Faire les Jeux en se dopant, c'est désormais possible

Faire les Jeux en se dopant, c'est désormais possible La performance est au cœur de la compétition des Jeux olympiques, et de sa devise "toujours plus haut, toujours plus loin", avec une limite : le dopage. Pourtant certains font déjà sauter cette barrière.

La performance sportive est au cœur des Jeux olympiques depuis toujours. Avant même l'avènement des jeux modernes en 1896, les jeux d'Olympie, dans l'Antiquité, étaient l'occasion pour chaque cité de Grèce de montrer sa supériorité vis-à-vis de ses voisines à travers des épreuves sportives. Au fil des ans et des éditions des Jeux, les barrières chronométriques sont tombées et chaque record olympique et mondial battu fait lever les foules. 

Chez les athlètes également tout est fait pour maximiser les performances et aller gagner le dixième, le centième voire le millième de seconde qui les fera entrer dans l'histoire. Tomber sous la barre mythique des deux heures du marathon, battre les 9'58 d'Usain Bolt sur 100 m ou les 19'19 sur 200 m, voilà ce qui motive les sportifs et crée cet engouement si particulier autour des Jeux olympiques.

Pourtant, un credo demeure au centre de l'olympisme : "l'esprit sain dans un corps sain", le sport propre, sans dopage. Bien avant la création de l'Agence mondiale antidopage en 1999, le CIO a fondé en 1967 sa propre commission médicale pour détecter les abus et faire valoir l'équité au centre de la compétition. Pour son système de dopage, la Russie a d'ailleurs été exclue des compétitions olympiques de 2020 et de 2022. Au total 142 médailles ont été retirées pour dopage depuis 1912.

Cette exaltation du sport "propre" n'est cependant pas du goût de tous. En 2023, l'homme d'affaires australien Aron d'Souza a annoncé la création des Enhanced Games (Jeux améliorés en français). Au cœur de son idée, la légalisation du dopage afin de faire tomber de nouveaux records. Ce personnage un peu fantasque, qui se compare à un "Elon Musk du sport" (mais aussi à Martin Luther King !), estime que la possibilité de se doper ouvrirait de nouvelles possibilités pour la science, et serait l'occasion de montrer la capacité humaine dans la recherche de performance, y compris à travers la médecine.

"Nous pensons que la science est réelle et qu'elle joue un rôle important dans l'épanouissement de l'homme", écrit Aron d'Souza sur son site. © Capture enhanced.org

Le projet, soutenu par un ancien conseiller de Donald Trump, le milliardaire Peter Andreas Thiel, veut offrir "un million de dollars par record du monde battu". L'Australien, ancien rugbyman, a déjà annoncé le début des qualifications à partir du 12 août 2024, le lendemain de la clôture des Jeux de Paris, et veut organiser la compétition en 2025.

Si certains athlètes pourraient être tentés comme le nageur James Magnussen, champion du monde en 2011 et 2013, la plupart des acteurs du milieu sont opposés, voire consternés face à cette initiative. Pour Anna Meares, championne olympique de cyclisme sur piste en 2004 et en 2012, ces Enhanced Games sont "une blague, injuste et dangereuse". De son côté, le président de la Fédération internationale d'athlétisme Sebastian Coe a qualifié l'idée d'Aron d'Souza de "connerie", en assurant que les athlètes qui y participeraient seront "bannis". L'agence mondiale antidopage a de son côté estimé que le projet était "dangereux et irresponsable."