de Cent Ans. La jeune femme de 17 ans d'origine béninoise et polonaise, aujourd'hui en première, possédait toutes les qualités requises pour être désignée : être catholique pratiquante, habiter Orléans depuis au moins 10 ans, être scolarisée dans un lycée de la ville et donner bénévolement du temps aux autres.

"Depardieu pour incarner Mandela", "réécriture de l'histoire de France"

Mais le fait que Mathilde Gamassou soit métisse, une première dans ce cas-là, n'a pas plu à tout le monde et a entraîné la publication de nombreux messages à caractère raciste."Réécriture de l'histoire de France", "forçage de l'idéologie multiculturaliste", dénoncent certains sur les réseaux sociaux, quand d'autres ironisent et évoquent "Depardieu pour interpréter Mandela".

Des sites internet d'obédience d'extrême-droite ont même parlé d'"une propagande pro-métissage", ou d'un "début d'une tentative de transformer l'Histoire en un récit où ce seront les Arabes et les Noirs qui ont fait l'Histoire de France depuis les débuts". En réponse à ces positionnements douteux, Bénédicte Baranger, présidente du comité Jeanne d'Arc, s'est dite "triste de penser que ce choix puisse susciter la moindre récupération" à l'AFP. Elle ajoute que Mathilde Edey Gamassou "a été choisie pour ce qu'elle est, une personnalité intéressante et un esprit bien fait".

Mathilde Gamassou comparée à un singe, une enquête ouverte

Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a également apporté son soutien à Mathilde Gamassou, en déclarant sur son compte Twitter que "la haine raciste de la fachosphère n'a pas sa place dans la République française". Une histoire qui pourrait ne pas en rester là puisqu'une enquête préliminaire a été ouverte par le procureur de la République d'Orléans pour "provocation publique à la discrimination et la haine raciale".

Cette procédure pénale a été opérée suite à la publication de deux tweets nauséabonds : l'un comparait Mathilde Gamassou à un babouin et l'autre, en réponse au premier, affichait une photo de bananes. Le procureur a indiqué mettre tout en oeuvre pour "identifier les auteurs de ces tweets qui relèvent clairement de l'application de la loi pénale" et pour lesquels ils risquent jusqu'à cinq ans de prison.