Tsukasa Hôjô (Mangaka) "Les mangas qui abordent l'homosexualité plaisent aux jeunes filles"
Auteur des best-sellers Cat's Eye et City Hunter, Tsukasa Hôjô était l'invité d'honneur de la 11e édition de la Japan Expo du 1er au 4 juillet 2010. L'occasion pour lui de fêter ses 30 ans de carrière.

L'Internaute Magazine : Tsukasa Hôjô, vous fêtez vos 30 ans de carrière, comment envisagez-vous votre avenir de mangaka ?
Tsukasa Hôjô : Je ne suis pas encore au sommet de mon art. Mais j'ai envie de changer et peut-être réfléchir à des choses plus écologiques.
Angel Heart, votre dernier manga en cours, propose une histoire alternative à City Hunter, pourquoi avoir choisi de vous focaliser sur le côté sombre du héros Ryô Saeba (Nicky Larson) ?
Je n'ai pas spécialement eu l'intention de mettre en avant le côté sombre du personnage, mais le fait de le voir brisé par la perte d'un être cher (Kaori) donne cette impression au lecteur.
Si vous aviez pu renommer vous-même Ryô Saeba en français, l'auriez-vous appelé Nicky Larson ?
Je n'arrive pas du tout à imaginer un nom français. Si ça plaît et que les gens l'ont adopté avec ce nom là, pourquoi pas ! Par contre, dans la version coréenne, par exemple, c'est aussi traduit par Ryô, mais écrit en caractère coréen, ça m'a, visuellement, comment dire, un peu étonné...
Comment expliquez-vous l'omniprésence de l'homosexualité et de l'ambiguïté des sexes dans les mangas japonais ?

Curieusement, les mangas qui abordent ces thèmes, que ce soit l'homosexualité ou l'amitié ambigüe entre deux hommes, plaisent beaucoup aux jeunes filles. A l'inverse, ils restent assez tabou dans les mangas réservés à un public masculin hétérosexuel : quand j'ai écrit Family Compo, qui traite du travestissement et de la transsexualité, je me suis dit que c'était intéressant de capturer l'image de la famille en utilisant ce genre de thèmes. Mais c'était en 1996, et quand je l'ai proposé à une maison d'édition, on m'a dit que c'était un truc de pervers et qu'il ne pouvait pas être publié. Je l'ai alors proposé à un magazine qui a accepté de l'éditer. Cette publication a été un déclencheur, car à partir de ce moment-là, d'autres mangas de ce genre ont commencé à fleurir.
Quel est votre avis sur le phénomène des "scantrad" : êtes-vous pour ou contre une version traduite et numérisée de votre œuvre, en téléchargement libre sur Internet ?
Je n'ai pas vraiment de prise dessus, mais si je pouvais, il faudrait que les fans puissent demander la permission avant de faire ça.
Quel manga lisez vous en ce moment ?
Je ne lis pas de mangas ! Bien sûr, je regarde ce qui est publié dans ma maison d'édition, mais je regarde seulement pour être au courant de l'actualité.
Est-ce que vous lisez des livres ?
J'en lis beaucoup, entre 3 et 6 par mois, en majorité des auteurs japonais. Côté étranger, dernièrement j'ai lu le roman Sex and The City de Candace Bushnell, j'ai trouvé ça amusant, j'avais vu le film. Lire des bouquins, regarder des films, c'est plus un hobby pour moi qu'un travail.

Quel est pour vous le meilleur manga de tous les temps ?
Il n'y a pas d'œuvre majeure que j'ai vraiment aimée. En tant qu'auteur moi-même, je ne peux m'empêcher d'avoir un regard critique. Avant, tous les mangas me plaisaient. Comme je reçevais des critiques de mes oeuvres, je me suis dit que j'allais faire moi-même des critiques des autres et comme ça, 30 ans sont passés...
Si vous étiez cosplayer à la Japan Expo, vous vous déguiseriez en quoi ?
Comme je ne connais pas du tout les mangas actuels, je ne saurais pas en quoi me déguiser !
Pour aller plus loin : Cosplay, une culture geek aux couleurs du Japon
Voir aussi : Twilight, le roman maintenant en manga