Peter Cherif : comment le jihadiste a rencontré les frères Kouachi
Il était l'un des jihadistes les plus recherchés du monde. Peter Cherif, 36 ans, en cavale depuis 2011, a été arrêté ce dimanche à Djibouti, a-t-on appris en cette fin de semaine grâce à des sources proches du dossier qui ont confirmé une information de Marianne. Egalement connu sous le pseudonyme de Abou Hamza, il a été placé en garde à vue dans ce pays de l'est de l'Afrique bordant le golfe d'Aden. Décrit comme potentiel commanditaire de l'attaque contre Charlie Hebdo, en janvier 2015, Peter Cherif connaissait bien les frères Kouachi, auteurs de l'attentat. Ensemble, ils faisaient partie de la fameuse filière des Buttes-Chaumont, du nom du quartier nord-parisien où ils se sont rencontrés à la fin des années 1990, et berceau de plusieurs délinquants français s'étant radicalisés.
C'est au début des années 2000, au sortir de l'adolescence, que Peter Cherif se serait dirigé vers le radicalisme religieux. Né d'une mère venue de Tunisie et d'un père antillais catholique, selon les informations de l'organisation Counter Extremism Project, il se convertit à l'islam en 2003 et très vite, se rapproche des milieux radicaux, notamment en fréquentant le prédicateur Farid Benyettou. "Au début des années 2000, lors de l'insurrection en Irak après l'invasion américaine, des jeunes issus des Buttes-Chaumont vont se rendre là-bas", explique Matthieu Suc, spécialiste du terrorisme, à BFM TV. Peter Cherif en fait partie.
Peter Cherif a convaincu l'un des Kouachi de rejoindre le Yemen
En Irak, il rejoint le jihad et Al Qaïda et se fera arrêter à Falloujah, dans le centre du pays, avant de s'évader en 2007 et de se rendre, un an plus tard, à la justice française. Alors que son procès s'achève, en 2011, il ne se rend pas au dernier jour de l'audience et c'est là, donc, que sa cavale débute et le mène au Yemen, où il rallie Al Qaïda dans ce pays du sud de la péninsule arabique. Toujours en contact avec les frères Kouachi, il convainc Saïd de le rejoindre, avant que ce dernier ne rentre en France pour commettre l'attaque contre le journal satyrique.
L'extradition de Peter Cherif depuis Djibouti vers la France pourrait ne pas se faire dans l'immédiat, "le cadre juridique dans lequel il est détenu n'étant pas encore formellement défini", explique une source proche du dossier au Monde. Bien qu'il soit Français, "Peter Cherif n'est pas, à ce stade, retenu dans le cadre d'une procédure judiciaire française", glisse une source judiciaire française au quotidien.