Roger Auque : père de Marion Maréchal-Le Pen et amant de Yann Le Pen

Roger Auque : père de Marion Maréchal-Le Pen et amant de Yann Le Pen Il fut l'amant de Yann Le Pen et est le vrai père de Marion Maréchal-Le Pen. Ancien journaliste, ancien otage, ancien mercenaire, devenu diplomate, Roger Auque a vécu dans sa vie bien des aventures.

[Mis à jour le 16 février 2015 à 12h10] Roger Auque, né en 1956, est décédé le 8 septembre 2014, des suites d'un cancer. Cet aventurier a publié en février 2015 un livre posthume chez Fayard, "Au service secret de la République", où il se confie sur son parcours, plein de rebondissements. Après avoir appris qu'il souffrait d'une grave tumeur qui le condamnait à mort, l'ancien journaliste, diplomate, ancien otage, mais aussi mercenaire, a décidé, en quelques mois, de livrer la vérité, toute la vérité sur sa vie. Y compris sur les bruits courant sur ses liens avec la famille le Pen, liens affectifs et même paternels.

Roger Auque était d'abord connu comme celui qui a été enlevé par le Hezbollah en janvier 1987, en pleine crise au Liban. Correspondant de guerre à l'époque, il est alors considéré par le mouvement chiite comme un agent de la DGSE. Il admettra d'ailleurs dans son auto-biographie que ces soupçons étaient fondés. Après environ un an de captivité, il sera libéré le 27 novembre 1987, avec le diplomate Jean-Louis Normandin, enlevé quant à lui en 1985. L'affaire des "otages du Liban", avec les interventions de Charles Pasqua et Jean-Charles Marchiani, fera scandale plusieurs années plus tard pour des soupçons de rançons ainsi que de rétro-commissions versées en marge de contrats nucléaires avec l'Iran.

L'ancien journaliste redeviendra otage 26 ans plus tard, mais du tourbillon médiatique cette fois. L'Express a en effet révélé fin 2013 qu'il était le vrai père de Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de Marine Le Pen et petite fille de Jean-Marie Le Pen. Une révélation pour laquelle l'hebdomadaire, poursuivi par la jeune députée FN du Vaucluse, a été condamné en avril 2015 pour "atteinte à la vie privée". Cette révélation était en effet lourde de conséquences pour la famille le Pen. Elle faisait de Samuel Maréchal, l'ancien cadre du Front national, le père adoptif de la jeune députée frontiste. L'article de l'hebdomadaire affirmait en outre que Marion Le Pen était même née deux ans avant qu'il se mette en couple avec Yann Le Pen, tout en acceptant de prendre l'enfant à sa charge. Un secret de polichinelle que la famille tentait de maintenir à l'abri des médias. Un secret d'abord mis au jour, par un livre de la journaliste Christine Clerc, Les "Conquérantes", paru le 18 novembre 2013. Un secret désormais confirmé par Roger Auque lui-même, qui ne voulait pas l'emporter dans sa tombe.

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Correspondant de guerre au Liban, Roger Auque est enlevé en janvier 1987 par le Hezbollah. Il sera libéré le 27 novembre 1987. Ici une photo de son retour à Paris. © ASLAN/DELAHAYE LUC/VILLARD/DELAH/SIPA

 

Roger Auque : journaliste, spécialiste du monde arabe

Né en 1956 dans le nord de la France, Roger Auque est le fils d'une famille de la classe moyenne de Roubaix. Son père est présenté comme "un gaulliste de gauche" et sa mère comme une "communiste". De quoi laisser pantois sur l'appartenance politique de Marion Le Pen qui serait, de fait, leur petite-fille autant que celle de Jean-Marie Le Pen. Proche de la droite néanmoins, Roger Auque sera finalement happé par la politique en 2008. Conseiller municipal UMP du 9e arrondissement de Paris, il sera finalement nommé ambassadeur de France en Érythrée par Nicolas Sarkozy à la fin de l'année 2009. Un poste que d'aucuns attribuèrent à sa proximité supposée avec Carla Bruni.

