Coupure d'électricité : les prévisions aujourd'hui et dans les prochains jours

Coupure d'électricité : les prévisions aujourd'hui et dans les prochains jours COUPURE DE COURANT. Le risque de coupure d'électricité en France, jugé très important fin 2022, s'est finalement estompé totalement cet hiver 2023. Aucun signal EcoWatt orange ou rouge n'a été émis par RTE, le gestionnaire du réseau, principalement grâce à une forte baisse de la consommation...

Les coupures de courant auront finalement été évitées lors de l'hiver 2022-2023. Après la panique provoquée début décembre par un plan de délestages du gouvernement, visant à prévenir les pénuries d'électricité lors des journées les plus froides de l'année, la situation s'est finalement améliorée en janvier et février 2023, écartant tout risque de tension sur le réseau électrique.

Le jeudi 16 mars 2023, dans son bilan de l'hiver 2022-2023, Réseau de transport d'électricité (RTE) a indiqué que "davantage que la météo - un hiver relativement doux avec quelques périodes de froid marquées - c'est bien la forte baisse de consommation d'électricité française et les imports depuis les voisins européens qui ont permis d'éviter l'émission de signaux EcoWatt cet hiver – repoussant le risque de coupures". Ce risque de coupures aurait pu être relativement élevé sans ces deux facteurs, avec "jusqu'à 12 signaux EcoWatt 'rouges'" possiblement émis, "dans la pire situation". 

Pour l'hiver 2023-2024, même si la situation s'annonce plus favorable, les prévisions de RTE restent "prudentes". L'électricité ne pouvant être stockée, RTE, en charge du transport et Enedis, chargé de la distribution, doivent en effet coordonner à chaque instant les niveaux de production et de consommation électriques dans le pays.

En plus d'un nouvel outil, EcoWatt, visant à inciter les Français à la sobriété et à les alerter en cas de tensions, RTE fournit à travers la plateforme Eco2Mix des données précieuses, mises à jour en temps réel ou presque, pour établir au quotidien un tableau de bord électrique du pays. Ce dernier a montré une situation très contrastée entre la rentrée septembre et la fin de l'hiver : une France en déficit électrique chronique et donc obligée d'importer chaque jour plusieurs dizaines de milliers de mégawatts depuis l'étranger à l'automne ; une situation plus maîtrisée à partir des fêtes de fin d'année, avec une production d'électricité supérieure à la consommation au quotidien ; puis de nouvelles séquences de déséquilibre à partir de la mi-janvier.

Des coupures d'électricité risquent-elles d'avoir lieu en France aujourd'hui ?

Le principe d'EcoWatt est de déterminer si les capacités de production sont en mesure de répondre à la consommation du moment, ou prévue dans les prochains jours, à l'échelle nationale. De multiples données sont donc prises en compte, comme la consommation en temps réel et la consommation prévue en France, tout comme les capacités maximales de production aux mêmes moments.

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PRECISION : les données du jour et de la veille sont des cumuls réalisées par nos soins depuis le début de la journée à partir des données "temps réel" mises à disposition sur Data.gouv par l'Open Data Réseaux Énergies (ODRÉ), plateforme réunissant les données de GRTgaz, RTE, Teréga et plusieurs autres organismes clés du secteur de l'énergie en France. Les moyennes à la même date ces 5 dernières années sont calculées à partir des données "consolidées" de 2017 à 2021.

Production et consommation par quart d'heure en France

 
Suivez la consommation et la production d'électricité en temps réel et au jour le jour depuis le 15 septembre dans notre tableau de bord détaillé.

Notre tableau de bord de l'électricité en France

Pourquoi les coupures de courant sont redoutées en hiver ?

