Incendies en France : quels sont les départements à risque ? La carte des feux

Incendies en France : quels sont les départements à risque ? La carte des feux INCENDIES. Des incendies ont encore lieu en France. Vendredi 25 août, 30 départements sont toujours placés en vigilance jaune pour feux de forêt et 5 sont en vigilance orange.

[Mis à jour le 25 août 2023 à 11h03] Quelques incendies ont lieu en France, vendredi 25 août. Un départ de feu a été signalé à Lesgor, dans les Landes, où les pompiers ont été mobilisés sur trois incendies. Un incendie a également été signalé à Choranche, en Isère. Neuf hectares de végétation sont partis en fumée et le feu est circonscrit vendredi matin, selon des informations rapportées par Actu Grenoble. En Savoie, un incendie qui s'est déclaré jeudi dans la soirée est fixé, indique France Bleu. Jeudi, un feu s'est aussi déclaré sur les hauteurs de Gevrey-Chambertin, en Côte d'Or. Le feu s'est propagé sur 5 hectares et 80 pompiers ont été mobilisés, selon France Bleu Bourgogne.

Dans le Rhône, un feu de végétation s'est déclaré, jeudi 24 août dans l'après-midi. Le feu a parcouru 20 hectares et a mobilisé près de 200 pompiers, indique Le Progrès. Il a été maîtrisé en début de soirée. Dans les Hautes-Alpes, après une semaine marquée par des incendies près de Crots, un feu s'est déclaré sur la commune de Saint-Bonnet-en-Champsaur. Il s'agit du troisième feu de forêt en cinq jours dans ce département, rapporte 20 Minutes.

Quels sont les départements en alerte face aux incendies ?

Cinq départements ont été placés en vigilance orange par la Météo des forêts pour ce vendredi 25 août : les Alpes-de-Haute-Provence, les Bouches-du-Rhône, la Drôme, le Var et le Vaucluse . Trente départements sont également placés en alerte jaune. Le risque de feux sera toujours présent, samedi 26 août, avec 1 département en vigilance orange et 15 départements en jaune.

Plus de 30 départements sont en vigilance face aux feux de forêts selon la carte mise en place par Météo France. Intitulée "Météo des forêts", la carte évalue quotidiennement les risques d'incendie dans chaque département français en fonction de divers paramètres météorologiques (température, pluie, force du vent, humidité de l'air), mais aussi selon l'état de sécheresse de la végétation. L'outil doit permettre de lutter contre le feux de forêt grâce à une meilleure prévention contre les incendies.

Quels sont les incendies en cours ?

Les alertes ne prédisent pas un départ de feux, mais mettent en garde contre le risque de début d'incendie. Alors que neuf feux sur dix sont d'origine humaine, la vigilance est plus que jamais de mise. Météo France rappelle quelques gestes à éviter, comme jeter son mégot dans la nature par exemple. Malgré les mesures de prévention, quelques départs de feu sont observés et nécessitent l'intervention rapide des pompiers.

Le risque d'incendies aggravé par la canicule

La France a été relativement épargnée par les incendies de forêt en 2023, comparée à l'année précédente, où plus de 72 000 hectares ont brûlé. Cependant, la plupart des départements du sud du pays ont connu des départs d'incendies, notamment dans les Bouches-du-Rhône et le Var, qui sont régulièrement placés en vigilance rouge. Les causes de ces feux sont multiples, mais elles sont souvent liées à l'activité humaine, à la sécheresse, aux fortes chaleurs et au vent. Le bilan estival est pour le moment correct pour les autorités françaises qui misent sur le déploiement de moyens conséquents dès le signalement d'un incendie dans les zones grandement surveillées. L'ensemble de la France aura des températures élevées cette semaine, ce qui pousse les pompiers à rester vigilant.

Reste que l'épisode caniculaire tardif et intense qui touche la France fin août risque de favoriser la propagation rapide des flammes dans les espaces naturels asséchés par les températures élevées. En conséquence, pas moins de 18 des 25 massifs des Bouches-du-Rhône sont actuellement fermés au public, il est donc strictement interdit de circuler ou de se promener dans ces zones boisées. Huit massifs sur neuf sont également concernés par les restrictions dans le Var. L'accès, la circulation et même la simple présence dans ces massifs sont interdits jusqu'à nouvel ordre. Face à cette situation critique, les autorités locales appellent les habitants et les visiteurs à faire preuve d'une extrême prudence et à respecter scrupuleusement les consignes de sécurité émises par les autorités. La moindre étincelle ou imprudence pourrait avoir des conséquences dramatiques dans ces conditions météorologiques propices à la propagation rapide des incendies.

