Ce symptôme pourrait annoncer la maladie de Charcot des années avant les signes classiques
La maladie de Charcot (ou sclérose latérale amyotrophique) se traduit au début généralement par des troubles moteurs. Mais un symptôme plus précoce pourrait annoncer la maladie bien plus tôt.
Les premiers symptômes de la maladie de Charcot ne seraient peut-être pas ceux que l'on pensait jusqu'à présent. Cette maladie dégénérative est connue pour débuter par des symptômes moteurs, comme une faiblesse musculaire et des secousses spontanées des muscles.
Mais d'après une étude menée par des chercheurs de l'Inserm et de l'Université de Strasbourg et publiée dans la revue Science Translational Medicine, un symptôme complètement différent pourrait être présent des années plus tôt : des troubles du sommeil - comme c'est le cas pour la maladie d'Alzheimer et de Parkinson. Si ces troubles sont connus pour être présents lors de la maladie de Charcot, ils le seraient en réalité avant même que les autres signes ne se déclarent.
Pour le découvrir, les chercheurs ont analysé plusieurs dizaines d'enregistrements du sommeil de patients atteints de la maladie de Charcot (mais sans symptômes respiratoires) ou ayant des mutations génétiques les prédisposant à la maladie, mais sans symptômes. Les analyses ont montré que dans les deux cas, les patients "souffraient du même type de troubles du sommeil : un temps d'éveil plus important et une quantité de sommeil profond inférieure aux données issues des groupes contrôles" qui ne souffraient pas de la maladie de Charcot, rapporte l'Inserm dans un communiqué. Ces troubles du sommeil sont "observables de façon précoce, plusieurs années avant la manifestation des troubles moteurs".

Et les chercheurs ne se sont pas arrêtés là. Ils ont en effet "essayé de trouver l'origine de ces troubles du sommeil dans le cerveau", et se "sont intéressés à des neurones spécifiques" connus pour leur rôle dans le sommeil. Ces neurones sont donc altérés chez les patients atteints de la maladie de Charcot, d'après les chercheurs. Ils ont ensuite donné à des souris atteintes de la maladie un somnifère.
Surtout, deux semaines après le traitement, les chercheurs ont observé chez les souris "une conservation" des neurones moteurs, qui sont justement ceux qui dégénèrent à cause de la maladie de Charcot. Ce phénomène fait actuellement l'objet d'un essai clinique auprès de patients atteints de la maladie pour "tester si un sommeil restauré peut avoir un effet sur la progression de la maladie", d'après l'Inserm.
"Les découvertes de notre équipe mettent en lumière une nouvelle chronologie des symptômes de la sclérose latérale amyotrophique, questionnant à nouveau les origines de la maladie. Elles représentent aussi un léger espoir pour les malades, et ceux qui déclareront la maladie, en imaginant qu'agir sur les premières manifestations de celle-ci puissent ralentir sa progression extrêmement rapide", a expliqué à Science et Avenir Luc Dupuis, auteur de l'étude. Cette découverte pourrait ainsi représenter une nouvelle cible thérapeutique potentielle pour cette maladie à l'espérance de vie de seulement 3 à 5 ans.