Des coupures d'électricité ciblées et programmées ont été envisagées dans le cadre d'un plan de délestages, prévu par le gouvernement, en cas de fortes tensions sur le réseau électrique pendant l'hiver 2022-2023. Une circulaire envoyée aux préfets début décembre 2022 en a dévoilé les contours, qui pourraient encore faire foi lors des prochains hivers. En résumé, si la production d'électricité en France et les importations ne sont pas en adéquation avec la consommation aux moments les plus froids de la saison, Enedis, sur demande de RTE, peut couper préventivement des tranches entières du réseau pour éviter le blackout complet. Une panne géante qui, incontrôlée, aurait des conséquences plus graves encore. 

La crainte d'une pénurie d'électricité lors de l'hiver 2022-2023 a été alimentée par une production électrique perturbée depuis l'été par d'importantes opérations de maintenance et des problèmes de corrosion dans les centrales nucléaires françaises. EDF prévoyait ainsi à l'automne qu'une dizaine de réacteurs environ sur les 56 que compte son parc nucléaire seraient toujours débranchés fin janvier 2023 (ils étaient jusqu'à 36 à l'arrêt à la rentrée de septembre) Une prévision respectée puisqu'à la fin janvier seuls 11 réacteurs restaient à relancer.

Un risque qui s'est éloigné depuis décembre

Le gouvernement a donc communiqué dès la rentrée de septembre 2022 sur de possibles coupures d'électricité ou délestages programmés en cas de fortes tensions durant l'hiver. Officiellement, ces coupures ne devaient intervenir qu'en cas d'hiver particulièrement rigoureux et si les écogestes lors des pics de consommation sont insuffisants.

Dès le 18 octobre en conférence de presse, RTE a prévenu que les marges disponibles en hiver seraient réduites et que la "vigilance" serait de mise en hiver jusqu'en 2024. Début décembre, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité a également établi trois scénarios hivernaux précisant le nombre de ces "signaux rouges" selon plusieurs paramètres (consommation et efficacité du plan de sobriété du gouvernement, températures, redémarrage des réacteurs...). Dans le pire scénario, entre 12 et 20 activations étaient envisagées et même entre 20 et 28 si l'hiver s'était montré très froid. Un scénario qui s'est progressivement éloigné.

Le gestionnaire du réseau annonçait en effet le 20 décembre puis le 19 janvier, dans l'actualisation de ses perspectives sur le système électrique en France, un risque "moyen" de tensions jusqu'à la fin de l'hiver, alors qu'il était "élevé" à l'automne. Dans le bilan de l'hiver 2022-2023, finalement publié le 16 mars par RTE, Xavier Piechaczyk, Président du Directoire, s'est réjouit d'un hiver "sans signal EcoWatt, et surtout sans coupure". Selon le rapport "la disponibilité du parc nucléaire a été conforme à la prévision centrale de RTE", mais "l'interconnexion des pays européens a fonctionné de manière particulièrement fluide avec des imports d'électricité ayant pu atteindre 15 GW (conduisant à exclure le scénario dégradé)". Surtout, "la consommation a diminué de manière inédite dès septembre" et "l'hiver a été relativement doux avec quelques périodes de froid marquées, conduisant à éviter d'émettre un signal EcoWatt rouge".

Les efforts des Français en terme de consommation ont été particulièrement soulignés. "La diminution brute de la consommation a été très significative sur la période (d'octobre à février). L'effet de la crise énergétique (signal prix et efforts de sobriété) représente environ les trois quarts de cette baisse, soit environ -9 % par rapport à un hiver aux normales de saison (de l'ordre de 20 TWh)", écrit encore RTE.

Quelles sont les recommandations en cas de pic de consommation ?

L'hiver 2023-2024 pourrait voir revenir les craintes de tensions sur le réseau électrique, RTE maintenant des prévisions plus optimistes tout en rappelant que "la disponibilité du nucléaire reste un facteur clé". Une baisse de la température de 1 degré entraîne statistiquement au niveau national une hausse de la consommation de 2400 mégawatts… Or selon le gestionnaire, une baisse de la consommation de 1 à 5% pourrait déjà suffire à éviter des coupures de courant lors des périodes de tensions sur le réseau électrique.  

