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Festivals : la concurrence est-elle (trop) dure ?

Festivals : la concurrence est-elle (trop) dure ? Décalés et spontanés, les débats des Éclaireurs nous donnent une autre vision de la culture. Organisés depuis 2017 par les Espaces Culturels E.Leclerc, ils réunissent autour de Frédéric Taddeï et de Michel-Édouard Leclerc les grands acteurs du monde de la culture.

C'est l'été et donc la saison des festivals ! L'année dernière en France, 1900 festivals ont accueilli quelques 7 200 000 festivaliers, soit plus d'un Français sur dix ! Mais la concurrence entre producteurs, la multiplication des rendez-vous et la richesse de l'offre ne sont-elles pas contre-productives ? Autour de Michel-Édouard Leclerc et Frédéric Taddeï, les organisateurs des plus grands festivals français (Gérard Pont pour les Francofolies et le Printemps de Bourges, Marie Sabot, directrice du festival We Love Green, Jean-Paul Roland des Eurockéennes), ainsi que le producteur de Live Nation Angelo Gopee, le chercheur au ministère de la Culture Olivier Donnat et Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS, tous ont débattu sur le sujet, sans langue de bois comme il est de coutume lors des débats des Éclaireurs.

Linternaute.com : Quel type de spectateur êtes-vous ?

Michel-Édouard Leclerc : J'ai sans doute été un des premiers festivaliers ! En 1968, à 16 ans, je suis parti chez une famille américaine apprendre l'anglais. Dans une petite ville de hippies non loin de Boston, j'ai assisté sur une plage (un an avant Woodstock !) aux concerts de Bob Dylan, Crosby Stills Nash & Young et Joan Baez et j'en garde une vraie nostalgie. Mais ce n'est que bien plus tard, comme enfant du rock nourri par les émissions d'Europe 1, que j'ai retrouvé le goût des festivals. Aujourd'hui, je parcours l'été les nombreux festivals de Bretagne avec mes enfants, comme les Vieilles Charrues, le festival du Bout du Monde de la presqu'île de Crozon et, bien sûr la Fête du bruit dans ma ville de Landerneau.

Frédéric Taddeï : Je vais vous décevoir mais je suis d'une génération où les concerts se déroulaient dans des champs boueux et où on vous traitait comme du bétail. Je ne suis donc pas amateur ! En fait, je ne suis pas très concert, je m'ennuie vite, et au bout d'une demi-heure, j'ai envie de partir ! Mais je garde de très bons souvenirs de concerts de groupes devenus aujourd'hui mythiques.

Selon vous, les festivals permettent-ils à de jeunes talents de se faire connaître ?

M-E.L : Les festivals et notamment les grands rendez-vous permettent aux nouveaux talents d'être présentés au grand public et les majors ont raison de profiter de ce contact. Les artistes apprennent à se produire devant un public sans cesse croissant, à maîtriser le travail scénique et les festivals sont de vraies opportunités pour eux. Mais ils doivent assurer, devant une foule qui boit, qui mange ou fait des selfies...

F.D : Les festivals révèlent sans arrêt de nouveaux artistes. Ce n'est plus le disque qui remplit aujourd'hui cette fonction, c'est l'image. On découvre les artistes par leurs vidéos et non par  leurs disques. Les festivals sont donc un moyen formidable d'émerger pour de jeunes artistes.

Que penser de la concurrence entre festivals et de la multiplication des offres ?

M-E.L : Dans cette profusion, certains ne tiendront pas la route. Mais la concurrence entraîne plus d'exigence de la part des organisateurs, ce qui est une bonne chose. Quand le disque se portait bien, on ne déplorait pas le nombre de disquaires ! Les festivals représentent un nouveau mode de diffusion de la culture. C'est ce que voulait Jean Vilar : des artistes dans toutes les rues de France...

F.D : Ce qui est positif dans la multiplication des festivals, c'est que nous n'avons plus besoin de traverser la France pour écouter de la musique live ! Mais la concurrence, comme toute concurrence, débouche sur la concentration. Ma grande crainte est que les festivals français se fassent racheter par les grands groupes internationaux et que cette unification amène une baisse de niveau et de diversité.

Extrait du débat "Festivals : la concurrence est-elle (trop) dure ?"

Quelques réactions du public à l'issue du débat

Pour Léonore, 25 ans, c'est notamment l'échange un peu vif entre Angelo Gopee, directeur général de Live Nation et le chercheur Olivier Donnat qui a été très intéressant : "une trop grosse structure peut porter atteinte à la diversité et cela peut faire péricliter des petits festivals". Aziliz, 25 ans, qui se dit plus  génération Intagram" que festivalière, hésite à s'y rendre : "Vais-je aimer des groupes que je ne connais pas ?". Quant à Pierre, 28 ans, il s'est dit en phase avec Gérard Pont, président des Francofolies et du Printemps de Bourges, pour qui "l'émotion n'est pas numérisable" : "la musique live, c'est la vraie rencontre avec l'artiste".

En vidéo, l'intégrale du débat "Festivals : la concurrence est-elle (trop) dure ?"