Jean-Frédéric Poisson exclu de la primaire de la droite ? Ce que prévoit la Haute autorité

Jean-Frédéric Poisson exclu de la primaire de la droite ? Ce que prévoit la Haute autorité Le candidat du Parti chrétien-démocrate se défend de toute "intention malicieuse" dans ses propos controversés. Christian Estrosi exige des excuses. Nathalie Kosciusko-Morizet dénonce de l'antisémitisme.

[Mis à jour le 21 octobre 2016 à 10h07] "Je suis vraiment désolé que cette déclaration ait provoqué un trouble, ce n'était pas absolument pas mon intention". Jean-Frédéric Poisson essaie de désamorcer la polémique qu'à suscité ses propos, tenus jeudi dans une interview donnée à Nice Matin. A l'antenne de RCJ, il a constaté que ses propos "ont pu provoquer une sorte d'émotion au sein du Crif, j'en suis désolé, parce que ce n'était évidemment pas mon intention, et je veux redire ici toute l'amitié que j'ai pour l'Etat d'Israël et pour le peuple juif dans son ensemble". Dans les colonnes du quotidien Nice matin, le président du Parti chrétien-démocrate avait dénoncé "la proximité d'Hillary Clinton avec les super-financiers de Wall Street" et sa "soumission aux lobbies sionistes".

Hier soir, Nathalie Kosicusko-Morizet, l'une de ses rivales dans la primaire de la droite et du centre, a indiqué sur Twitter qu'elle saisirait aujourd'hui la Haute autorité de la primaire, condamnant des "thèses complotistes" et de "l'antisémitisme". Le Crif (le conseil représentatif des institutions juives de France) a rédigé un communiqué adressé aux organisateurs de la primaire : "Par ses propos nauséabonds, Jean-Frédéric Poisson s'est placé en dehors du cadre de la primaire de la droite et du centre". L'organisation demande explicitement "aux 14 membres de la commission d'organisation de la primaire de la droite et du centre de prendre une sanction exemplaire à la mesure de la gravité de ces affirmations". Christian Estrosi, invité de France Info ce vendredi, a demandé "très fermement", à Jean-Frédéric Poisson de s'excuser et de retirer ses propos. Dans le cas contraire, le président de la région PACA estime que le candidat "n'a plus sa place" dans la primaire.

Fin de la primaire pour Jean-Frédéric Poisson ?

Jean-Frédéric Poisson, inconnu du grand public jusqu'au premier débat de la primaire, est désormais sur la brèche. Le président de la commission d'organisation de la primaire de la droite, Thierry Solère, a assuré sur France Info que la situation de Jean-Frédéric Poisson sera examinée le 26 octobre, durant la prochaine réunion de la commission. Les statuts de la primaire ne sont pas extrêmement clairs sur le processus d'exclusion d'un candidat. La Haute autorité "peut adresser aux personnels des partis et groupements politiques concourant à la primaire toutes instructions qu'elle estime nécessaires au bon déroulement de l'élection (art. 10, § 4, Charte de la Primaire)".

Elle peut également "être saisie [...] par le représentant d'un candidat de toute difficulté relative à l'organisation de la primaire. En ce cas, elle statue dans un délai de 48 heures après avoir entendu l'ensemble des représentants des candidats (art. 10, § 4, Charte de la Primaire) et peut décider d'entendre les candidats eux-mêmes". "Les décisions de la Haute Autorité ne sont susceptibles d'aucun recours devant une instance des partis et groupements politiques concourant à la primaire" (art. 10, § 7, Charte de la Primaire).

La Haute autorité est le gendarme du scrutin mais n'a aucun pouvoir de sanction. Elle ne peut que formuler des "observations individuelles" et des "recommandations générales". L'exclusion d'un candidat n'est pas prévu dans le cadre de ses prérogatives propres. 

Jean-Frédéric Poisson flirte avec l'extrême droite

Le patron du Parti Chrétien-démocrate admet volontiers se sentir plus proche de Marion Maréchal-Le Pen que de Nathalie Kosciusko-Morizet. En décembre, il tiendra à Paris un meeting aux côtés de Robert Ménard, le maire de Béziers, dont les initiatives identitaires font régulièrement la une des médias.

Crédit vignette - NICOLAS MESSYASZ/SIPA