Mobilisation des agriculteurs : blocages, supermarchés... Des actions nombreuses, mais peu d'impact
- La FNSEA, principal syndicat agricole, et les Jeunes agriculteurs (JA) ont appelé à une "grand journée d'action" ce vendredi 26 septembre. Les exploitants agricoles dénoncent les difficultés rencontrées dans leur secteur, mais se mobilisent surtout contre l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur.
- La mobilisation des agriculteurs exprime la colère contre l'importation de produits agricoles que les syndicats considèrent parfois comme de la concurrence déloyale. "Le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres" sont dans le viseur de la FNSEA.
- Si la mobilisation des agriculteurs est nationale, elle s'est organisée surtout au niveau local et départemental avec des actions nombreuses et variées. Des manifestations et des rassemblements ont eu lieu, ainsi que des blocages de ronds-points, de routes et de péages ou encore des actions dans les grandes surfaces et les marchés pour dénoncer les produits importés et promouvoir ceux de l'agriculture française.
- La mobilisation des agriculteurs est soutenue par le FNSEA, les JA et quelques fédérations locales d'autres syndicats, mais pas par la Coordination rurale et la Confédération paysanne. Cette dernière préfère appeler à une mobilisation à la date du 14 octobre, non pas avec des actions locales, mais avec une grande manifestation de tracteurs à Paris.
Et de trois. Après la mobilisation citoyenne du 10 septembre et la journée de grève intersyndicale du 18 septembre, ce sont les syndicats agricoles qui appellent à une journée de mobilisation pour le vendredi 26 septembre. La FNSEA, syndicat majoritaire du secteur agricole, et les Jeunes agriculteurs (JA) sont à l'origine de cet appel à une "grande journée d'action" pour dénoncer les difficultés rencontrées par les exploitants agricoles.
Si les revendications sont nombreuses, l'accent doit être mis sur l'importation de produits agricoles que les syndicats considèrent parfois comme de la concurrence déloyale. L'accord entre l'Union européenne et "le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres" sont dans le viseur a précisé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, dans un entretien au Journal du Dimanche, mi-septembre. La colère contre l'accord UE-Mercosur est vive depuis que la Commission européenne a présenté un texte allant dans le sens de l'accord, mais amendé de "clauses de sauvegarde renforcées" pour satisfaire les réticences françaises, le 3 septembre dernier. "Le président doit être plus clair", estime Arnaud Rousseau.
L'objectif des agriculteurs est clair : "Remettre l'agriculture au cœur des politiques publiques et de la PAC", et même obtenir un rendez-vous avec le Premier ministre, selon Arnaud Rousseau. Ce qui n'est pas le cas des actions devant être menées le 26 septembre. "À chacun sa façon d'exprimer sa colère", a déclaré, dans des propos rapportés par Actu, le président de la FNSEA. Résultat : des actions variées sont annoncées dans plusieurs départements.
Manifestations, blocages, actions dans les supermarchés...
La mobilisation des agriculteurs va passer par de nombreuses actions locales au regard des premières initiatives lancées. "Les actions sont à l'appréciation des fédérations départementales", a fait savoir un porte-parole de la FNSEA à l'AFP. Le syndicat et celui des JA appellent d'ailleurs tous les territoires à prendre part au mouvement de la façon dont il le souhaite. Des actions traditionnelles comme des manifestations devraient avoir lieu comme en Haute-Garonne, où un rendez-vous semble déjà pris à Toulouse selon actu Toulouse, ou avec des rassemblements devant les préfectures et des institutions comme c'est prévu à Grenoble en Isère d'après un média local. Sur ces places, certains organiseront des "banquets de la honte" avec des produits importants, notamment à Angers. Une grande manifestation est aussi prévue en Ile-de-France avec un rassemblement de tracteurs sur la place d’Armes devant le château de Versailles.
Ces mobilisations seront cependant souvent accompagnées d'actions supplémentaires, notamment des blocages. Des initiatives fleurissent en Occitanie avec des appels à des blocages dans le Tarn-et-Garonne et des actions sur les routes ou les péages comme dans les Pyrénées-Atlantiques selon les antennes locales d'Actu. Là-bas, la branche départementale de la FNSEA prévoit de bloquer des péages de l'A9. De nombreux blocages devraient s'organiser sur les ronds-points comme c'est déjà prévu dans le Loir-et-Cher où les agriculteurs envisagent aussi d'organiser des opérations escargot avec la préfecture comme point de chute d'après La Nouvelle République. Des opérations escargot sont attendues ailleurs comme à Charleville-Mézières dans les Ardennes.
Un autre type d'actions, déjà vu lors des précédentes mobilisations agricoles, devrait rythmer la journée du 26 septembre : les opérations menées dans les supermarchés et les grandes surfaces. Des actions de ce genre sont déjà prévues dans les cinq départements de Normandie a fait savoir la présidente de l'antenne régionale de la FNSEA à RCF. Elles consistent à vérifier la provenance des produits et à étiqueter les produits importés qui ne respectent pas les normes européennes ou à les cibler d'une autre manière, parfois à vider les rayons de ces produits. Des producteurs du Rhône envisageraient des opérations similaires d'après actu Lyon. Outre les supermarchés, les grands marchés pourraient aussi être ciblés avec soit des distributions des produits locaux comme annoncé à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais, soit l'exposition de produits importés jugés "aberrants" comme des pommes du Chili ou des noix des Etats-Unis dans le Sud Ouest.
Outre les manifestations, les rassemblements et les actions de blocage, certains syndicats cherchent à organiser des rencontres entre les agriculteurs et les parlementaires pour échanger et faire remonter les difficultés des exploitants agricoles aux politiques. Des rencontres de ce genre tendent à se mettre en place en Normandie.
Une autre journée de mobilisation le 14 octobre
Les actions devraient être nombreuses, mais il n'est pas dit que le nombre d'agriculteurs mobilisés soit aussi important que lors des mobilisations de janvier 2024. Et pour cause, la période est difficile pour les exploitants "entre la fin des récoltes et le début des semis, mais il y a urgence ", a insisté Arnaud Rousseau. L'appel à la mobilisation du 26 septembre lancé par la FNSEA et suivi par les JA semble en tout cas avoir été entendu, y compris par les fédérations départementales de la Coordination rurale, le deuxième syndicat agricole. L'antenne principale n'a pourtant pas pris position vis-à-vis du mouvement. En revanche, la Confédération paysanne a refusé de s'associer à la mobilisation dénonçant "les fausses promesses de l'appel du 26 septembre porté par les dirigeants de la FNSEA" rapporte Actu.
À la place, ce syndicat a décidé d'appeler à une autre journée de mobilisation à la date du 14 octobre. Et plutôt que de multiplier les actions locales, la Confédération paysanne appelle à une grande manifestation dans la capitale. Dans un communiqué, le syndicat invite "l'ensemble des paysan·nes, encarté·es ou non, les organisations citoyennes de solidarité internationale, de protection des consommateur·trices, de défense de l'environnement, les syndicats de travailleur·euses, les pétitionnaires contre la loi Duplomb, les citoyen·nes à monter sur Paris pour manifester, tracteurs en tête, le 14 octobre".