Scan Pyramids : les secrets de Toutankhamon, des pyramides et de Nefertiti révélés

Scan Pyramids : les secrets de Toutankhamon, des pyramides et de Nefertiti révélés Les scientifiques font parler les murs des célèbres vestiges de l'Égypte antique. Tandis que le HIP Institute sonde les pyramides, le tombeau de Toutankhamon passe au radar.

La sépulture de la reine Nefertiti est-elle dissimulée dans celle de Toutankhamon ? Y a-t-il des salles secrètes dans les pyramides de Gizeh et Dahchour ? Deux missions lancées en Égypte à l'automne 2015 pourraient répondre à ces questions. D'un côté, l'égyptologue Nicholas Reeves conduit l'exploration du tombeau de Toutankhamon, dans l'espoir d'y déceler des espaces secrets. La mission ScanPyramids, elle, s'intéresse à l'architecture intérieure des pyramides. Elle est menée par le HIP Institute, une association française qui rassemble des chercheurs et des ingénieurs.

Des « anomalies » dans les murs du tombeau de Toutankhamon

Le 31 mars dernier, les murs du tombeau de Toutankhamon ont été scannés pour la deuxième fois. Situé dans la Vallée des Rois, à Louxor, le tombeau a été découvert en 1922 par l'archéologue Howard Carter. La mission actuelle, conduite par Nicholas Reeves, cherche à détecter d'éventuelles pièces secrètes collées à la chambre funéraire du pharaon.

Les dernières observations ne contredisent pas les précédentes, d'après le ministre égyptien des Antiquités, Khaled El-Enany, qui s'est exprimé le 1er avril dernier. En novembre 2015, une première série de relevés avait déjà permis de détecter la présence d'objets « organiques » et « métalliques » derrière les murs du tombeau. L'ancien ministre égyptien des Antiquités, Mohamed Eldamaty, avait alors déclaré que la possibilité que des chambres secrètes existent s'élevait « à 90% ». Lors de cette deuxième session, des anomalies ont bien été observées. Mais Khaled El-Enany est resté prudent quant aux conclusions à en tirer.

Un balayage radar à cinq hauteurs différentes

L'opération a débuté à 17 heures, lorsque la Vallée des Rois ferme au public. Elle a duré toute la nuit. Une équipe de deux techniciens a utilisé des unités radar à pénétration de sol, avec deux fréquences d'ondes différentes, à 400 et à 900 MHz. Ces unités se déplacent sur des pistes installées le long des murs à analyser. Les techniciens ont ainsi balayé le mur est de la chambre funéraire, et le Trésor, une petite pièce attenante qui contenait les objets précieux du pharaon au moment de sa mise en tombeau.

Chaque mur a été scanné à cinq hauteurs différentes. Au total, les techniciens ont réalisé quarante balayages. Les données récoltées ont été transmises à des experts en Égypte et aux États-Unis. Le 1er avril dernier, le ministre égyptien des Antiquités Khaled avait expliqué que leur analyse prendrait au moins une semaine. 

L'existence des chambres secrètes divise

D'après Sciences & Avenir, de nouvelles mesures seraient prévues fin avril. Si leur résultat est favorable, il serait envisageable de percer un trou de 2,5 cm dans l'un des murs du tombeau, pour y introduire une caméra à fibre optique et ainsi explorer une éventuelle cavité. Le dispositif doit, bien sûr, veiller à n'endommager ni la tombe ni les peintures. 

En mai prochain, toutes les données recueillies depuis le début du projet seront soumises à une commission internationale organisée en Égypte. Des experts de Toutankhamon viendront y débattre. Une partie de la communauté scientifique est sceptique sur les résultats et l'existence de chambres secrètes. Les Échos mettent d'ailleurs en doute les effets d'annonce autour des projets archéologiques menés en Égypte, qui auraient surtout pour but d'attirer les touristes.

Les muons à l'assaut des pyramides

Pour l'instant, pas de pièce secrète en vue du côté de la mission ScanPyramidsLe 26 avril dernier, elle a dévoilé les premiers résultats de sa campagne de radiographie réalisée en utilisant les muons, des particules cosmiques qui bombardent en permanence la Terre. La mission sonde des pyramides construites sous l'Ancien empire, soit plus de 1000 ans avant le tombeau de Toutankhamon : Khéops et Khéphren à Gizeh, la rhomboïdale et la pyramide rouge à Dahchour. La réaction des muons avec le gaz permet de suivre leur trajectoire, donc de radiographier en profondeur les éléments qu'ils traversent, en l'occurrence les murs des pyramides.

En décembre 2015, l'équipe avait en effet installé quarante plaques de films sensibles aux muons dans la chambre basse de la pyramide rhomboïdale. Après quarante jours de pose, ces films ont été développés sur le plateau du Grand Musée Égyptien au Caire, puis envoyés dans un laboratoire au Japon pour être analysés. Les scientifiques ont retracé plus de 10 millions de trajectoires de muons, ce qui leur a permis de visualiser le coeur de la pyramide. 

La chambre située à une vingtaine de mètres au-dessus de la pièce basse est clairement visible sur les images. Mais la durée d'exposition n'a pas permis d'accumuler assez de statistiques pour détecter les petits couloirs. En revanche, les simulations réalisées permettent de dire que s'il existait une pièce au moins aussi grande que la chambre haute, elle aurait été repérée. Or, ce n'est pas le cas.

Les membres de la mission ScanPyramids auront bientôt de nouveaux collègues. Selon une annonce du 15 avril dernier, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, un organisme de recherche scientifique français, va rejoindre la mission. Pour affiner le dispositif en place, le Commissariat a mis au point des télescopes à base d'argon. Ils devraient être acheminés en Égypte d'ici la fin du mois d'avril, selon Sciences & Avenir. Ces télescopes sont aptes à détecter les muons, et contrairement aux émulsions chimiques, permettent un temps d'exposition illimité.

Des différences de température sur les murs ?

Les scientifiques ont d'ores et déjà révélé d'impressionnants écarts de température sur les murs de certaines pyramides, en novembre 2015 puis en janvier dernier. Sur le flanc est de la pyramide de Khéops, deux blocs voisins présentent une différence de 6 degrés lorsque les pierres se réchauffent. Sur le côté est de la pyramide rouge, les écarts de température entre le haut et le bas sont flagrants. Ils se dessinent le long d'une ligne oblique, et s'observent de jour comme nuit. Les anomalies laissent penser qu'il existerait des vides et des pleins derrière les murs, donc d'éventuelles salles secrètes.

Ces observations ont été réalisées grâce à la thermographie infrarouge. Cette technique permet d'observer comment les monuments restituent la chaleur qu'ils reçoivent du soleil. L'équipe de ScanPyramids l'a aussi pratiquée en novembre 2015 dans le tombeau de Toutankhamon, à la demande du ministère des Antiquités.