Première expédition au pôle Sud : un secret et une tragédie derrière le succès de Roald Amundsen

Première expédition au pôle Sud : un secret et une tragédie derrière le succès de Roald Amundsen On lui doit la première expédition au pôle Sud. Pourtant, personne ne l'attendait de ce côté-ci de la Terre. Qui est Roald Amundsen, ce Norvégien qui a su devancer les Britanniques ?

[Mis à jour le 14 décembre 2016 à 23h29] S'il est entré trop tard dans la course pour le pôle Nord, Roald Amundsen a déjoué tous les pronostics en exécutant la première expédition au pôle Sud en 1911. Marin et explorateur, il devint ainsi le premier homme à mettre les pieds sur ces terres encore vierges de présence humaine. Un voyage périlleux, mené il y a 105 ans jour pour jour, ce mercredi. À l'époque, le Norvégien avait préféré gardé secret son projet jusqu'au dernier moment. Car à l'origine, le pôle Sud n'était pas son premier objectif. Celui que l'on surnomme "le dernier des Vikings" visait plutôt le pôle Nord, une contrée qu'aucun homme n'avait encore visitée. Mais face à la concurrence d'autres courageux, Roald Amundsen a renoncé à son projet pour partir à l'opposé. 

En effet, au début du XXe siècle, les expéditions polaires s'enchaînent... Dans un esprit de franche compétition, que ce soit entre les nations ou les explorateurs, pôle Nord et pôle Sud suscitent la convoitise de toute part. Le 1er septembre 1909, un premier explorateur affirme avoir atteint le Saint Graal. L'Américain Frederick Albert Cook annonce avoir posé son pied sur le pôle Nord le 21 avril de cette même année. Malheureusement, il est alors déjà battu. Robert Peary, un autre explorateur américain, déclare six jours après avoir lui atteint le pôle Nord le 6 avril 1909. 

Le secret de Roald Amundsen

Pendant que les Américains se lancent dans des débats interminables pour savoir qui des deux est arrivé le premier, Roald Amundsen décide de changer d'objectif. C'est au sud qu'il se rendra. Néanmoins, la concurrence n'en est pas moins rude. Si Ernest Shackleton a dû rebrousser chemin à 180 kilomètres de son objectif, le Britannique Robert Falcon Scott a lui redoublé d'efforts pour être le premier à s'y rendre. Roald Amundsen décide de faire profil bas et ne révèle ses plans qu'à son frère et son second. D'autant que l'explorateur a obtenu des subventions pour mener des expériences scientifiques au pôle Nord : le roi de Norvège lui avait attribué 20 000 couronnes pour mener à bien son expédition et le parlement avait voté pour un versement de 75 000 couronnes destinées à l'équipement du navire.

Ce n'est donc qu'en arrivant à Madère au Portugal, que l'équipage de l'aventurier est mis au courant de sa véritable destination. Pour apaiser ses troupes, Roald Amundsen leur explique le pôle Sud n'est qu'un détour sur le chemin du pôle Nord. Le 14 décembre 1911, vers 15 heures, Roald Amundsen et quatre de ses compagnons atteignent le pôle Sud. Robert Falcon Scott, son concurrent, est loin derrière eux, à quelques 572 kilomètres de son objectif. Dans la tente qu'il a planté, Roald Amundsen laisse à son attention des équipements et une lettre à remettre au roi Haakon, le roi de Norvège, dans laquelle il détaille son expédition au cas où il ne revenait pas de son périple. Mais il n'en sera rien. Les hommes rentrent au camp de base.

La tragédie derrière la première expédition au pôle Sud

Si l'équipe de Roald Amundsen revint sain et sauf en Norvège, Robert Falcon Scott et ses hommes moururent d'épuisement, de faim et de froid sur le chemin du retour. Cette tragédie éclipsa quelque peu la réussite de Roald Amundsen, son collègue étant alors vu comme un martyr. Le Norvégien dit de lui, lors d'un discours d'hommage, qu'il avait laissé "une réputation d'honnêteté, de sincérité, de bravoure et de tout ce qui fait un homme".

On dit que ce qui a permis à l'explorateur norvégien d'atteindre le pôle Sud avant Scott était sa préparation minutieuse de l'expédition, sa rigueur. L'explorateur a choisi d'utiliser des chiens de traîneaux - contrairement à son concurrent qui voyageaient avec des poneys de Mandchourie -, des animaux adaptés au climat polaire et qui pouvait également être tués pour nourrir hommes et bêtes durant le périple. Roald Amundsen était en effet un homme très organisé. "La victoire attend celui chez qui tout est en ordre", écrivait-il.