Patrick Poivre d'Arvor : de nombreuses accusations et plaintes pour viols, le point sur l'affaire
Patrick Poivre d'Arvor fait face depuis 2021 à de nombreuses accusations de viols. Il est mis en examen depuis décembre 2023 dans une de ces affaires...
Depuis 2021, l'ancien journaliste et star du 20 Heures Patrick Poivre d'Arvor fait l'objet de plusieurs accusations de viols et violences sexuelles. L'affaire a débuté par la plainte de l'autrice et chroniqueuse Florence Porcel en 2021, et a été alimentée depuis par de nombreux témoignages et plusieurs plaintes pour des faits de viols, agressions sexuelles ou harcèlement sexuel. Une vingtaine d'accusations et/ou de plaintes ont été recensées. En octobre 2024 encore, une affaire remontant à 2005 a été exhumée par le journal Le Monde, plainte classée sans suite à l'époque et redécouverte avec stupeur en marge des investigations récentes.
De nombreuses autres accusations contre Patrick Poivre d'Arvor ont, elles aussi, été classées, faute de preuves suffisantes ou parce que les faits présumés étaient prescrits. Certaines victimes, dont Florence Porcel, ont tout de même pu relancer les dossiers, en se constituant partie civile. L'ancien journaliste le plus connu de France, mis en examen en décembre 2023, a toujours nié ces accusations et a même porté plainte pour dénonciation calomnieuse, une plainte classée sans suite.
Florence Porcel, la femme à l'origine du scandale
L'affaire PPDA est née des accusations de la chroniqueuse scientifique Florence Porcel, relayées par Le Parisien le 18 février 2021. L'écrivaine, déjà à l'origine de l'affaire dite de la "Ligue du LOL" en 2019, porte alors plainte contre l'ex-présentateur et accuse PPDA de viols et agressions sexuelles ayant eu lieu plusieurs années plus tôt.
Les premiers faits dénoncé par Florence Porcel remonteraient à la fin 2004. Elle indique qu'après un JT de 20 heures où elle aurait été invitée en coulisses, Patrick Poivre-d'Arvor l'aurait conduite dans son bureau et l'aurait embrassée en "introduisant sa main dans sa culotte". Ils auraient ensuite eu un rapport sexuel auquel l'écrivaine, alors âgée de 21 ans et tétanisée, n'aurait pas consenti. En 2009, lors d'une autre entrevue, la plaignante assure que l'ex-journaliste l'aurait forcée à pratiquer une fellation sans protection. Selon ses dires, elle aurait cette fois explicitement formulé son désaccord.
Mais l'affaire Porcel est-elle vraiment la première visant PPDA ? En octobre 2024, Le Monde va dévoiler qu'une plainte pour viol avait déjà été déposée contre lui puis classée sans suite dès 2005, soit bien avant celle de Florence Porcel. Une plainte émanant d'une autre accusatrice, Caroline Merlet, près de 16 ans avant que le scandale éclate, mais pour des faits présumés qui se seraient produits quelques mois d'intervalle : quand les premiers faits dénoncés par Florence Porcel sont datés du 8 novembre 2004, ceux rapportés par Caroline Merlet remonteraient au 14 mars 2005.
Un "système de prédation rodé et sériel"
Les nombreuses accusations visant PPDA ont depuis dessiné ce que la presse a qualifié de "système de prédation rodé et sériel" de la part de l'animateur. Un système plus crument présenté comme le "coup du plateau", qui aurait permis à plusieurs reprises à PPDA d'attirer puis d'abuser de ses victimes présumées. Tout aurait commencé, la plupart du temps, par des échanges liés à l'immense aura de la star de la télévision, du courrier d'admiratrice au contact pour entamer une relation professionnelle. Une des assistantes du journaliste aurait précisé lors de l'enquête que PPDA, qui a perdu sa fille Solenn, atteinte de troubles anorexiques en 1995, était notamment "sensible aux courriers qui font référence à des problèmes d'anorexie ou de femmes en détresse".
Les récits de plusieurs victimes indiquent ensuite qu'elles auraient été invitées par le journaliste sur le plateau du JT de TF1, pour observer la grand-messe de la télévision "dans un coin du studio". Après ce spectacle susceptible d'impressionner certaines personnes, PPDA aurait pris l'habitude de faire accompagner ses invitées dans son bureau, où elles devaient l'attendre. Une fois le présentateur sur place, un verre leur aurait été offert, la plupart du temps avant une agression. Sont pointés des baisers forcés, des fellations ou des pénétrations, sans consentement explicite, voire après un refus clairement formulé.
