Marche pour Adama Traoré : une procédure engagée contre sa sœur
[Mis à jour le 8 juillet 2023 à 20h21] Un rassemblement a eu lieu à Paris, samedi 8 juillet, après l'annonce de l'interdiction de la marche blanche pour Adama Traoré prévue dans deux communes du Val-d'Oise. Les autorités avaient interdit cette marche dans la crainte de nouveaux débordements après les émeutes survenues à la suite de la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre, le 29 juin. Son histoire rappelle celle d'Adama Traoré, mort en 2016 après une interpellation. Après l'interdiction de ces deux marches, la préfecture de police de Paris a interdit le rassemblement prévu place de la République à Paris, samedi 8 juillet. Elle invoquait un temps trop court pour "mobiliser les moyens nécessaires à la sécurité du rassemblement" ainsi qu'un l"contexte encore sensible", lié à la mort de Nahel.
Pourtant, malgré cette interdiction, Assa Traoré, la sœur d'Adama, et plusieurs élus Insoumis ont appelé à un rassemblement place de la République, à 15h, samedi 8 juillet. Après ce rassemblement, la préfecture de police a écrit dans un communiqué qu'une procédure judiciaire était engagée à l'encontre d'Assa Traoré pour le délit d'organisation d'une manifestation non déclarée, rapporte BFM TV. Lors de ce rassemblement, deux personnes ont été interpellées, dont Youssouf Traoré, frère d'Adama. Une policière a indiqué qu'elle allait déposer plainte pour violences contre les forces de l'ordre à l'encontre du frère d'Adama Traoré.
Pourquoi la marche pour Adama a été interdite après la mort de Nahel ?
C'est en une phrase que le préfet du Val d'Oise justifie l'interdiction de la marche pour Adama. Ses craintes sont liées à la possible venue de la mère de Nahel, plusieurs fois vue aux côtés d'Assa Traoré après la mort de son fils, qui risque "d'attiser les tensions et de générer des troubles graves à l'ordre public".
Le collectif Vérité pour Adama assure ne pas comprendre la décision, ni les explications du préfet. "Depuis sept ans, après chaque marche, la préfecture se dit satisfaite de la manière dont le comité Adama gère l'événement", rappelle le groupe porté par Assa Traoré. Alors que le contexte actuel encore secoué par la mort de Nahel est présenté comme un amplificateur des risques de débordements en marge de la manifestation, le collectif répond : "Suite à la mort de Nahel, la marche pour Adama est d'autant plus attendue et utile qu'elle permet aux manifestants de s'exprimer de manière collective et encadrée."
Les émeutes et scènes de violence survenues après la mort de Nahel ne sont certainement pas étrangères à la décision de la préfecture qui redoute la venue d'éléments "perturbateurs", à l'instar de ceux qui s'étaient manifestés à la fin de la marche blanche organisée pour Nahel le 29 juin. La mobilisation avait été organisée avec le collectif Adama.
La marche pour Adama soutenue par la gauche
À gauche, La France insoumise et Europe-Ecologie-Les Verts ont confirmé leurs participations à la marche pour Adama ce samedi 8 juillet. Sandrine Rousseau, députée écologiste de la 9e circonscription de Paris, faisait partie de la manifestation. Sur les réseaux sociaux, elle s'est offusquée de l'arrestation de Youssouf Traoré. "Le frère d'Adama arrêté, c'est une honte. Il n'y avait aucune raison. Tout se passait très bien", a-t-elle assuré. Plus tôt dans la journée, elle avait dénoncé l'interdiction d'un rassemblement pour Adama. "Petit à petit les libertés publiques perdent du terrain", avait-elle écrit.
La députée Nupes Elsa Faucillon a également réagi à ces interdictions, samedi 8 juillet. "L'interdiction de la marche annuelle pour Adama Traoré est une atteinte grave aux libertés publiques", a-t-elle partagé sur Twitter. Plusieurs élus Insoumis étaient présents à Paris, samedi 8 juillet, à l'exemple de Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI à l'Assemblée nationale ou du député de l'Essonne Antoine Léaument.