Ils gagnent 100 000 euros par an en jouant comme des enfants : "Un peu d'imagination suffit"

Ils gagnent 100 000 euros par an en jouant comme des enfants : "Un peu d'imagination suffit" Ils ont été cadres, employés des télécom, avocats ou même policiers. Désormais, ils ont une activité bien plus amusante et en vivent particulièrement bien.

Leur histoire est souvent la même et ressemble à celle de Ryan, aujourd'hui âgé de 50 ans. En 2008, ce cadre dans le service communication d'une société informatique a décidé de tout plaquer pour se consacrer à une passion d'enfance : les Lego. "Un jour, mon patron m'a demandé : combien de réunions avons-nous par jour ? C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je ne voulais plus faire de réunion du tout", explique-t-il au journal espagnol El Pais, qui a récemment fait son portrait.

Après avoir quitté son emploi, Ryan a recommencé à assembler les célèbres briques en plastique dans son garage, comme il le faisait étant enfant. Ses créations ont rapidement séduit le public de Melbourne, où cet Australien est installé. De fil en aiguille, il est parvenu à être reconnu dans son pays et au-delà et fait aujourd'hui partie des quelques dizaines de constructeurs officiels de la marque à travers le monde, considérés comme des ambassadeurs de Lego et autorisés à exposer leurs oeuvres.

Aujourd'hui, Ryan McNaught est à la tête d'une entreprise, The Brickman, qui emploie 35 salariés. Elle produit chaque année des dizaines de maquettes et propose des expositions un peu partout sur la planète. Sa spécialité du moment : les dinosaures. Une cinquantaine de sculptures géantes composent sa collection itinérante "Jurassic World by Brickman".

Le "Lego Certified Professionals" (LCP), qui regroupe les constructeurs officiels de la marque, compte bien d'autres passionnés, comme l'Italien Riccardo Zangelmi, le Japonais Jumpei Mitsui, ou encore le Français, Georg Schmitt, ancien ingénieur télécom, mais aussi ex-policier, qui s'est spécialisé depuis 2012 dans la reproduction de bâtiments architecturaux en Lego. Tous ont un parcours singulier. Parmi les plus connus, l'Allemand Rene Hoffmeister s'est simplement fait connaitre en créant un blog amateur sur ses constructions et l'Américain Nathan Sawaya, ancien avocat qui décompressait chez lui avec des Lego, est devenu en quelques années une star mondiale de la sculpture en petites briques colorées.

Une reconversion facile ?

D'après les différents témoignages, il est possible de très bien vivre avec cette nouvelle activité. A l'année, le salaire d'un constructeur officiel peut facilement dépasser 100 000 euros. Certaines œuvres sont même vendues entre 10 000 et 20 000 euros l'unité.

La reconversion quant à elle semble relativement simple. Pour y arriver, un esprit curieux et très imaginatif suffisent selon la majorité des professionnels interrogés. "J'utilise parfois un ordinateur pour créer des plans etc. Mais la plupart du temps, je n'en ai pas besoin. Un peu d'imagination suffit", explique Ryan McNaught. "Tout ce qui réside dans votre imagination, un avion, un vélo, une girafe, un dinosaure... vous pouvez tout faire !"

Il faut tout de même être très manuel, comme le rappellent d'autres constructeurs officiels. La préparation et le sens de l'organisation sont aussi essentiels, comme l'a récemment expliqué Nathan Sawaya au journal Le Monde : "Je colle les briques ensemble pour que les sculptures résistent à la conception et aux voyages. Quand je fais une erreur, je dois utiliser un ciseau et un marteau pour les séparer". La gestion des stocks de briques est un sujet également, même si un constructeur officiel peut en acquérir des millions à très bon prix auprès de l'entreprise !

Devenir constructeur professionnel, c'est aussi avoir des contraintes de marketing et de rentabilité. Les oeuvres produites doivent en effet être utiles à la publicité de Lego ou aux marques partenaires (comme quand on construit une Porsche grandeur nature par exemple). Il faut enfin savoir faire connaître ses œuvres et séduire les collectionneurs, qui peuvent les acheter au prix fort.

Obtenir la certification Lego et respecter le contrat avec la marque sont d'autres étapes à avoir en tête. Mais le plus difficile selon plusieurs pros est ailleurs : il s'agit surtout de convaincre son entourage qu'on peut "jouer" aux Lego dans un cadre professionnel. "Mes patrons étaient désorientés quand je leur ai annoncé que je quittais la firme pour jouer avec des briques", confie Nathan Sawaya… Aux enfants qui se passionnent pour le célèbre jeu, il passe d'ailleurs ce message : "Exerce-toi encore et encore. Ne renonce jamais à tes rêves. Et ne perds jamais ton imagination".