"Honte à la justice !" Au procès des viols de Mazan, des manifestants en colère
Après trois mois d'auditions et d'indignation, le procès Mazan a connu son dénouement ce jeudi 19 décembre dans la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon. La quasi-totalité des cinquante-et-un accusés, âgés de 27 à 74 ans, étaient jugés depuis le 2 septembre pour "viols aggravés" sur Gisèle Pélicot. Son mari, Dominique Pelicot, l'avait droguée pendant une dizaine d'années pour la soumettre à ces hommes qu'il recrutait sur Internet et conviait au domicile conjugal. À l'issue de ce procès, qui a mis en avant "la banalité du viol" selon les mots de Gisèle Pelicot, les 51 accusés ont tous été déclarés coupables des faits.
De son côté, Dominique Pelicot, 72 ans, a été condamné à la peine maximale, soit 20 ans de réclusion criminelle, comme l'avait requis le ministère public. La cour du Vaucluse l'a d'ailleurs reconnu coupable de tous les chefs d'accusation. Dans le détail, on liste des viols aggravés sur Gisèle Pelicot, une tentative de viol et viol aggravé sur la femme d'un co-accusé, mais aussi la captation d'images à caractère sexuel concernant sa fille Caroline et ses ex belles-filles.
À cette peine d'emprisonnement est associée une peine de sûreté des "deux tiers", a précisé le président de la cour, Roger Arata, ajoutant qu'en fin de peine, sa situation "fera l'objet d'un réexamen pour juger de sa sûreté". En supplément, il sera inscrit au fichier national des délinquants sexuels. Malgré l'ampleur de sa condamnation, de nombreux manifestants se sont rendus devant le tribunal d'Avignon, dans le Vaucluse, pour scander leur mécontentement face au verdict du jury. Les personnes sur place s'indignent en réalité des peines prononcées pour les co-accusés, qui ont bien été jugées coupables, mais condamnées à des peines de prison nettement inférieures à celles demandées par le parquet. Leur peine pour viol, allant de 5 à 8 ans, est inférieure à celles prononcées cette année pour viol : la moyenne est en effet de 11 ans sur les verdicts rendus en 2024 pour ce type de crime.
Procès des viols de Mazan: "Honte à la justice" scandent des manifestants devant le tribunal d'Avignon après le prononcé du verdict pic.twitter.com/xR3gCaTW9j
— BFMTV (@BFMTV) December 19, 2024
"On t'aime Judith ! Honte à la Justice", ont-ils entonné en cœur, accompagnés de pancartes telles que "Violeurs de Mazan, horreur au bois dormant" ou "Violeur ta bi** dans un mixeur". Le samedi 14 décembre, ils étaient déjà plus 600 personnes à s'être mobilisés pour soutenir Gisèle Pelicot et toutes les autres victimes de violences sexuelles. Selon Public Sénat, cette fin de procès est loin de clore le débat public puisqu'elle "interroge sur l'opportunité de changer la définition du viol dans le code pénal". Il n'est d'ailleurs pas exclu que le ministère public fasse appel pour un nouveau procès.