Quel dispositif de prévention et d'intervention face aux feux de forêts ?

Des mesures obligatoires et facilitées pour l'entretien préventif des forêts au renforcement de la coopération entre les milieux agricoles et sylvestres, en passant par des projets de reconstruction adaptés, les forêts françaises vont être mieux protégées face aux départs de feu. Le texte législatif vient en renfort de mesures déjà annoncées telles que le "réarmement puissant" des sapeurs-pompiers, promis par Emmanuel Macron en octobre dernier : plus d'appareils bombardiers et d'engins terrestres disponibles, 180 millions d'euros alloués aux services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) ou encore l'augmentation de la flotte de Canadairs français à 16 avions d'ici la fin du mandat. Quelles mesures concrètes vont être mises en place ? Cela permettra-t-il de réduire les pertes d'hectares de forêt ?

Les départements à risque d'incendie mieux identifiés

Le risque d'incendie n'est plus cantonné à la partie méridionale du pays, les feux observés au Finistère à l'été 2022 l'ont prouvé. La première étape pour mieux protéger les forêts est donc de mettre fin à "l'hétérogène préparation des territoires au risque d'incendie" selon la députée LREM girondine et rapporteure de la proposition de loi, Sophie Panonacle. Le texte a été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale et au Sénat. Cette loi a ainsi été promulguée le 10 juillet.

Les moyens d'intervention doivent pouvoir être mobilisés sur tout le territoire et non plus être concentrés uniquement sur la moitié sud de la France. Cette loi met fin à cette distinction des territoires. Il est désormais prévu "une stratégie nationale de défense des forêts et des surfaces non boisées contre les incendies" qui doit être fixé d'ici "juillet 2024 par les ministères chargés de la forêt, de l'environnement, de l'urbanisme et de la sécurité civile, en concertation avec divers acteurs comme l'Office national des forêts (ONF) ou les élus locaux."

L'entretien des forêts facilité et plus contrôlé

"La stratégie française de gestion des incendies repose sur deux piliers : un travail de prévention afin de limiter les départs de feu, et une lutte immédiate et massive contre les feux naissants", écrit Sophie Panonacle en avant-propos de la proposition de loi. Le texte adopté présente plusieurs mesures censées faciliter l'entretien préventif des forêts ou contraindre les propriétaires forestiers à entretenir leur terrain.

  • Les plans de prévention de risque. Des documents permettent au niveau administratif d'établir les politiques de prévention pour les feux de forêts : les plans de prévention des risques d'incendie de forêt (PPRif). Mais ces plans obligatoires dans les zones jugées à risques sont longs à dresser et encore insuffisamment nombreux. Le Parlement prévoit de faciliter l'élaboration de ses documents. Il en va de même pour les documents de gestion durable (DGD) qui permettent de mieux entretenir la forêt et de "prévenir efficacement le risque incendie" selon le député d'Eure-et-Loir Luc Lamirault, co-rapporteur du texte. Les préfets ont désormais une assise juridique pour procéder à des coupes tactiques des arbres, similaires à celles effectuées en urgence à l'été 2022.
  • Le débroussaillement. C'est une des principales mesures d'entretien et "la plus efficace contre la propagation des incendies", insiste Sophie Panonacle. Les obligations légales de débroussaillement (OLD) déjà en place ont été renforcés avec la permission de débroussailler sans qu'une autorisation préalable ne soit nécessaire (exception faite pour les arbres de hautes tiges), le rappel de la responsabilité d'un propriétaire d'évacuer les coupes des rémanents et les branchages et la possibilité de devoir débroussailler sur une profondeur de 100 mètres au lieu de 50. Pour encourager davantage au respect des OLD, la sanction financière encourue par les propriétaires de forêts a été revue à la hausse "passant de 30 à 50 euros maximum par mètre carré non débroussaillé", de même que les mesures de contrôle par les collectivités.
  • Les mesures du monde agricole. Forêts et surfaces agricoles sont souvent limitrophes et "la déprise agricole [qui] limite l'entretien des territoires, les coupures de végétation et le cloisonnement forestier, favorise la propagation des incendies. À l'inverse, des terres agricoles dynamiques et bien entretenues constituent un atout majeur de prévention du risque", souligne Luc Lamirault. Les exploitants agricoles qui se sont souvent mobilisés aux côtés des sapeurs-pompiers lors des déclenchements de "méga feux" pourront être inscrits sur une liste d'acteurs mobilisable en cas d'incendie. Leurs citernes d'eau pourront être ainsi réquisitionnées pour l'approvisionnement en eau des pompiers. Désormais, "en cas de risque d'incendie très sévère, les préfets pourront prescrire la réalisation des travaux agricoles et en particulier des moissons la nuit."
  • La vigilance des citoyens. Un autre genre d'action préventive devrait être renforcé : celle à destination des citoyens. "Neuf départs de feu sur dix sont d'origine humaine et l'on estime que la moitié d'entre eux est due à des imprudences ou des comportements dangereux", rappelle Anthony Brosse, député du Loiret et membre de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. La "journée nationale de la résilience", initiée en 2022, est maintenue pour sensibiliser les Français face aux risques d'incendie. Une interdiction de fumer "dans les bois et forêts […] et jusqu'à une distance de 200 mètres de ces bois et de ces forêts pendant les périodes à risque" est désormais en vigueur. Toute personne jugée coupable de cet acte encourt jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende pour les cas d'incendies les plus graves.

