10 fois plus d'actes antisémites en France depuis l'attaque du Hamas sur Israël

10 fois plus d'actes antisémites en France depuis l'attaque du Hamas sur Israël Le nombre d'actes antisémites en France a explosé depuis l'offensive meurtrière menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre dernier. Selon un rapport du Crif publié ce jeudi la hausse est estimée à 1000%...

"L'antisémitisme était déjà présent en France, les attaques sur Israël étaient juste une étincelle". C'est la conclusion que tire Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) invité sur le plateau de France 2, après la lecture du rapport publié par son organisation ce jeudi 24 janvier. Selon le document les actes antisémites ont connu une hausse sans précédent, multipliés par dix (+1000%) depuis l'attaque meurtrière menée par le Hamas le 7 octobre dernier. Un niveau qui, en moins de trois mois, "a égalé celui des trois années précédentes cumulées". Au total, 1 676 actes antisémites ont été signalés sur l'ensemble de l'année 2023, c'est quatre fois plus que les 436 signalements enregistrés en 2022.

L'ampleur de cette vague d'antisémitisme, dans un pays qui compte la plus grosse communauté juive d'Europe (environ 500 000 personnes), se manifeste de façon particulièrement aiguë dans la "sphère privée", incluant les domiciles et les lieux de travail, qui représentent un gros tiers des incidents, contre 20,4 % sur la voie publique. Les chiffres révèlent que plus de la moitié des actes (57,8%) sont des atteintes directes aux personnes, telles que les violences physiques, les propos menaçants ou les insultes. La gravité de la situation est soulignée par un incident choquant à Fontaine (Isère), où un couple juif et leur enfant de deux ans ont été victimes d'un saccage de leur domicile, marqué par des inscriptions antisémites et des symboles nazis.

Une hausse de 1200% en milieu scolaire

Nonna Mayer, directrice de recherches au CNRS et membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), explique cette recrudescence par un phénomène récurrent observé depuis la seconde intifada au début des années 2000. Selon elle, chaque intervention militaire d'Israël dans les territoires palestiniens entraîne une hausse des actes antisémites, faisant des Juifs français des boucs émissaires des agissements d'Israël. Ce phénomène est exacerbé par les réseaux sociaux et les médias, influençant particulièrement les individus psychologiquement fragiles.

La diversité des profils des auteurs de ces actes est également mise en avant. Me Oudy Bloch, avocat de l'Organisation juive européenne, souligne l'absence de profil type, observant une présence de jeunes hommes sensibles aux événements en Palestine, influencés par leurs origines, leur religion ou leur positionnement politique. L'antisémitisme a également infiltré le milieu scolaire, avec une augmentation de 1200% des actes dans ce dans les écoles, collèges ou lycées, faisant disparaître l'idée que les écoles seraient un sanctuaire contre la haine.

Cette montée de l'antisémitisme s'est traduite par 600 interpellations et 300 procédures lancées en un mois après le 7 octobre. Dans ce contexte difficile, la communauté juive cherche des moyens de persévérer. A Grenoble, où vivent entre 4000 et 5000 Juifs, Hervé Gerbi, président de la section locale du Crif, exprime un optimisme prudent, soulignant que les synagogues continuent leurs pratiques religieuses, malgré la nécessité de renforts policiers.

"Il faut plus de condamnation sociale"

Selon une enquête de la CNCDH, 79% des Français estiment nécessaire qu'une lutte vigoureuse contre l'antisémitisme soit organisée. Le président du Crif, Yonathan Arfi, est du même avis mais selon lui cette lutte ne doit pas seulement passer par les autorités, il faut également "davantage de condamnations sociales, de réprobation sociale de l'antisémitisme".

Et le représentant de la communauté juive d'analyser : "Aujourd'hui, il y a des milieux où on peut tenir des propos antisémites sans que personne ne s'offusque. Le prix social à payer est trop faible et participe à la banalisation de l'antisémitisme".