Jonathann Daval : proche de Guy Georges, sa vie en prison racontée par sa mère

Jonathann Daval : proche de Guy Georges, sa vie en prison racontée par sa mère DAVAL. Sur les ondes de RTL, jeudi 17 novembre, la mère de Jonathann Daval s'est laissée aller à quelques petites confidences sur la vie en prison de son fils, et notamment sur sa relation avec le tueur en série Guy Georges.

[Mis à jour le 18 novembre 2022 à 17h07] En prison depuis cinq ans pour le meurtre de sa femme Alexia Daval, Jonathann Daval, condamné à passer 25 ans derrière les barreaux, purge sa peine aux côtés de plusieurs grands noms qui ont marqué la rubrique faits divers ces dernières décennies. Incarcéré à la maison centrale d'Ensisheim, dans le Haut-Rhin, Jonathann Daval partage la même prison que les tueurs en série Francis Heaulme, Patrice Alègre et Guy Georges, ainsi que le tueur pédocriminel Nordahl Lelandais, jugé coupable dans l'affaire Maëlys.

Invitée sur les ondes de RTL, jeudi 17 novembre, la mère de Jonathann Daval, qui sortait ce jour-là son livre intitulé Moi, maman de Jonathann, paru aux éditions Michalon, est revenue sur l'incarcération de son fils, à qui elle rend régulièrement visite. "On s'y rend tous les 15 jours. C'est une routine, c'est notre nouvelle vie. J'ai besoin de le voir et lui a besoin de nous voir", a-t-elle confié, assurant : "Je serai toujours présente pour Jonathann. Je ne peux pas renier mon enfant, même si c'est un criminel."

Mais ce sont ses déclarations sur les autres cohabitants célèbres de la prison où se trouve Jonathann Daval qui ont particulièrement retenu l'attention. Affirmant "ne pas [être] inquiète du tout" pour son fils, Martine Henry a confié que ce dernier "s'entend très bien avec Guy Georges". Et d'ajouter : "Je ne m'attendais pas à ça." Si le tueur en série, qui a sévi dans les années 90, a "fait des choses très horribles", a-t-elle concédé, celui-ci n'en serait pas moins sympathique avec elle. "Il vient nous dire bonjour, il est très gentil, très poli. Il a sûrement changé en prison parce qu'ils changent tous en prison, ils se calment."

En prison, Jonathann Daval de l'isolement à simple détenu

Pendant un temps, Jonathann Daval a tenté de berner les enquêteurs et la famille d'Alexia. Finalement, quelques indices trouvés à proximité du cadavre avaient finalement pris en étaux le meurtrier, contraint de reconnaître son acte. Placé en détention provisoire le 29 janvier 2018, deux ans avant son procès, le trentenaire a été incarcéré à la maison d'arrêt de Dijon, où il avait été placé à l'isolement dès son arrivée, compte-tenu de sa "notoriété". Bien que coupé des autres détenus, il avait également dû adopter un faux prénom en prison : Jonathan était devenu Kévin. Mais une bourde de l'un de ses avocats avait finalement mis fin au stratagème, comme l'expliquait son principal avocat, Me Randall Schwerdorferr à Gala (cité par Closer).

Un peu plus de trois ans après le début de son incarcération à Dijon, Jonathann Daval a changé d'établissement pénitentiaire. En mai 2021, le meurtrier avait été transféré dans un établissement dit de "transition" situé en Île-de-France, "en vue d'intégrer une maison centrale", comme l'avait raconté l'une de ses avocates, Me Ornella Spatafora, à L'Est républicain. Il a finalement atterri à la maison centrale d'Ensisheim, en Alsace, "célèbre" pour être la prison de Guy Georges, Francis Heaulme, Patrice Alègre ou encore Nordahl Lelandais, mais aussi pour avoir accueilli par le passé Émile Louis ou encore Michel Fourniret.

À présent, Jonathann Daval côtoie à nouveau des détenus, participe aux promenades ainsi qu'à des activités. D'après les confidences de sa mère, le 17 novembre 2022, sur les ondes de RTL, Jonathann Daval "s'entend très bien avec Guy Georges". De son côté, Me Randall Schwerdorffer racontait, début juillet 2022 à Planet, que son désormais ex-client "a pas mal d'activités, il est très impliqué dans les activités manuelles ou autres, il a toujours des contacts fréquents avec sa famille". Toujours à RTL, en novembre 2022, sa mère, Martine Henry, a d'ailleurs confirmé ses dires. "On s'y rend tous les 15 jours. C'est une routine, c'est notre nouvelle vie. J'ai besoin de le voir et lui a besoin de nous voir." Et de détailler : "On entend tout le temps les clés, les portes, il y a plein de monde. C'est très déstabilisant. […] Je serai toujours présente pour Jonathann. Je ne peux pas renier mon enfant, même si c'est un criminel."