Certaines accusatrices ont pu poursuivre leurs communications avec PPDA après les faits, l'une d'elles évoquant même une forme de "syndrome de Stockholm", ce qui rend l'examen de leurs plaintes particulièrement complexe.
Une mise en examen, des affaires classées, d'autres toujours en cours
Après un premier classement sans suite le 25 juin 2021, Patrick Poivre d'Arvor a finalement été mis en examen le 18 décembre 2023 par le parquet de Nanterre dans l'affaire Porcel pour "viol par une personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction".
Le ministère public a de nouveau classé dix-neuf témoignages ou plaintes de femme le 28 février 2024, la plupart pour prescription. Une information judiciaire sera en revanche ouverte, élargie à deux autres viols et une agression sexuelle dénoncés par trois femmes. Ces faits auraient eu lieu entre 2007 et 2018 selon le parquet.
Cinq plaignantes vont de nouveau saisir la justice le 19 juillet 2024, en passant par la constitution de partie civile, comme le code de procédure pénale le permet. Parmi elles, les journalistes Hélène Devynck et Stéphanie Khayat, ainsi que Marie-Laure Eude-Delattre et Margot Cauquil-Gleizes.
Le 21 octobre 2024, le parquet de Nanterre a annoncé que Patrick Poivre d'Arvor était visé par deux nouvelles plaintes toujours avec constitution de partie civile.
Qui sont les femmes qui accusent PPDA et combien sont-elles ?
En plus de Florence Porcel et des plaignantes, plusieurs femmes ont témoigné contre PPDA depuis février 2021 dans plusieurs médias, notamment Le Monde, Médiapart, Libération, ou encore Le Parisien, avec plusieurs unes choc en novembre et décembre 2021 ainsi qu'en septembre 2022, sans nécessairement porter plainte. Le 28 avril 2022, plusieurs femmes témoignent contre PPDA à visage découvert dans Complément d'enquête. Le 10 mai 2022, elles sont 20 à se dire victime du présentateur dans une émission diffusée sur Médiapart et à témoigner à visage découvert.
Au total, une trentaine de femmes (une quarantaine selon certains médias) ont accusé Patrick Poivre d'Arvor de violences sexuelles. Le 20 septembre 2022, Cécile Delarue, journaliste, affirme auprès de franceinfo que "90 femmes" ont témoigné auprès du collectif des plaignantes dans l'affaire PPDA.
D'abord anonymes, plusieurs accusatrices ont fini par dévoiler leurs noms et leurs visages au fil des mois. Certaines femmes sont plus connues que d'autres, comme Florence Porcel, la journaliste Hélène Devynck ou les écrivaines Margot Cauquil-Gleizes et Bénédicte Martin. D'autres femmes, qui accusent Patrick Poivre d'Arvor de violences sexuelles, ont souhaité conserver leur anonymat. L'une d'entre elles affirme notamment avoir été mineure au moment des faits qu'elle dénonce.
PPDA dément fermement les accusations
Depuis les premières accusations parues dans la presse, en février 2021, Patrick Poivre d'Arvor campe sur ses positions : il dément totalement chacun des faits qui lui sont reprochés. Il reste à ce jour présumé innocent. Dans l'émission Quotidien, en mars 2021, PPDA assurait qu'il n'aurait jamais accepté une relation qui n'était pas consentie par les deux parties. "S'il y a eu séduction ou tentative de séduction, elle ne vient pas de moi", a-t-il assuré.
Patrick Poivre d'Arvor a également porté plainte contre Florence Porcel pour dénonciation calomnieuse, "aussi mensongère qu'inspirée par une quête de notoriété inconvenante". Celle-ci a été classée sans suite en juin 2021 par le parquet de Nanterre, qui a invoqué une "absence de démonstration d'une intention de nuire".
L'ancienne star du JT de TF1 a également porté plainte le 26 avril 2022, quelques jours avant un reportage choc de Complément d'enquête sur France 2, pour dénonciation calomnieuse contre 16 autres de ses accusatrices. Dans sa plainte, PPDA affirme que "la libération de la parole des femmes connaît malheureusement son lot d'excès et de dérives". Il estime que ces femmes qu'il aurait "éconduites ou ignorées", en auraient généré une "amertume les condui[sant] à commettre, par vengeance tardive, le délit de dénonciation calomnieuse". Le 12 mai 2022, PPDA a été écarté du magazine "Une Maison, un artiste", qu'il commentait depuis 11 ans sur France Télévisions.