Cette arnaque dans les bars et restaurants explose, attention si vous choisissez du vin
Dans la restauration, une technique bien rodée permet d'augmenter la marge… sans que le client ne s'en rende compte.
Il fait beau, vous êtes en terrasse avec un proche, un verre de vin à la main. Vous avez choisi un Chablis (AOC), séduit par ses notes citronnées et légèrement fumées (et que vous allez boire avec modération). Un classique que vous connaissez bien. Mais dès la première gorgée, quelque chose cloche. Le vin est plus végétal, ou bien plus lourd, ou bien plus amer... Peut-être une bouteille un peu différente ? Une cuvée moins réussie ?
Si quelque chose cloche, vous êtes peut-être victime d'une arnaque. Dans certains bars et restaurants, une pratique discrète mais bien réelle permet en effet d'augmenter les marges : servir un vin moins cher que celui commandé, tout en facturant le prix affiché sur la carte. Vin rouge, rosé ou blanc, tous les breuvages peuvent être concernés par cette technique, connue sous le nom de "rempotage". Elle est punie d'une amende de 300 000 euros et jusqu'à deux ans de prison.
Une enquête du Parisien, vient de vérifier que cette pratique est bien réelle. Le journaliste Mathieu Hennequin, accompagné d'experts, s'est fait passer pour un touriste dans plusieurs restaurants de Montmartre, avec bonnet "Paris", lunettes et commandes passées en anglais.

Le constat est clair : plusieurs établissements remplacent volontairement les vins à la carte par des cuvées moins coûteuses, afin de gonfler leur marge. Le tout, dans une discrétion totale — indétectable pour la majorité, à l'exception des palais les plus affûtés. Une employée de la restauration parisienne pendant trente ans témoigne anonymement auprès du journaliste : "Les fonds de bouteilles servent aussi à faire les verres de vin pour les happy hour, parce que ça coûte moins cher évidemment, il faut que ça rentabilise". Elle précise qu'il n'est pas rare, par exemple, de remplacer un Bardolino (DOC) par un Chianti (DOP), deux vins italiens proches en apparence, mais avec une différence de prix de 4 à 5 euros par verre.
Cette pratique ne date pas d'hier, estime Alain Fontaine, président de l'Association française des maîtres restaurateurs, interrogé par Le Figaro. "Dans la restauration, on a tous été témoins de cette pratique, c'est un classique", assure-t-il. Il note toutefois une baisse, portée par une nouvelle génération plus soucieuse de la satisfaction client, et plus prudente face aux avis Google. Mais cette tromperie ne lèse pas que le client : elle fragilise aussi une filière viticole déjà en déclin, avec une consommation en chute libre — plus de 60 % de baisse entre 1960 et 2022, selon une étude Ipsos pour FranceAgriMer et le Cniv. "Il faut, au contraire, redonner confiance au client pour stopper cette déconsommation", estime le restaurateur.
Pour limiter ces dérives, Alain Fontaine propose d'obliger le serveur à présenter la bouteille au client avant de servir le vin. En attendant, quelques réflexes peuvent vous aider à éviter les mauvaises surprises : privilégier les établissements avec une carte des vins construite, poser des questions, et rester vigilant dans les zones très touristiques, où ce genre de pratique passe plus facilement inaperçu. Attention, rappelons que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.