"Identité de genre", "comportements interdits"... Que contient le nouveau programme d'éducation à la sexualité ?

"Identité de genre", "comportements interdits"... Que contient le nouveau programme d'éducation à la sexualité ? Les enfants ont droit à un nouvel enseignement dès cette année : que contient le programme d'éduction à la sexualité ?

Le programme d'éducation à la vie affective relationnelle et à la sexualité (Evars) est depuis quelques semaines un sujet de diverses polémiques. Fin novembre, la reformulation du texte avait en effet été la cible d'une fronde conservatrice d'envergure. Cette version n'était pas encore publiée qu'elle subissait déjà des attaques pour son caractère "idéologique", empreint de "militantisme woke", selon des associations familiales conservatrices, des élus et des médias, de droite traditionnelle ou d'extrême droite.

Dans la foulée, l'ancien ministre en charge de la Réussite scolaire, Alexandre Portier avait déclaré que le projet de programme d'éducation à la vie sexuelle "n'était pas acceptable" en l'état. Il s'était notamment engagé "personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles, parce qu'elle ne doit pas y avoir sa place". Ledit ministre avait été recadré par la ministre de l'Education nationale, qui a martelé que les positions de ce dernier était des fantasmes.

Qu'à cela ne tienne, le texte a été revu à la marge et la date de son examen par le Conseil supérieur de l'éducation repoussée au 29 janvier prochain (à l'origine, il devait avoir lieu mi-décembre). Pour cette troisième version, la ministre de l'Éducation Élisabeth Borne a annoncé reprendre pour l'essentiel le texte présenté par sa prédécesseure Anne Genetet.

Le terme "identité de genre" retiré dix fois

Quelques modifications peuvent néanmoins être constatées : le terme "identité de genre" par exemple est cité sept fois au lieu de 17 dans la précédente version. La "théorie de genre", point de crispation à droite, n'apparaît d'ailleurs dans aucune des versions, ni celle-ci ni la précédente, même si la notion de genre est abordée, au travers de la lutte contre les stéréotypes entre filles et garçons dès la maternelle, selon BFMTV qui a pu consulté le texte. La question de l'asexualité - l'absence d'attirance sexuelle envers autrui - a de son côté été retirée.

Pour le reste du programme obligatoire de la maternelle au lycée, les éléments constitutifs des anciennes moutures reviennent : la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la lutte contre les effets de la pornographie et contre la prostitution précoce. L'apprentissage du consentement, la prévention de l'inceste et les risques de réseaux sociaux sont aussi évoqués.  

En maternelle, la notion d'intimité est abordée à travers l'apprentissage de "comportements interdits" et ce, même avec un adulte de confiance. Pour rappel, la Ciivise estime que "trois enfants par classe sont victimes d'inceste chaque année en France, et 5 millions et demi de Français ont vécu des violences sexuelles dans leur enfance". En élémentaire, la notion s'agrandit jusqu'à prendre en compte les liens familiaux et la promotion des relations égalitaires. Son objectif est d'aider les enfants à comprendre qu'ils sont libres d'aimer qui ils veulent.

Un programme "adapté à l'âge des élèves"

Au collège, "l'identité de genre" disparait au profit du mot "genre" pour permettre aux élèves de réfléchir aux discriminations de sexe, de genre et d'orientation sexuelle. Au lycée, ils pourront ainsi aborder les différences biologiques entre les femmes et les hommes comme des éléments ne déterminant pas les expressions, les comportements et les rôles attribués aux genres "masculin" et "féminin". 

Le programme vise à étudier toutes ces notions très tôt, de manière "adaptée à l'âge des élèves", mais "sans se substituer au rôle des parents et des familles". En amont, les parents sont d'ailleurs prévenus des dates auxquelles ont lieu les trois séances obligatoires par an, comme le veut la loi de 2001.

Selon l'article L312-16 du Code de l'éducation, "ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes. Elles contribuent à l'apprentissage du respect dû au corps humain et sensibilisent aux violences sexistes ou sexuelles ainsi qu'aux mutilations sexuelles féminines". Dans les faits cependant, cette loi est peu appliquée : moins de 15% des élèves bénéficient d'éducation à la sexualité malgré l'obligation légale, selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE). À voir si cette refonte sera capable de percer les murs de tous les établissements scolaires.