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 CHAT 
Mai 2006

"Mon prochain polar sera plus intimiste."

Auteur de polars infiltré dans la brigade des stupéfiants, Laurent Scalese publie son nouveau roman à suspense "Le sang de la mariée" chez Belfond. Il a répondu aux questions des lecteurs.
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Les personnages du "Sang de la mariée" sont-ils inspirés de vrais policiers ?
Laurent Scalese Certains sont inspirés de vrais policiers.

Quels est le dernier film que vous ayez vu au cinéma qui vous ai inspiré ?
"Heat" de Mickael Mann.

Combien de temps avez-vous mis pour écrire votre roman ?
Un an.

Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Le thème du tueur en série fascine les gens depuis toujours. Je crois qu'il est inusable.

Est-ce inspiré d'une histoire vraie ?
Certains faits divers, non médiatisés, ont pu m'inspirer. Mais dans l'ensemble, l'histoire est purement imaginaire.

Vous a t-on proposé d'en faire une adaptation à la télé ou au cinéma ?
J'ai été approché par des producteurs de cinéma, mais chaque fois le budget pose problème. En revanche, j'écris des scénarios pour la télévision.

Quelles sont les séries qui vous scotchent ?
"Les Experts", "FBI portés disparus" et puis une série qui a été interrompue : "Boomtown".


"Le thème du tueur en série fascine les gens depuis toujours."

Qu'est ce qui vous a donné la goût de l'écriture ?
J'écris depuis que j'ai 9 ans. C'est une véritable passion.

Est-ce que ce que vous écrivez ne vous hante pas trop la nuit ?
La violence présente dans mes livres est un moyen d'expulser ma peur de la mort.

Quelle est votre originalité par rapport au genre ?
Jeune, j'adorais les polars à énigmes, genre Conan Doyle et Christie. J'aime travailler ainsi : un tueur, un flic qui me traque, une bonne dose de suspense et la révélation finale.

Auriez-vous aimé être un policier de la criminelle ?
Non, pour plusieurs raisons. Les flics de la Crim, et les autres, ont une vie décalée. Ils voient des choses horribles tous les jours. Il faut avoir les nerfs vraiment solides.

Quels sont les secrets pour faire durer le suspense ?
Je n'ai pas de secret à révéler.

Pour vous la vie est ce mélange d'horreur et d'amour ?
L'horreur est présente tous les jours au JT de 20 heures. Les auteurs de polars rapportent des faits, des crimes bien moins horribles que ceux étalés dans les journaux.

Il parait que le roman noir français se porte de mieux en mieux... pourquoi, d'après-vous ?
Parce qu'il y a des auteurs de plus en plus talentueux.

Quels sont les auteurs actuels que vous lisez ?
En France, il y a Grangé, Chattam. Sinon, j'adore Connelly et d'autres qui sont morts depuis longtemps : Chandler, Hammett, Thompson, Mc Coy.

Pourquoi pas vous lancer dans les romans d'amour ou de science-fiction ?
J'ai écrit des romans de SF, non publiés. Le genre n'est, à l'heure actuelle, pas commercial.

Quelles différences faites-vous entre les polars français et américains ?
Aux Etats-Unis, c'est la démesure. Les crimes, les enquêtes prennent une dimension particulière. Ici, on voit les choses en plus petit. Pour ma part, je le regrette.


"Aux Etats-Unis, c'est la démesure."

Pourquoi des robes de mariée ? Avez-vous un problème avec le mariage ?
Non. C'est juste une idée.

Etes-vous marié ?
Oui.

Avez-vous des scrupules sur la narration de la violence ? Faites-vous de l'autocensure ?
Dans l'absolu, je ne me censure pas. Une fois le manuscrit fini, l'éditeur propose des corrections et nous en discutons ensemble. Certaines choses peuvent le déranger.

Vous arrive-t-il parfois de vous inspirer de faits réels ?
Rarement. Je préfère inventer. C'est plus excitant.