Sur le site EcoWatt, RTE détaille les "écogestes" permettant de limiter sa consommation, notamment entre 8h et 13h et entre 18h et 20h, autrement dit quand les Français débutent leur journée et que l'activité économique s'accroit, puis quand les appareils électroménagers sont remis mis en fonctionnement et le chauffage très sollicité le soir, alors que certains salariés sont encore au bureau et que sont mis en route les éclairages publics. Parmi ces "écogestes" : 

  • Réduire autant que possible la température du chauffage
  • Décaler certains usages domestiques (lave-vaisselle, machine à laver, etc.)
  • Modérer l'utilisation des appareils de cuisson (par exemple en évitant les cuissons longues)
  • Eteindre les lumières inutiles
  • Prévoir une programmation spécifique du chauffage (par ex. en réduisant la température de 1°C supplémentaire)
  • Réduire la ventilation au niveau minimum requis
  • Eviter de recharger les véhicules électriques pendant les périodes de tension

Comment les coupures d'électricité pourraient se dérouler ?

Si les "écogestes" des consommateurs s'avéraient insuffisants en période de tension et si la situation l'exigeait, des délestages tournants seraient donc envisagés, autrement dit des coupures d'électricité programmées sur une partie du réseau pendant une période donnée. Selon le plan du gouvernement, c'est Enedis qui devrait se charger de ces délestages, sur alerte de RTE, en agissant sur des tranches entières du réseau. La coupure interviendrait au niveau des postes sources alimentant des quartiers ou des communes entières.

Ces coupures pourraient intervenir "sur une courte période de moins de deux heures", le matin entre 8h et 13h et le soir entre 18h et 20h, soit les heures les plus consommatrices de la journée selon les estimations de RTE. Elles devraient se limiter à une seule coupure par jour, mais pourraient se répéter sur un ou plusieurs jours si nécessaire. Une même adresse ne devrait a priori pas être visée deux fois d'affilée et les coupures ne devraient pas intervenir durant les week-ends. Elles seraient en tout état de cause une solution de dernier recours. Ces modalités ont été confirmées lors du Conseil des ministres du 29 novembre 2022 et précisées dans une circulaire de Matignon aux préfectures début décembre.

Les particuliers informés via une carte sur EcoWatt 

Si elles étaient décidées pendant l'hiver, les coupures d'électricité seraient d'abord annoncées par un signal EcoWatt rouge trois jours à l'avance sur le site et l'application EcoWatt. Une carte des départements concernés serait publiée la veille à 15 heures. Puis à 17 heures, les utilisateurs pourront en théorie vérifier s'ils sont concernés sur le site Monecowatt.fr, dans un espace "Coupures temporaires", où il suffira d'entrer son adresse. Il sera également possible de contacter Enedis via le numéro de dépannage indiqué sur la facture d'électricité. Enedis continuera à suivre la situation et pourra revoir ses plans jusqu'à la fin de la nuit précédente, jusqu'à la dernière minute. Une coupure d'électricité annoncée ne sera donc pas forcément une coupure d'électricité réalisée.

Des baisses de tension peuvent aussi être décidées de manière préventive, autrement dit la réduction de 230 volts à 220 volts du réseau, une mesure quasi indolore pour les ménages selon les autorités. RTE peut aussi lancer un "ordre d'effacement" auprès des centaines de sites industriels dits "électro-intensifs", autrement dit un appel aux entreprises les plus gourmandes à décaler ou réduire l'utilisation de certains appareils ou à s'alimenter avec des sources d'énergie internes. La déconnexion volontaire de clients (moyennant indemnisation) ou l'arrêt de l'approvisionnement en électricité des des 21 sites industriels nationaux les plus "gourmands" sont aussi envisageables.