Mobilisation du 10 septembre 2025 : déjà une carte des blocages annoncés, ça ressemble aux gilets jaunes
Les annonces de François Bayrou pour économiser près de 43 milliards d'euros ont manifestement généré des réactions d'incompréhension et de colère. Supprimer deux jours fériés, instaurer une "année blanche" budgétaire : les mesures proposées ne plaisent pas à tout le monde. En réponse, un appel à "bloquer le pays" dès le 10 septembre 2025 circule sur les réseaux sociaux, notamment sous le mot-clé #Mobilisation10Septembre.
"Ce mouvement est né parce qu'on en a marre", peut-on lire sur le site internet mobilisation10septembre. "Marre de voir Bayrou détruire ce qu'il reste de justice et de solidarité. Assez des coupes, assez des sacrifices toujours imposés aux mêmes." Un appel à la mobilisation générale qui fait écho au débuts du mouvement des Gilets jaunes en 2018. Même colère, même spontanéité, mêmes appels à la "résistance civile".
D'après l'un des initiateurs interrogé par Le Parisien, le collectif "Mobilisation10septembre" serait initié par une vingtaine de personnes qui se sont rencontrées via les réseaux sociaux. Les premiers appels à la mobilisation ont émergé avant le 19 juillet, accompagnés de visuels téléchargeables gratuitement sur leur site. Le site "mobilisation10septembre" a été mis en ligne le 19 juillet, suivi dès le lendemain par la création du compte X "Bloquons Tout" pour diffuser l'appel. Ce mercredi 23 juillet, le profil X comptait 743 abonnés.
Trois "modes d'actions"
Le mouvement, qui se veut apolitique et indépendants des syndicats, formule plusieurs revendications : un "réinvestissement massif" dans les services publics (santé, éducation...), "l'arrêt immédiat des suppressions de postes et de logiques comptables inhumaines", mais aussi "un système de santé accessible à toutes et tous, sans franchises injustes". Sont exigés également le "maintien de tous les jours fériés et des droits sociaux conquis", et la "revalorisation des retraites, minimas sociaux et salaires, indexée sur la vie réelle".
Le collectif appelle alors à un "arrêt total du pays" à partir du 10 septembre 2025, une action qu'il veut "pacifique pour dénoncer les injustices et reprendre le pouvoir collectivement". Les organisateurs, qui souhaitent rester anonyme pour le moment, annoncent trois "modes d'action". D'abord, un boycott : cesser les achats dans les grandes surfaces, retirerson argent des banques, limiter la consommation (essence, fast-fashion…), et arrêter de travailler si possible (congés, arrêts maladie…)
"Après le boycott, vient la désobéissance", décrient ils sur leur site. Le mouvement appelle à un "refus collectif de remplir certaines obligations" (déclaration, formulaire), à la "rétention ou ralentissement volontaire dans les services publics", mais aussi à "l'occupation pacifique de lieux symboliques (préfecture, mairies, antenne CAF)" ou encore "blocages ciblés" de routes ou de dépôts logistique. "A partir du 10 septembre, on entre en résistance civique".
Seulement, "ce mouvement ne tiendra que si on se soutient les uns les autres", d'après les organisateurs. Alors, ils appellent à la "solidarité citoyenne" à travers la création des caisses de grève et de soutien local, l'organisation de repas partagés ou encore l'ouverture d'espaces de discussion et de coordination dans chaque quartier et village, et le partage des savoirs.
Une carte des rassemblements déjà publiée
Les modes d'action rappellent fortement ceux des Gilets jaunes, nés en novembre 2018 contre la hausse du prix des carburants. Même logique de blocages, même appel à une mobilisation hors des structures syndicales. Pour l'instant, aucun signe distinctif n'est annoncé, contrairement au fameux gilet fluorescent de 2018.
Le collectif a déjà publié une carte des rassemblements sur son site internet. Des actions sont prévues le 10 septembre dans de nombreuses villes de France : Amiens, Angers, Avignon, Besançon, Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Le Mans, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nice, Orléans, Pau, Poitiers, Reims, Rennes, Strasbourg, Toulouse, Troyes, Valenciennes. Des blocages stratégiques sont aussi programmés, notamment au Port du Havre et des Raffineries en Ile-de-France. Pour autant, aucun blocage de rond-point, cœur des mobilisations des gilets jaunes, n'a été annoncé pour l'instant.
Reste à voir si la population choisira de se rallier à ce mouvement citoyen ou de suivre l'appel des syndicats. La CFDT n'écarte pas l'idée d'une mobilisation : sa secrétaire générale, Marylise Léon, a déclaré au micro de France Inter que "la mobilisation de la CFDT n'est pas du tout exclue" à la rentrée. Du côté de la CGT, Sophie Binet a appelé, dès le 16 juillet, à la "mobilisation" de "l'ensemble des travailleuses et des travailleurs choqués par ces annonces".
Enfin, l'Union syndicale Solidaires s'est elle aussi opposée au projet de budget présenté par le Premier ministre. Dans un communiqué publié quelques heures après les annonces de François Bayrou, elle appelle à "construire dès à présent les mobilisations à même de nous faire gagner", estimant qu'"il n'est pas question d'accepter ces régressions".