Votre prochain livre sera-t-il un polar ?
Oui, mais plus intimiste. Il y aura moins de personnages. L'ambiance sera plus sombre encore.

Aimeriez-vous que l'un de vos livres soient adaptés au cinéma ?
Oui, comme tous les auteurs. Même si on est souvent déçu du résultat.

Qu'est-ce qu'attend un amateur de polar ? Du sang ? Des rebondissements ?
Les deux. Surtout, je pense, des frissons.

Quels sont les thèmes que vous n'avez jamais traités et qui vous inspirent ?
La solitude, l'échec, des choses qui peuvent amener un homme à commettre l'irréparable.

Que pensez-vous du phénomène "Da Vinci Code" ?
Je ne l'ai pas lu. Les auteurs qui ont des recettes toutes faites me rendent suspicieux. Je crois qu'il n'y a pas de recette, pas de méthode, juste l'envie d'écrire avec son cœur.

D'après vous, le polar ça ne plait qu'en été ou tout le temps?
Tout le temps. On peut lire un polar n'importe où, n'importe quand.

Sagane vous ressemble-t-il dans son caractère ?
Forcément, certains traits de son caractère sont aussi les miens. Mais ça s'arrête là. Il fait des choses que je serais bien incapable de faire.


"J'ai beaucoup lu "Strange", avec Spider-Man et consorts."

Pensez-vous que les hommes et les femmes écrivent les polars de façon différente ?
Oui. Il n'y qu'à lire Patricia Highsmith, notamment, pour s'en rendre compte. Les femmes travaillent plus dans la psychologie.

D'où vient ce nom "Sagane" ?
Je l'ai trouvé en passant devant une quincaillerie, il y a sept ou huit ans. Je regardais la vitrine et le nom est venu d'un coup.

Pour vous c'est qui LA femme fatale ?
Sharon Stone dans "Basic Instinct".

Quel genre de BD lisez-vous ?
Je ne lis pas trop de BD. Plus jeune, j'ai beaucoup lu "Strange", avec Spider-Man et consorts.

Etes-vous fan du festival du film policier de Cognac ?
Je suis l'actualité du film policier avec beaucoup d'attention.

Avec tous les auteurs qu'il existe, est-il encore possible de vivre de ses romans ?
Oui, c'est possible. A condition de ne pas vouloir à tout prix être parmi les plus gros vendeurs.

Je n'ai lu que votre dernier livre, changez-vous de style d'un roman à l'autre ?
J'aime changer de style, d'univers. Concernant le style, il évolue à chaque livre. L'auteur apprend toute sa vie.

Vous êtes un fan d'Alias également car un des personnages se nomme Sark comme dans la série. Coïncidence ou fait volontaire ?
Fait volontaire.

Avez-vous déjà été sollicité pour l'écriture de scénario ?
Oui, j'écris actuellement pour la télé. Bientôt, pour le cinéma. Je viens de terminer l'écriture d'un scénario pour TF1, produit par Sergio Gobbi. Il s'agit d'un unitaire, un policier.


"J'écris actuellement pour la télé. Bientôt, pour le cinéma."

Qu'est-ce qui différencie "Le sang de la mariée" de vos autres ouvrages ?
Il est plus abouti, mieux construit, plus mûr. J'ai approfondi la psychologie des personnages, j'avais envie que le lecteur puisse les toucher du doigt.

Faites-vous beaucoup de recherches sur le terrain ?
Je rencontre des policiers des différentes brigades depuis plusieurs années. Ils m'informent aussi des nouvelles techniques.

Quel est le roman que vous avez écrit que vous préférez ?
J'en aime vraiment deux : "L'Ombre de Janus" et "Le sang de la mariée".

Vous êtes vraiment un fana des histoires policières dans la vie comme dans vos romans ?
Je regarde les séries, les films, je suis un gros consommateur. Et puis, j'ai envie de connaître les tendances, savoir ce qui marche.