Pétri de culture arabe, Roger Auque est néanmoins proche des chrétiens et des phalangistes au Liban avant sa prise d'otage dans les années 1980, un camp souvent considéré comme très à droite dans cette guerre aux multiples facettes. Journaliste de grande expérience, il a travaillé, avant, pendant et après le Liban, pour de nombreux grands médias dont Paris Match, RTL ou encore La Croix. Il était encore correspondant de plusieurs radios et télévisions dont TF1, la RTBF, TSR, ou encore Radio-Canada entre 2002 et 2007, rapporte sa fiche Wikipédia.

EN VIDÉO - Interview de Roger Auque sur le plateau de Thierry Ardisson tandis qu'il était correspondant à Bagdad.

 

Une vie d'ambassadeur mouvementée

Roger Auque sera ambassadeur jusqu'en août 2012 et un rapatriement en France pour des problèmes de santé. Une maladie "importante", précise L'Express, qui lui a valu un séjour à l'Hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Remis sur pied, il semblait en attente d'une nouvelle affectation. Mais la maladie sera plus forte et cette carrière entamée de diplomate ne sera pas non plus sans son lot d'obstacles et de polémiques. En 2011, Roger Auque est par exemple accusé par le journal Bakchich d'avoir laissé une ardoise de plusieurs dizaines de milliers d'euros aux impôts ainsi qu'à des créanciers privés.

Cette affaire restera sans suite (médiatique en tout cas), mais elle aurait valu à un journaliste une convocation dans les locaux de la Direction centrale de la Police Judiciaire de Nanterre pour diffamation et même "menace de mort". Selon Bakchich, le journaliste, reporter à Canal+, ne serait autre que l'ancien compagnon de Mme Auque elle-même, ce qui n'arrange rien.

A peine remplacé en Erythrée, Roger Auque va vivre une autre polémique, plus politique cette fois, en déclarant sur RFI que le régime érythréen est une dictature, le comparant même à la Corée du Nord. Un discours bien peu "diplomatique".

Roger Auque a été fait chevalier de la légion d'honneur en 2004.

 

Des liens cachés avec la famille Le Pen

Marion Maréchal-Le Pen n'a rencontré son vrai père qu'à l'adolescence, en 2002, après la présidentielle qui verra Jean-Marie Le Pen triompher au premier tour. Dès lors, elle a continué à le voir régulièrement selon les informations de Christine Clerc, confirmées aujourd'hui par le livre de Roger Auque. La journaliste, qui ne cite pas directement le nom de son confrère dans son livre, avait reçu l'information de la mère de Marion Le Pen elle-même. Yann Le Pen lui a avoué avoir eu cette "aventure" après son premier mariage et avant la rencontre de Samuel Maréchal. Comble de la confidence : c'est même Marine Le Pen, la tante de Marion, qui se serait occupée de la fillette "comme un père" dans l'intervalle. Un argument souvent lâché en "off" pour prouver aux journalistes la proximité entre Marion Maréchal-Le Pen et la patronne du FN.

Roger Auque décrit quand à lui sa rencontre avec Yann Le Pen, lors d'une soirée parisienne où Jean-Marie Le Pen était présent, comme un coup de foudre. La nuit passée avec la grande soeur de Marine Le Pen et les quelques jours d'idylle qui changeront durablement la famille Le Pen sont subtilement évoquées dans son livre. Devant le grand déballage de 2013, Yann Le Pen, qui n'a jamais été sur le devant de la scène même si elle travaille depuis longtemps dans les coulisses du FN, fut particulièrement gênée. La mère de Marion Maréchal-Le Pen avait plusieurs fois évoqué la question avec des journalistes, mais jamais l'histoire n'avait été publiée auparavant.

Marion Maréchal-Le Pen, elle, s'est montrée en revanche très en colère. La plainte contre L'Express, pour "atteinte à son droit à l'intimité et à sa vie privée", a été très rapidement déposée. Marion Maréchal-Le Pen a toujours considéré Samuel Maréchal comme son vrai père, celui qui l'a élevée. Elle décidera d'ailleurs de garder son nom. Mais celle-ci aurait voulu connaître dès ses 15 ans son véritable géniteur, un mystérieux "journaliste" avec lequel sa mère avait eu "une aventure". Le nom de Roger Auque ne lui sera pas caché, ni sa riche biographie d'ailleurs.

Photo vignette : Le journaliste Roger Auque et sa fiancée Alexandra Ranz en 2005 lors d'une rencontre d'écrivains. ©BALTEL/SIPA