Manifestations du 1er mai : une mobilisation presque record, 406 policiers blessés

MANIFESTATIONS 1ER MAI. Entre 728 000 et 2,3 millions de Français ont manifesté dans les rues le 1er mai contre la réforme des retraites. Une mobilisation historique marquée par de violents affrontements entre casseurs et forces de l'ordre.

Les manifestations du 1er mai étaient annoncées "historiques" par les syndicats, elles l'ont été à plusieurs égards. D'abord par l'unité des syndicats, affichée depuis quatre mois et de nouveau au rendez-vous le lundi 1er. Cela ne s'était plus produit depuis la Fête du Travail de 2009. Ensuite, par la mobilisation, car 728 000 personnes se sont mobilisées selon les chiffres du ministère de l'Intérieur contre 2,3 millions d'après les syndicats.

L'ampleur des mobilisations du 1er mai s'est parfois accompagnée de débordements. Des violences ont notamment étaient vues en marge des cortèges comme à Lyon, Nantes et Paris, mais d'autres villes de taille plus modeste ont également été en proie à des affrontements entre les casseurs et les forces de l'ordre. 540 interpellations ont eu lieu en parallèle des manifestations du 1er mai contre la réforme des retraites, dont 305 à Paris, selon les données avancées par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, le 2 mai au micro de BFMTV-RMC. Les violences ont été telles que de nombreux blessés ont été comptés parmi les manifestants, mais également parmi les policiers et gendarmes. Si les street medics n'ont pas chiffré les dégâts, le locataire de la place Beauvau a fait savoir que "406 policiers et gendarmes ont été blessés, dont 259 à Paris".

Policier brûlé, manifestants blessés... La mobilisation parasitée par les violences

Si l'on peut se souvenir des manifestations du 1er mai 2023 par la force de la mobilisation, une autre image a marqué les esprits et choqué : celle d'un policier en feu après avoir été visé par un cocktail molotov à Paris. La scène filmée par des manifestants et des journalistes fait froid dans le dos et prouve la violence des affrontements. L'homme "gravement brûlé aux bras, aux mains et au visage" "s'est littéralement enflammé" d'après les explications de Laurent Nunez, invité de Franceinfo le 2 mai. Le préfet de police de Paris a toutefois apporté des nouvelles "plutôt rassurantes", si l'homme est encore hospitalisé sa vie n'est plus en danger.

D'autres blessés graves sont aussi à déplorer parmi les manifestants. A Nantes, un homme aurait eu la main arrachée par une grenade alors qu'il se trouvait devant la préfecture où éclataient les affrontements en début d'après-midi selon plusieurs médias locaux. Si dans les deux cas les projectiles utilisés par les forces de l'ordre et les manifestants sont responsables, ce sont surtout les agissements des casseurs qui ont été pointés du doigt et tenus responsables des violents débordements.

"On a eu affaire à des casseurs très déterminés" a assuré Laurent Nunez au lendemain de la manifestation du 1er mai. Un avis partagé par le sénateur socialiste Jérôme Durain qui a suivi un peloton de la Brigade de répression de l'action violence motorisée (Brav-M) durant la mobilisation, à Paris. "Ce qui est impressionnant, c'est la violence qui s'exerce par des gens qui sont là et qui n'ont rien à voir, ni avec le mouvement syndical, ni avec des aspirations politiques liées aux retraites. J'ai eu peur, c'est très violent, ça tape très fort de tous les côtés", a-t-il témoigné sur Franceinfo. 

Une mobilisation record pour le 1er mai ?

La manifestation du 1er mai 2023 a connu une mobilisation presque record. Jamais les défilés de la Fête du Travail n'avaient rassemblé autant de monde dans les rues depuis 2002. A l'époque, 1,3 million de Français avaient fait entendre leur voix et leur opposition à Jean-Marie Le Pen, présent au second tour de l'élection présidentielle face à Jacques Chirac, selon les chiffres du ministère. En 2023, c'est la lutte commune des syndicats et d'une majeure partie de la population qui a poussé 728 000 personnes à manifester d'après le ministère. Les estimations des syndicats toujours plus avantageuses ont compté 2,3 millions de manifestants.

A l'échelle du mouvement contre la réforme des retraites lancé en janvier 2023, les manifestations du 1er mai sont aussi importantes. Cette treizième journée de mobilisation figure parmi les plus suivies du mouvement, bien que loin du record du 7 mars et ses 1,28 million de manifestants selon le ministère, 3,5 millions pour les syndicats. Dans la capitale entre 112 000 (ministère) et 550 000 personnes se sont mobilisées (syndicats).

Et ailleurs ? À Marseille, 130 000 personnes étaient dans la rue selon les syndicats, 11 000 d'après la police. À Lyon, les syndicats avançaient le chiffre de 45 000 manifestants, contre 17 000 selon la préfecture. À Saint-Étienne, 20 000 manifestants étaient recensés par les syndicats, 7 200 par la préfecture. Les syndicats ont également enregistré 20 000 à Strasbourg et 30 000 à Bayonne (contre 7 000 selon la police). À Nantes, la police a fait état de 17 500 manifestants. Enfin, à Rennes, 24 000 manifestants ont été comptabilisés par les syndicats, 7 850 selon les forces de l'ordre.