Pourquoi le mont Blanc a-t-il perdu deux mètres d'altitude ?

Pourquoi le mont Blanc a-t-il perdu deux mètres d'altitude ? La nouvelle mesure du mont Blanc, réalisée en septembre dernier par des géomètres-experts, a été dévoilée. Le plus haut sommet de l'Europe a perdu à deux mètres d'altitude.

La nouvelle mesure réalisée du mont Blanc après trois jours d'ascension et de relevés de données, donne le vertige. Le toit de l'Europe culmine à 4 805,59 mètres soit 2,22 mètres de moins en deux ans, selon les géomètres experts de Haute-Savoie responsables des mesures. Lors de la dernière mission, en 2021, le sommet avait été mesuré à 4807,81 mètres d'altitude. Depuis 2001, tous les deux ans, le plus haut sommet d'Europe est scruté avec des mesures précises, afin de déterminer son altitude et dans le but de modéliser la calotte glaciaire. Entre 2017 et 2021, près d'un mètre en moins avait été rapporté (celle de 2019, très basse, avait été tenue "secrète" car jugée peu représentative). À l'inverse, c'est en 2007 qu'avait été relevée l'altitude la plus élevée (4810,90 mètres d'altitude).

Les géomètres-experts mesurent et accumulent les données pour les climatologues, les glaciologues et autres scientifiques, experts du climat. La nouvelle mesure officielle confirme donc que le mont Blanc s'affaisse au fil des ans. Mais ces variations n'ont rien d'étonnant, selon les géomètres. La taille de mont Blanc ne varie que de quelques mètres par tranche de deux ans et ces variations sont en partie dues aux conditions météorologiques, notamment la pluviométrie qui a été assez faible durant l'été 2023. Ces mesures ne présument donc pas d'une baisse continue et irréversible. "Le mont Blanc pourrait très bien être beaucoup plus haut dans deux ans" lorsque la prochaine mesure sera réalisée, a ainsi affirmé Jean des Garets, le président de la chambre départementale des géomètres de Haute-Savoie lors d'un point presse à Chamonix. La montagne a déjà gagné plusieurs mètres de haute par le passé, comme entre 2003 et 2007 passant de 4 808 à 4 810 mètres.

La baisse du Mont-Blanc symptomatique du réchauffement climatique ?

Depuis 2001 et le début des mesures du mont Blanc, l'altitude du sommet de la montage oscille et les géomètres l'expliquent : le pic rocheux du sommet alpin culmine à 4 792 mètres. Les quelques mètres restants dépendent de l'épaisseur de la couche de "neiges éternelles" qui forme une congère et varie "en fonction des vents d'altitude et des précipitations". L'altitude du mont Blanc change donc au fil des saison et le sommet est toujours plus haut a la fin de l'été que durant l'hiver ou le printemps quant le vent élime les derniers mètres de neige.

Les géomètres-experts de Haute-Savoie, dont Denis Borel, avaient déjà appelé en 2021 à ne "pas tirer de conclusion hâtive sur des mesures qui ont été réalisées uniquement depuis les années 2001" sur l'altitude du mont Blanc. Ils laissent aux climatologues le soin d'évaluer les conséquences du réchauffement climatique sur l'altitude du toit des Alpes. C'est à ces derniers qu'il revient "d'avancer toutes les hypothèses pour expliquer ce phénomène". Car, hélas, le dérèglement climatique a montré ses premiers effets sur les glaciers européens plus vulnérables à la hausse des température du fait de leur basse altitude. En 2022, les glaciers des Alpes françaises ont notamment perdu 5 à 7% de la masse glaciaire restante d'après les spécialistes, la fonte des glaces avait alors été jugée "exceptionnelle".