FN : qui sont ses nouveaux électeurs et comment ils ont été séduits ?
"Pour la première fois, mesdames, messieurs, vous allez voter Front national. (...) Qu'ai‐je à vous répondre ? Certainement pas que vous êtes un amas de fascistes, de racistes, de réactionnaires (...). Mais il ne saurait non plus s'agir de vous victimiser, de vous certifier que vous êtes 'la France des oubliés'. (...) Pour dialoguer, il faut comprendre d'où chacun parle."Ainsi commence l'ouvrage de Nicolas Lebourg, "Lettres aux Français qui croient que cinq ans d'extrême droite remettraient la France debout". Ce membre de l'Observatoire des radicalités politiques et spécialiste des extrêmes droites en Europe s'y adresse à des citoyens fictifs prêts à voter FN, de la senior de Janville au médecin d'Aix-en-Provence, en passant par la caissière de Perpignan. Objectif ? "Comprendre", à l'approche de la présidentielle de 2017. Pour en savoir plus sur ceux qui ont changé d'avis sur le FN, cliquez sur l'image :
Les méthodes de séduction du Front national
Face à la gauche et à la droite qui se délitent, le FN ne perd pas le Nord et gagne un peu plus de terrain chez les électeurs à chaque scrutin. Y compris au sein des électorats traditionnels de la gauche et de la droite. De 10,4 % des voix en 2007, le Front national a atteint les 17,9 % en 2012, avant de se hisser à 30,6 % des voix, un record, aux régionales de 2015.
Le parti présidé par Marine Le Pen profite d'être un parti "idéologiquement interclassiste" pour cibler "un électorat qui le soit tout autant", analyse l'historien du FN Nicolas Lebourg dans le livre dont nous publions des extraits dans ce dossier. Mais comment fait le FN ?
- Il s'appuie sur les échecs répétés des partis traditionnels
- Il met à profit la "demande autoritaire [qui] domine désormais"
- Il s'empare de la question sociale, celle qui "structure" le réel
- Il fait des promesses personnalisées à des segments précis d'électeurs (professeurs, gays, retraités...)