Cergy : l'auteur de l'agression interpellé, le restaurant le Brasco fermé 7 jours

Moins de 24h après l'agression raciste qui a secoué la ville de Cergy dans le Val d'Oise, l'auteur des faits a été interpellé à Paris.
[Mis à jour le 1er juin 2021 à 14h41] Selon une information du Parisien, confirmée également par BFM TV, l'auteur de l'agression raciste a été interpellé à Paris en tout début d'après midi. Toujours selon le quotidien, l'homme qui ne travaille pas, semblait naviguer entre Paris, Herblay et Argenteuil. D'après une source proche de l'enquête, le suspect était suivi par les policiers grâce à la géolocalisation de son téléphone portable.
Hier soir, sur l'antenne de BFM TV, le livreur victime de l'agression raciste témoignait en relatant les faits. "J'ai reçu une commande. Je suis arrivé au resto 'Brasco' prendre la commande pour aller livrer au client. En attendant d'être servi, il écoute de la musique sur son enceinte. "En sortant du resto, un mec vient me voir et me dit: 'Éteignez votre musique. Par gentillesse, je descends le volume de mon enceinte. Ça lui suffisait pas. Il a dit : 'Il faut descendre'. J'ai refusé." Menacé, le livreur explique lui avoir dit 'J'ai pas peur de toi' en expliquant ne pas vouloir de cette histoire de bagarre." À ce moment, toujours selon le récit du livreur, l'altercation monte d'un cran. "Casse toi. (...) Je te donne trente secondes pour te casser" réclame l'auteur de l'agression. "En retournant, il m'a donné un coup de poing. Après, je me suis retrouvé par terre", mime-t-il sur BFM TV. "Ses potes, ils étaient à côté. Ils n'ont rien fait. Il est venu sur moi. Il commence à me tabasser. J'ai dit : 'Au secours, au secours'." "Il y a une dame là-haut, c'est elle qui a alerté la police" explique le livreur.
Sur décision de la préfecture du Val d'Oise, le restaurant le Brasco est fermé 7 jours dans le cadre d'une fermeture administrative. Cette fermeture est surtout pour préserver le restaurateur qui assure ne pas être l'employeur de l'agresseur dans un entretien à TPMP ce 31 mai alors qu'il est accusé par certains témoins du contraire. Dans la vidéo, l'homme affirme également qu'il "travaille ici".
"Il ne travaille pas dans mon restaurant"
— TPMP (@TPMP) May 31, 2021
Zoubir, patron du restaurant "Brasco", où s'est déroulée l'agression raciste d'un livreur à Cergy, témoigne dans #TPMP. pic.twitter.com/AHmiQBHVWm
Une vidéo montrant explicitement l'agresseur
Dans la vidéo de plusieurs minutes, on entend très clairement l'agresseur tenir des propos racistes à l'encontre d'un livreur et de la personne filmant l'incident, notamment : "Espèce de sale noir, personne te touche même avec un bâton (sic)".
Nous avons pris connaissance des images choquantes et des propos racistes liés à l'agression d'un livreur hier, dimanche, à #cergy. Notre commission juridique étudie sans attendre les éléments du dossier et agira en conséquence. pic.twitter.com/Micfr0uZCT
— Licra (@_LICRA_) May 31, 2021
La police ouvre une enquête judiciaire
La vidéo filmée par une voisine ne laisse aucun doute sur la teneur raciste des propos haineux et des insultes de l'agresseur , mais elle permet également de l'identifier. L'agresseur porte une capuche pendant les premières secondes de la vidéo la retire lorsqu'il est mis au défit par l'auteure de la vidéo d'arrêter de se cacher. Le jeune homme a poursuivi son discours à visage découvert : "il est tombé dans le panneau, il a montré son visage", explique la voisine. Les forces de l'ordre pense avoir identifié le suspect selon les informations d'un policier présent sur place en début d'après-midi. La police nationale a d'ailleurs ouvert une enquête judiciaire.
Suite aux menaces et injures proférées hier soir à Cergy, repris sur un certain nombre de réseaux sociaux, nous ouvrons une enquête judiciaire d'initiative pour identifier l'auteur et établir les faits.
— Police Nationale 95 (@PoliceNat95) May 31, 2021
Le Brasco a réagi à la diffusion des insultes racistes
L'établissement devant lequel s'est tenue cette agression a également posté un message public sur les réseaux sociaux. "Suite à l'incident survenu hier soir sur le parvis, nous tenons à préciser qu'il ne s'agit absolument pas d'un de nos employés mais d'un livreur Uber Eats. Le restaurant Brasco n'a aucun livreur en direct et passe par des plateformes qui visiblement ne vérifie pas le profil de leurs employés", a fait savoir le restaurant, ajoutant : "Nous allons porter plainte dans la matinée afin de faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Nous sommes tout aussi choqués que vous et condamnons fermement ce genre de propos qui va l'encontre de la philosophie de notre restaurant. Nous espérons que le nécessaire sera fait afin que cela ne se reproduise plus".
Le gérant du restaurant pris pour cible
"Je travaille ici, j'habite ici", a lancé l'agresseur à la jeune femme qui filmait la scène depuis son balcon. Quelques mots ambigus qui ont suffit à faire croire aux internautes que l'auteur des insultes travaillait à Brasco, le restaurant devant lequel la scène s'est passée. Ce matin, au lendemain des faits, un groupe de trois personnes s'est rendu dans l'établissement pour retrouver l'agresseur. Ils ont rapidement été rejoints, créant un rassemblement d'une quinzaine de personnes autour du patron du restaurant. Le gérant a peiné à expliquer qu'il n'employait pas l'agresseur raciste, la présence d'un de ses salariés, noir, a donné du crédit à ses propos mais n'a pas convaincu le groupe de jeunes qui a exigé de voir les vidéos de surveillance selon le Parisien.
Le patron n'ayant pas encore eu l'occasion de voir les images a répété sa version des faits : "Il y a quatre personnes qui sont passées vers 22h30 et qui voulaient manger. Comme on ferme à 21 heures, on les a refusées. Après, c'est parti en cacahuète et ils ont tapé un livreur Uber Eats qui attendait". Apparemment étranger à l'agression, le restaurateur est tout de même devenu la cible de menaces de mort et d'insultes sur les réseaux sociaux, les attaques verbales se retrouvent jusque dans sa boîte mail. Il a déposé plainte auprès de la police.