Rancœur éternelle des parents d'Alexia Daval

Un lien familial totalement rompu avec la famille d'Alexia. Auteurs d'un livre sorti le 28 octobre 2021, date des quatre ans de la mort de leur fille, les parents de la victime avaient expliqué à Franceinfo ne pas arriver à se relever du drame : "On ne peut pas se réveiller d'un tel cauchemar. On s'endort avec le cauchemar et on se réveille avec le cauchemar. Et ça, c'est tous les jours. On a pris perpétuité." Le pardon, jamais. D'autant plus après les mensonges au début de l'enquête. "Pendant [ces] trois mois, il nous a bien mis sous emprise. Il nous semait des petits cailloux dans nos têtes pour vraiment se faire passer pour innocent et pour se faire aimer de nous et pour être notre fils. Il m'appelait maman quand même pendant les trois mois. Si ce n'est pas de la perversion", racontait Isabelle Fouillot, qui avait enfoncé le clou, fustigeant l'attitude de son ancien gendre : "ce monsieur est indécent. Il a insulté notre chagrin pendant quatre ans, donc c'est trop dur à supporter."

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Mort d'Alexia Daval

La mort d'Alexia Daval a été entourée d'énormément d'interrogations dans les premières semaines ayant suivi la découverte de son corps. La théorie d'une mauvaise rencontre a d'abord été privilégiée, compte tenu du scénario énoncé par Jonathan, selon qui, son épouse était partie faire un jogging, ce fameux samedi 28 octobre 2017.

Mais peu à peu, les enquêteurs se penche sur le jeune homme, en secret, ont mis le doigt sur une personnalité complexe et sur un couple plus problématique qu'en apparence. Ils finissent par interpeller Jonathan, fin janvier 2018, avant que ce dernier ne livre une première partie de ses aveux. Il avoue avoir provoqué la mort d'Alexia, mais involontairement, à la suite d'une dispute lors de laquelle il aurait étranglé la jeune femme. Cette version est conforme aux éléments du dossier, lesquels pointent une mort par asphyxie de la jeune banquière de Gray. A ce moment-là, Jonathan nie, en revanche, avoir mis feu à la dépouille.

Quelques mois plus tard, nouveau revirement : l'informaticien trentenaire se dit à nouveau innocent. Il accuse alors sa belle-famille d'avoir fomenté un complot familial visant à cacher la mort d'Alexia, qui aurait été occasionné lors du diner du vendredi 27 octobre 2017, lors duquel son épouse serait entrée dans une grande phase de colère, puis tuée par son beau-frère Grégory Gay. Ce nouveau mensonge dura quelques semaines, jusqu'à la confrontation de Jonathan face à sa belle-famille.

Devant la mère d'Alexia, Isabelle Fouillot, en larmes et à genoux, il avoue finalement bien être le responsable de la mort d'Alexia, revenant ainsi à sa version initiale. Reste malgré tout la question de la crémation du corps, qu'il n'explique toujours pas aux enquêteurs, laissant la place à l'existence d'une complicité. Ce ne sera qu'en juin 2019, lors de la reconstitution des faits, que Jonathan Daval avoua avoir mis feu à la dépouille d'Alexia, là-même où il avait déposé le corps, dans un bois en bordure de Gray.

Une dernière soirée ordinaire et une mise en scène machiavélique de Jonathan Daval

Dans une interview accordée au Parisien le 28 octobre 2021, les parents s'étaient longuement confiés, retraçant notamment la dernière soirée avant la mort d'Alexia. "Il était assis dans ce canapé, toujours très prévenant, occupé à servir l'apéritif. Il est simplement arrivé un peu en retard. Moi, j'ai fermé le bar un peu plus tôt que d'habitude pour retrouver mes filles et ma famille, et je suis tout content de cette soirée qui s'annonce" expliquait le père d'Alexia. "Tout se passe comme d'habitude, dans un climat très naturel. Nous ne remarquons absolument rien, aucune animosité entre Jonathan et Alexia, tout ce qu'il y a de plus normal" expliquait de son côté Isabelle Fouillot.

Le lendemain du meurtre, les parents racontaient que Jonathan s'était rendu au domicile, en panique, en train de pleurer : "je le calme, lui demande ce qui se passe. Il me répond qu'Alexia est partie courir et qu'elle n'est pas rentrée. Je regarde l'heure, lui dis qu'elle doit discuter avec quelqu'un, qu'il ne faut pas s'inquiéter. Mais Jonathan est persuadé qu'il lui est arrivé quelque chose. À ce moment-là, Stéphanie (leur fille aînée) voit qu'elle a un message de sa sœur envoyé un peu plus tôt. Elle la prévient qu'elle part courir et qu'elle viendra peut-être faire un bisou (un message envoyé par Jonathan NDLR)."

Le couple a également raconté que Jonathan Daval venait manger tous les soirs après la découverte du corps dans les bois. Surtout, lors des obsèques, ils cherchaient à le consoler, alors qu'il était coupable. "Il fait sa petite vie chez lui, mais vient manger tous les soirs. Nous, on ne veut pas qu'il souffre dans son coin, alors qu'en fait, il est déjà en train de se reconstruire. Huit jours après la mort d'Alexia, il va à la bibliothèque rendre ses livres, passe des soirées à Dijon ou à l'anniversaire d'un copain, part courir un marathon dans le Jura… Et, dans le même temps, il nous dit qu'on sera toujours chez nous dans la maison où notre fille a été tuée. Tu parles ! Ma maison d'enfance…" s'emportait la mère d'Alexia. "On s'interdit presque d'avoir nous-mêmes de la peine et du chagrin afin de le consoler lui, c'est fou !" ajoutait le père.