Charlie Hebdo : les réactions contrastées aux caricatures republiées

Charlie Hebdo : les réactions contrastées aux caricatures republiées Le procès des attentats de janvier 2015 s'ouvre ce mercredi 2 septembre au tribunal à Paris, près de la porte de Clichy. La rédaction de Charlie Hebdo a profité de cet événement pour republier ses anciennes caricatures mettant en scène le Prophète Mahomet.

"Tout ça pour ça" titre sur sa "une" Charlie Hebdo ce mercredi 2 septembre, date d'ouverture du procès des attentats de janvier 2015. Treize dessins apparaissant sur la couverture, sur fond noir, ont été republiés. Douze d'entre eux sont apparus pour la première fois en kiosque en 2005, dans le quotidien Jyllands-Posten, édité au Danemark. Charlie Hebdo avait repris ces caricatures du Prophète pour les publier l'année suivante. L'une d'elles présente Mahomet avec une bombe en guise de turban. Le treizième dessin provient de la plume de Cabu, tué lors des attentats par Chérif et Said Kouachi. On peut apercevoir le Prophète en train de pleurer, en disant que "c'est dur d'être aimé par des cons".

Une couverture qui prend sens pour le journal satirique

Les journalistes de Charlie Hebdo ont tenu à mettre en avant ces caricatures à l'occasion de cet événement particulier et exceptionnel. "On nous a souvent demandé depuis janvier 2015 de produire d'autres caricatures de Mahomet. Nous nous y sommes toujours refusés, non pas que cela soit interdit, la loi nous y autorise, mais parce qu'il fallait une bonne raison de le faire, une raison qui ait un sens et qui apporte quelque chose au débat. Reproduire cette semaine de l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015 ces caricatures nous a alors semblé indispensable."

La dernière apparition du Prophète en "une" de l'hebdomadaire satirique remonte au mercredi 14 janvier 2015, soit une semaine après les attentats à Charlie Hebdo. "Tout est pardonné" pouvait-on lire en haut de la "une". Mahomet apparaissait quant à lui sur un fond vert avec une pancarte "Je suis Charlie".

Des réactions divergentes sur cette "une"

La révélation de la couverture du journal mardi 1er septembre continue de faire couler de l'encre, à tous les niveaux. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères du Pakistan, a annoncé sur Twitter que le pays "condamnait fermement la décision du journal français, Charlie Hebdo, de republier des caricatures très offensantes du Saint Prophète Mahomet".

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a déclaré à nos confrères de l'AFP que "les caricatures nous avons appris à les ignorer et nous appelons à garder cette attitude en toute circonstance". Il ajoute que "la liberté de caricaturer est garantie pour tous, la liberté d'aimer ou de ne pas aimer [ces caricatures, NDLR] également. Rien ne saurait justifier la violence". Emmanuel Macron a quant à lui réagi depuis le Liban où il était en déplacement, pour affirmer que la liberté de blasphémer devait être défendue en France, que "la caricature n'est pas un discours de haine". Le chef de l'Etat a également ajouté qu'"un président de la République en France n'a jamais à qualifier un choix éditorial d'un journaliste ou d'une rédaction, jamais". "Parce qu'il y a une liberté de la presse", a-t-il ajouté.

La réouverture du procès a mis en lumière la survivance d'un esprit Charlie, d'unité, sans doute moins présent qu'auparavant. Sur Twitter, près de 7600 tweets ont été envoyés avec le #JeNeSuisPasCharlie ce mercredi 2 septembre. Certains internautes s'indignent des publications de Charlie Hebdo, tandis que d'autres sont outrés par l'existence même de cet hashtag.