Le nombre de dauphins tués par la pêche française est insensé, et nécessite une mesure radicale
Environ 9 000 dauphins communs meurent chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française. Un chiffre très au-dessus du seuil de 4 900 à partir duquel la population de cétacés est mise en péril, selon le CIEM, l'organisme scientifique international de référence. Une augmentation largement aggravée par les effets dévastateurs de la pêche intensive.
"Environ 90 % des cadavres autopsiés montrent des traces de capture par des filets de pêche, provenant essentiellement des chalutiers pélagiques, des méthodes de pêches qui consistent à avoir un énorme filet dans l'eau et qui attrapent tout, notamment des dauphins. C'est une pêche destructrice", a dénoncé sur RMC Lamya Essemlali, présidente de l'association Sea Shepherd France.
Lorsqu'ils sont pris dans ces filets, les cétacés essayent avec difficulté de s'en dépêtrer. "Soit le dauphin y meurt noyé, soit il est encore vivant quand il est remonté mais est achevé une fois sur le bateau" a-t-elle ajouté. Une situation à la fois désastreuse pour l'espèce et la biodiversité. Ces mammifères jouent en effet un rôle essentiel pour maintenir l'écosystème marin. "Cela peut paraître paradoxal, mais en tant que prédateurs, ils favorisent les ressources en poissons, en mollusques ou en crustacés", explique franceinfo.
Ce phénomène écologique, observé depuis des années par les scientifiques, est appelé "cascade trophique". Les espèces étant interdépendantes, lorsqu'un prédateur subit des pressions, les proies ont également tendance à décliner. Dans le pire des cas, toute la chaîne alimentaire peut être bouleversée. Et pour les pêcheurs, cela signifie moins de ressources.
Le golfe de Gascogne, visé par une nouvelle interdiction
Considérant les risques à venir, une mesure radicale entre en vigueur ce mercredi 22 janvier pour protéger les dauphins. Du Finistère à la frontière espagnole, environ 300 bateaux resteront à quai jusqu'au 20 février. Cette fermeture "spatiotemporelle" de la pêche concerne les embarcations de plus de huit mètres et comprend les navires battant pavillon étranger. Auprès de la profession cependant, cette mesure est loin de faire l'unanimité, malgré une indemnisation gouvernementale à hauteur de 80% de leur chiffre d'affaires.
Et pour cause : ce n'est pas la première fois qu'ils font l'objet d'une telle interdiction. L'hiver dernier, ils avaient déjà été la cible une mesure similaire, qui a contribué à diviser par quatre les captures accidentelles de petits cétacés selon le gouvernement. Face à une situation qui perdure, l'exécutif n'avait finalement pas vraiment le choix, cette année encore.
Ce dernier était en effet visé par une procédure d'infraction de la Commission européenne et pressé d'agir par le Conseil d'État, saisi par des associations environnementales. "Afin de garantir un état de conservation favorable pour le dauphin commun, le grand dauphin et le marsouin commun, le Conseil d'État confirme la nécessité d'une mesure de fermeture de la pêche pendant une durée suffisante", a signalé l'institution publique en décembre.
À terme, l'objectif doit être de trouver des solutions de protection plus ciblées et d'éviter des fermetures de pêche généralisées comme celle qui commence aujourd'hui, indiquent les scientifiques. Pour l'instant, la mesure fait l'objet d'un renouvellement jusqu'en 2026.