"Pas plus, pas moins" mais un abattement fiscal supprimé et des pensions de retraite gelées. Ce que Bayrou a annoncé
François Bayrou a d'abord ménagé les retraités lors de la présentation de son plan d'économies en vue de la présentation du budget 2026 ce mardi 15 juillet à Paris. Sur le pupitre orné de la mention "Le moment de vérité", le Premier ministre a glissé au sujet d'un plan visant toutes les catégories sociales : "il ne faut pas toucher les petites et les moyennes retraites".
Le locataire de Matignon a toutefois ensuite glissé plusieurs annonces qui impacteront le pouvoir d'achat de nombreux retraités. S'il assure ne pas vouloir baisser les pensions de retraites ("Les retraites ne vont pas baisser, elles seront maintenues au niveau de cette année", a-t-il assuré) il a résumé son intention par une formule "Ce sera pas plus, pas moins". Il fallait par là comprendre que les pensions de retraite seront aussi concernées par l'"année blanche" voulue en 2026. Par l'instauration d'une année blanche, l'Etat entend engager des dépenses au niveau de celles effectuées en 2025. Par ce gel, le gouvernement entend ainsi fixer les pensions de retraite à leur montant actuel. Ce serait donc sans tenir compte de l'inflation 2025, celle-ci étant attendue en baisse par rapport aux dernières années. Un tel gel entraînera de facto une petite perte de pouvoir d'achat.
Ce n'est pas tout ! Parmi les pistes évoquées ci et là ces dernières semaines, figurait celle devant toucher aux impôts des retraités via un abattement fiscal. Cette niche fiscale, c'est celle de l'abattement de 10% sur les frais professionnels dont bénéficient aujourd'hui actifs comme retraités. François Bayrou propose de la supprimer. "Quand on n'a plus d'activité professionnelle, cela ne se justifie plus", a jugé le chef du gouvernement à ce sujet. Cette niche fiscale est aujourd'hui plafonnée à 4399 euros par foyer et touche tous les ménages retraités imposables, soit près de 15 millions de ménage. Selon la Cour des comptes, cet abattement fiscal a coûté près de 5 milliards d'euros à l'Etat en 2024.
Ce dispositif remonte à 1978, rappelle France Info. L'idée était alors de favoriser l'égalité devant l'impôt entre retraités et actifs, ces derniers bénéficiant d'une déduction automatique de 10% sur leurs revenus. Aujourd'hui, les salariés peuvent également obtenir une déduction fiscale forfaitaire jusqu'à 14 400 euros.
La suppression de cet abattement fiscal ne devrait toutefois pas être total. Il aurait vocation à être remplacé par un autre dispositif plus ciblé. "Il ne faut pas toucher les petites retraites et les retraites moyennes. Nous allons créer un forfait annuel, ce qui permettra d'avantager les petites retraites, de garantir un pouvoir d'achat inchangé aux retraites moyennes et de remettre dans le droit commun les retraites les plus importantes", a expliqué François Bayrou.
Cette modification devrait donc toucher particulièrement les retraités les plus aisés qui pourraient voir le montant de leurs impôts augmenter de 850 euros en moyenne par an selon l'Observatoire français des conjonctures économiques qui s'était déjà penché sur cette question. L'ensemble de ces propositions devra désormais être présentée aux oppositions, le gouvernement s'exposant à un risque de motion de censure à la rentrée.