Mathieu Gallet : la rumeur d'une relation avec Macron exhumée

Mathieu Gallet : la rumeur d'une relation avec Macron exhumée GALLET - Certains l'avaient oubliée. Pas Frédéric Mitterrand. L'ancien ministre de la Culture, proche de Mathieu Gallet, a invoqué la rumeur qui le donnait en couple avec Emmanuel Macron pour justifier son limogeage de Radio France...

[Mis à jour le 1er février 2018 à 14h18] C'était en février dernier, en pleine campagne présidentielle. Au détour d'une réunion de quelques uns de ses supporter au théâtre Bobino à Paris, Emmanuel Macron crevait un abcès qui grossissait de semaine en semaine : "Pour mettre les pieds dans le plat, si dans les dîners en ville, si dans les boucles de mails, on vous dit que j'ai une double vie avec Mathieu Gallet ou qui que ce soit d'autre, c'est mon hologramme qui soudain m'a échappé, mais ça ne peut pas être moi !", lâchait le candidat à la présidentielle avec humour. Une "vanne" reprise dans toute la presse et utilisée à dessein. Depuis le début de la campagne, sur les réseaux sociaux et certains sites de "fake news", une rumeur prêtait une relation du futur chef de l'Etat avec le patron de Radio France. Faire passer Emmanuel Macron pour homosexuel, qui plus est en couple avec un des grands décideurs des médias français, avait de quoi réjouir certains de ses adversaires, notamment dans les milieux d'extrême droite où le potin sera abondamment partagée.

Evidemment, alors que Mathieu Gallet a été limogé hier par le CSA après sa condamnation pour favoritisme du temps où il présidait l'INA, la rumeur ne pouvait que revenir sur le devant de la scène. Et elle l'a fait d'une bien étrange façon. C'est un proche de Mathieu Gallet, l'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand qui  l'a évoquée ouvertement dans le Parisien. Celui qui était au gouvernement du temps de Nicolas Sarkozy a regretté d'abord "une déci­sion poli­tique". Puis il est allé plus loin : "Je pose la ques­tion. Je me demande même si la rumeur absurde de liai­son avec Emma­nuel Macron, que le futur Président avait lui-même évoqué pendant sa campagne, n'a pas joué en sa défa­veur". De quoi faire réagir Benja­min Griveaux, l'actuel porte-parole du gouvernement et proche d'Emmanuel Macron qui a assuré sur Europe 1 ce jeudi que l'Elysée n'était en rien impliqué dans cette révo­ca­tion.

Mathieu Gallet victime du gouvernement ?

Quoi qu'il en soit, Mathieu Gallet ne sera plus aux commandes de Radio France à partir du 1er mars 2018, d'après la décision des membres du CSA. Un scénario que la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait évoquée dans Le Monde il y a quelques jours, pesant chaque mot : "Un dirigeant d'entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n'est pas une situation acceptable", avait-elle fermement affirmé. Ce qui laissait penser que la démission de Mathieu Gallet était souhaitée au plus haut sommet de l'Etat. "On n'envoie pas une ministre de la Culture au feu s'il n'y a pas derrière une volonté inflexible. Cela ne peut venir que de l'Elysée", confiait il y a peu une "source politique" au Figaro. Comprendre : Emmanuel Macron voyait d'un mauvais oeil le maintien de Mathieu Gallet à son poste.

Droit dans ses bottes, Mathieu Gallet était pourtant catégorique. Anticipant sa condamnation lundi 15 février pour favoritisme, le patron de Radio France avait fait savoir au Monde, qu'il comptait bien rester à son poste quel que soit la décision des magistrats. "Mon mandat court jusqu'en mai 2019 et je resterai pleinement investi jusque-là", a-t-il indiqué au quotidien du soir. Ses avocats, qui ont fait appel de la décision de justice, n'avaient de cesse de marteler que la condamnation n'était pas effective, que la présomption d'innocence devait primer et qu'elle n'avait pas à interférer avec le mandat actuel de leur client.

Mathieu Gallet condamné pour favoritisme

Reste que Mathieu Gallet a été identifié par la justice comme responsable d'actes de "favoritisme" lorsqu'il était président de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), pour des contrats passés avec des sociétés de conseils, pour 400 000 euros. Les juges ont considéré que deux contrats avaient été conclus sans que Mathieu Gallet ne respecte la législation en vigueur sur les marchés publics. Pour assurer sa défense devant les juges, Mathieu Gallet avait tenu un argumentaire singulier, reconnaissant qu'il ne savait tout simplement pas ce qu'imposait la réglementation en la matière : "Avant mon arrivée à l'INA, je n'avais jamais été confronté à ces questions de marché public", avait-il admis lors de son audition. Pour Anticor, partie civile, cette condamnation a été "une vraie satisfaction". L'association qui lutte contre la corruption en France a estimé que la justice a "rappelé que lorsqu'on est responsable d'un établissement public, géré avec des deniers publics, on se doit de le gérer avec rigueur et responsabilité".

Le PDG de Radio France composait depuis sa condamnation avec de nouvelles critiques concernant sa capacité à gérer un établissement public de si grande ampleur. Et ce alors que le gouvernement et le président s'interrogent sur les choix budgétaires opérés ces derniers mois dans les médias publics. Depuis qu'il a pris la tête de Radio France, Mathieu Gallet a d'ailleurs fait l'objet de nombreuses polémiques. Chargé de réduire drastiquement les coûts, il a été régulièrement épinglé par les syndicats qui ont mené, en 2015, une grève historique de 28 jours contre son plan de départs. Le tout avec un chantier pharaonique de rénovation de la Maison de la Radio accusé de plomber les comptes du groupe. En 2014, quelques semaines à peine après sa nomination, Mathieu Gallet était par ailleurs épinglé par le Canard Enchaîné pour la rénovation de son propre bureau. Un relooking évalué à 105 000 euros avec moquette luxueuse et boise­ries de palis­sandre, écrivait alors l'hebdomadaire... Le PDG de Radio France sera finalement blan­chi par l'ins­pec­tion géné­rale des Finances, en 2015.  Mais la réputation du charmeur cultivé, moderne, ambitieux, élégant et un brin précieux va, elle, rester.