Les sapeurs-pompiers mieux équipés pour lutter contre les incendies

Les mesures préventives doivent considérablement réduire les risques d'incendie ou, le cas échéant, la propagation des flammes et l'apparition de méga feux, mais il est naïf de croire qu'elles suffiront à éviter tous les départs de feu. Les interventions des sapeurs-pompiers seront alors, comme aujourd'hui, la seule solution. Ces soldats du feu devraient logiquement se voir allouer plus de moyens. "Le ministre de l'Intérieur s'est récemment engagé à mettre à disposition, dès cet été, davantage d'appareils bombardiers d'eau" en plus de débloquer "180 millions d'euros aux SDIS [qui] permettront l'achat de 1 100 engins de lutte contre le feu", note la députée Sophie Panonacle dans la proposition de loi.

Sur le plus long terme, Emmanuel Macron a promis en octobre 2022 d'agrandir la flotte de Canadairs français à 16 avions, contre 12 aujourd'hui, d'ici la fin de son second mandat. En plus de recevoir du renfort, les véhicules déjà disponibles devraient être remplacés.

Les élus ne se sont pas avancés sur les moyens alloués aux sapeurs-pompiers, mais ils ont pensé une mesure qui pourrait faire économiser des "dizaines de millions d'euros" chaque année d'après les calculs d'Eric Pauget, député des Alpes-Maritimes et membre de la commission des lois. Une somme qui pourrait servir à compléter la flotte des pompiers. Comment ? Par l'exonération de l'accise - ancienne taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) - sur l'essence et le gazole pour l'ensemble des véhicules des SDIS. Dans le même sens, les véhicules de ces services sont "exonérés de malus écologique et de malus au poids. Pour les employeurs privés de pompiers volontaires qui leur mettent en place des aménagements, une réduction de cotisations patronales est entérinée de 2024 à 2026.  Des aménagements concernent également les pompiers volontaires qui sont étudiants.

Les forêts reconstruites en fonction du réchauffement climatique

Pour les pertes déjà enregistrées lors des derniers grands incendies et pour celles que ni les mesures préventives, ni l'intervention des pompiers ne pourront sauver, des solutions doivent également être trouvées. Les hectares partis en fumée pourront être reboisés, mais de manière "adaptée à la station forestière et à son évolution prévisible en raison du changement climatique" d'après l'article 35 de la loi, c'est-à-dire avec des essences de bois adéquates et selon les modalités qui seront définies par des décrets des autorités compétentes. Le reboisement devrait aussi "permettre le maintien de zones pare‑feu et d'appui à la lutte d'une largeur définie par les autorités". Un des objectifs du chantier national de replantation des forêts est "la plantation d'un milliard d'arbres d'ici 10 ans" selon le ministère de l'Écologie.