Tirailleurs sénégalais : combien de ces soldats sont encore en vie ?

Tirailleurs sénégalais : combien de ces soldats sont encore en vie ? Ils seraient entre quarante et quatre-vingts tirailleurs sénégalais encore en vie et à compter de ce mercredi 4 janvier 2023, tous pourraient rejoindre définitivement leur pays d'origine tout en conservant leur pension.

Rares sont les vétérans encore vivants des corps d'infanterie des tirailleurs sénégalais. L'Office des anciens combattants en compte quarante, mais selon la présidente de l'Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais, "un peu moins de quatre-vingts" soldats issus des anciennes colonies françaises sont encore en vie. Ils étaient pourtant des centaines de milliers à avoir combattu dans les rangs de l'armée française lors de différents conflits depuis la Première Guerre mondiale et jusqu'à la dissolution du corps militaire dans les années 1960. Pourtant, le remerciement des soldats n'a pas permis aux tirailleurs sénégalais ou originaires d'autres pays africains, dont la Mauritanie ou le Mali, de rejoindre leur terre, du moins pas définitivement ou alors au prix de leur pension de militaire.

En tant que membre de l'armée française, les hommes avaient bien droit à un minimum vieillesse - aujourd'hui égal à 950€ - mais l'allocation de la pension était conditionnée et les vétérans avaient l'obligation de vivre au moins six mois par an en France pour recevoir leurs droits. Une chose révolue à compter de ce mercredi 4 janvier 2023. Après décision du gouvernement, tous les tirailleurs sénégalais pourront profiter de leur pension tout en rejoignant définitivement leur pays d'origine pour ceux qui le souhaitent, a appris Franceinfo. Le ministère des Solidarités a fait savoir au média qu'une "vingtaine de dossiers" a déjà été validée à ce stade sur les quarante profils de tirailleurs recensés par l'Office des anciens combattants. Les autres vétérans toujours en vie qui ont été mobilisés lors de la guerre d'Indochine (1946-1954) et d'Algérie (1954-1962) devraient bientôt rejoindre cette liste.

Une victoire pour les derniers tirailleurs sénégalais

Alors que les tirailleurs étaient toujours tenus de vivre en France au moins la moitié de l'année depuis la dissolution du corps d'infanterie, les derniers représentants de l'unité militaire se battaient depuis plusieurs années avec l'administration pour vivre leurs dernières années au pays. La décision du gouvernement est donc "un extrême soulagement" selon Aïssata Seck, présidente de l'Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais invitée de BFMTV, le 4 janvier. Mais le combat de ces tirailleurs sénégalais n'est pas encore terminé. L'organisation associative souhaite que les vétérans puissent recevoir la CAF et les pensions d'invalidité tout en résidant à l'année dans leur pays d'origine. Plus encore, les soldats se plaignent d'un manque de reconnaissance traduit par la différence entre le montant de leur pension et celle des vétérans français qui ont mené les mêmes batailles.

Qui sont les tirailleurs sénégalais ?

La possibilité pour les tirailleurs sénégalais de retourner dans leur pays d'origine - comme beaucoup le souhaitaient - est annoncée le jour de la sortie de Tirailleurs, nouveau film de Mathieu Vadepied dans les salles de cinéma. Une double mise en lumière pour les vétérans qui pendant longtemps sont restés dans l'ombre, sans un seul monument aux morts pour honorer leur mémoire. Pourtant, ces soldats engagés volontairement ou de force depuis les anciennes colonies françaises en Afrique étaient des centaines de milliers à être envoyés dans les tranchées : 200 000 sur le front en 14-18, 150 000 pendant le Seconde Guerre mondiale et 60 000 durant la guerre d'Indochine énumère Franceinfo.

C'est en 1857 que les premiers tirailleurs sénégalais rejoignent l'armée française sur décision de Faidherbe, gouverneur du Sénégal, avec l'approbation de Napoléon III. Des hommes venant des pays voisins gagnent ensuite les rangs du corps d'infanterie qui est de "toutes les campagnes coloniales menées par la France" dont l'Indochine et l'Algérie, note le ministère des Armées. Ces soldats jouent également un rôle important dans les deux conflits mondiaux (1914-1918 et 1939-1945) jusqu'à la suppression du corps militaire dans les années 1960. Mais malgré leur rôle, ces hommes sont rarement mentionnés dans les mémoires.