Affaire Adama Traoré : pourquoi une nouvelle expertise a été décidée

Affaire Adama Traoré : pourquoi une nouvelle expertise a été décidée Ce vendredi, les juges en charge de l'affaire Traoré ont requis une "une nouvelle expertise médicale". Celle-ci devra déterminer, entre autres, l'origine du "syndrome asphyxique" constaté lors de l'autopsie du corps d'Adama Traoré.

Les juges d'instruction en charge de l'affaire Adama Traoré - décédé après son interpellation par trois gendarmes en 2016 - ont "demandé [ce vendredi 10 juillet 2020] une nouvelle expertise médicale". Cette requête fait "suite à l'audition" par les juges "du témoin chez qui Adama Traoré s'était réfugié, [les magistrats enquêteurs] ont décidé, par ordonnance de procéder à une nouvelle mesure d'expertise médicale confiée à des médecins belges", ont salué dans un communiqué Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik, avocats des gendarmes. Selon eux, le "choix de médecins internationaux" est "de nature à réduire la pression médiatique entretenue par la communication tous azimuts des parties civiles" et permet "un déroulement serein des opérations d'expertise."

En revanche, cette décision est largement décriée par la partie civile. "Après avoir sélectionné des médecins français incompétents, les juges d'instruction sont allés chercher des médecins belges incompétents - aucun d'entre eux n'est véritablement spécialiste des pathologies en cause dans le dossier", a estimé Me Yassine Bouzrou, l'avocat des parties civiles, qui a évoqué une "technique qui consiste à faire traîner en longueur la procédure judiciaire." 

Cette expertise devra, entre autres, donner une explication à l'hyperthermie relevée sur le corps d'Adama Traoré deux heures après sa mort et déterminer l'origine du "syndrome asphyxique" constaté par les médecins légistes. Pour les autorités, le décès a été causé par une maladie génétique, la drépanocytose, associée à une pathologie rare, la sarcoïdose. Depuis 2016, la famille du défunt met en cause "le plaquage ventral des gendarmes". 

Adama Traoré : résumé de l'affaire

Adama Traoré est décédé le 19 juillet 2016, dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), au terme d'une course-poursuite et après avoir échappé à une première interpellation un jour de canicule. Alors que la responsabilité des autorités était jusqu'à présent écartée, une nouvelle expertise, réalisée à la demande de la famille d'Adama Traoré, a mis en cause les gendarmes dans la mort du jeune homme. Ce rapport médical a été dévoilé quelques jours après une ultime expertise ordonnée par les juges d'instruction en charge de cette affaire sensible et qui mettait hors de cause les forces de l'ordre. Depuis, aux expertises judiciaires qui écartent la responsabilité des gendarmes répondent celles, commandées par la famille, qui balayent leurs conclusions. La dernière expertise ordonnée par les magistrats écartait la responsabilité des forces de l'ordre en attribuant la mort à un "oedème cardiogénique" lié à l'état de santé d'Adama Traoré.