Les enfants de Tchernobyl, dernières victimes de la catastrophe

Les enfants de Tchernobyl, dernières victimes de la catastrophe Ils ne font pas partie des victimes directes de l'accident de Tchernobyl. Pourtant, les enfants nés après le 26 avril 1986 dans les environs de la centrale paient un lourd tribut à la catastrophe...

On les a appelés les "enfants oubliés de Tchernobyl". Depuis le 26 avril 1986, des enfants ukrainiens, mais aussi biélorusses, répartis sur plusieurs générations, souffrent des conséquences de la catastrophe. Ils n'ont pas été les victimes immédiates du pire accident nucléaire de l'histoire, ne sont comptabilisés ni parmi les morts dans l'explosion du réacteur numéro 4, ni parmi les personnes directement tuées ou contaminées par les radiations. Pourtant, ils sont nés de parents eux-même exposés et souffrent de malformations, spina bifida, hydro et microcéphalies, de handicaps moteurs ou mentaux, et surtout de cancers, leucémies et de problèmes de thyroïde. Qui sont ces enfants de Tchernobyl invisibles car inchiffrables ? Rencontre, en images, avec plusieurs d'entre eux.
(Certaines images peuvent heurter la sensibilité des plus fragiles.)

Le bilan de la catastrophe de Tchernobyl est particulièrement difficile à réaliser et fait encore aujourd'hui l'objet de vifs débats. Le dernier bilan officiel en date, réalisé par le "Forum Tchernobyl", sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et le Comité scientifique des nations Unies sur les effets des rayonnements atomiques (UNSCEAR), fait état d'une petite cinquantaine de décès directs de la catastrophe auxquels il faut ajouter 7000 cancers de la thyroïde. Près de 10 000 cancers pourraient être imputés à la catastrophe dans les années à venir. L'Ukraine a formellement reconnu jusqu'ici 35 000 décès liés à Tchernobyl. Mais ce bilan est contesté à la fois par des études scientifiques, des associations ou par des médecins qui, sur le terrain, en Ukraine ou en Biélorussie, le jugent sous-estimé.

Culture du secret de l'URSS oblige, ce chiffre oublie en effet une foule d'individus directement atteints, en particulier parmi les centaines de milliers de "liquidateurs" envoyés en urgence sur place en 1986 et exposés au Cesium 137 qui s'est massivement échappé de la centrale. Il oublie surtout les personnes nées après la catastrophe. Les générations successives d'enfants nés dans les territoires encore contaminés présentent en effet une santé inquiétante. Si l'augmentation la plus notable des malformations chez les nouveaux nés a été observée entre 1987 et 1990 (l'irradiation affectant directement le foetus), des populations entières se sont nourries pendant 30 ans et se nourrissent encore de légumes ayant poussé dans des sols contaminés. Il est donc impossible d'évaluer de manière exhaustive le nombre de décès et de maladies imputables à Tchernobyl. Un nombre qui pourrait encore augmenter.