Drôles de stages : comment l'Etat veut déradicaliser les intégristes

Drôles de stages : comment l'Etat veut déradicaliser les intégristes Stage de cirque, cours de boxe, catamaran, sessions de plongée… Depuis 2015, ces activités de type colonie de vacances sont financées par des fonds alloués à la lutte contre la radicalisation en prison au milieu d'autres initiatives...

Ateliers de hip-hop dans l'Orne, sorties en catamaran dans le Morbihan, mais aussi cours de boxe (toujours dans le grand Ouest) et même "une initiation à la canne de combat" dans l'Oise... Estampillés "stages de citoyenneté" et organisés par l'administration pénitentiaire, certaines activités mises en place dans une vingtaine de prisons après les attentats de Paris font étrangement penser au programme d'un club de vacances. Et pourtant : leur financement puise dans les fonds du plan de lutte contre la radicalisation en prison, 80 millions d'euros débloqués sur trois ans au lendemain des attentats de janvier. Ces fonds servent aussi à des stages moins étonnants et à pallier le déficit de personnel et d'infrastructures. Mais en quoi consistent ces activités parfois coûteuses ? Où ont-elles été mises en place ? Comment sont-elles perçues par le milieu carcéral ? Pour en savoir plus, cliquez sur l'image ci-dessous :

"La déradicalisation marchera sur certains individus et échouera sur d'autres"

Sébastien Pietrasanta (PS). © Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

3 QUESTIONS A... Sébastien Pietrasanta - Député socialiste des Hauts-de-Seine, rapporteur du projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme, auteur en 2015 d'un rapport intitulé " La déradicalisation, outil de lutte contre le terrorisme " commandé par Manuel Valls et nommé, en février 2016, rapporteur de la commission d'enquête sur les attentats de Paris.

  • Catamaran, stage de cirque, mais aussi cours de boxe et initiation à la canne de combat... Pour vous, ces activités étiquetées "stages de citoyenneté" dans les prisons sont-elles adaptées à un processus de déradicalisation ? 

Non, j'avais déjà émis des critiques sur la déradicalisation en prison qui n'est de mon point de vue pas à la hauteur de l'enjeu. Il faut professionnaliser.

  • Vous préconisez un suivi individualisé des radicalisés. N'est-ce pas mettre la barre trop haut avec les moyens dont dispose l'Etat ?

Non, le suivi individualisé se fait déjà par de nombreuses structures associatives mais aussi par les préfectures. Il est le gage indispensable de la réussite.

  • Vous parliez en 2015 de s'inspirer des méthodes de pays étrangers et notamment des mentors à la danoise, tout en restant prudent. Avez-vous aujourd'hui plus de recul sur le sujet et notamment sur le risque de la "taqîya"* inhérent à ces méthode ?

La Taqîya est de plus en plus utilisée et notamment en milieu carcéral. La déradicalisation marchera sur certains individus et échouera sur d'autres. Elle est néanmoins utile tout en étant très prudent. C'est un processus qui prendra plusieurs années.

* Acte de dissimilation des jihadistes qui font semblant de jouer le jeu de la déradicalisation et du repentir tout en conservant leur doctrine et leurs objectifs initiaux.