Vous avez un penchant pour la mythologie ?

Depuis que j'ai vu le film "Jason et les Argonautes". Une véritable passion.

Y a-t-il un roman dont vous n'êtes pas tellement fier ?
Même si j'aime le premier, il est forcément moins abouti. Aujourd'hui, je n'en vois que les défauts.

D'où vous est venue cette idée de robes de mariée, dans votre dernier livre ?
Je voulais qu'il y ait un contraste entre le tueur qui commet des crimes monstrueux et son désir de pureté : unis pour la vie, etc.

Est-ce agréable d'écrire des choses dont on sait qu'elles vont susciter l'horreur chez le lecteur ?
Nous sommes tous fascinés par la violence et l'horreur. Un exemple tout bête : on s'arrête pour regarder un accident de la route...

Vous inspirez-vous des séries policières françaises qui passent à la télévision ?
Rarement. Mais je crois que c'est en train de changer. Je travaille avec une équipe qui a envie de changer la donne.

L'actualité politique vous inspire t-elle pour un nouveau roman ?
Non, les politiques ne m'inspirent qu'ennui et lassitude. On dirait des écoliers dans une cour de récréation.


"L'écriture est une réponse à mes névroses."

Un roman policier joue donc sur le côté voyeur des gens ?
Pas forcément. Pour ma part, j'écris d'abord ce que je sens. Si le public suit, je suis heureux.

Comment vous viennent toutes ces idées sordides ?
Une peur obsessionnelle de la mort. L'écriture est une réponse à mes névroses.

Pourquoi vous intéressez-vous au monde des stupéfiants ?
Parce que les flics de cette brigade sont différents des autres. Ils travaillent la nuit, n'ont pas de vie privée pour la plupart. Surtout, ils mènent un combat perdu d'avance : stopper la vente de drogue.

Comment avez-vous construit le personnage de Sagane ?
Sagane est mon premier personnage. Il s'est construit tout seul. Un écrivain prend la main de son personnage et se laisse conduire par lui.

Dans votre roman les femmes tuées méritent leur mort selon vous ?
Je ne comprends pas le sens de votre question. Il s'agit d'une fiction, point barre.

Ne pensez-vous pas que la télévision est en train de "pourrir" le polar, avec des intrigues simplistes et formatées ?
Peut-être, mais c'est ainsi que fonctionne le système. Rien ne pourra changer cette vérité. Il y a trop d'argent en jeu.

Aimeriez-vous être un homme puissant ?
Non, je crois que nous sommes tous capables du pire. Les puissants, eux, commettent trop souvent le pire.

Vous voyez-vous écrire un jour un roman où tout est beau et "rose" ?
Ce n'est pas dans ma nature. Et puis, le "roman noir" est tout sauf une partie de plaisir.

Quels auteurs aimez-vous et au contraire détestez-vous ?
J'adore : Chandler, Dick, Hammett, Asimov, Boulle, Simenon, etc. Je ne parle jamais des auteurs que je n'aime pas pour la simple et bonne raison que je respecte tous les écrivains - sauf ceux qui n'écrivent pas leur livre, et il y en a !

Que feriez-vous si vous n'étiez pas écrivain ?
J'ai toujours voulu écrire. Le chemin pour y parvenir a été long, douloureux, mais ça valait la peine. J'écris tous les jours, je fais ce que j'aime. Que demander de plus ?


"Je ne parle jamais des auteurs que je n'aime pas."

Dans votre livre vous parlez de Renato, le patron du Fin Gourmet. C'est une référence à la "cage aux folles" ?
Non, je n'y avais même pas pensé !

C'est quoi votre journée type ?
J'écris en moyenne quatre à six heures par jour, le jour ou la nuit, ça dépend.

Y a-t-il des reflets de vous dans vos héros ?
Bien sûr. Mais avec le temps, je parviens à créer des personnages qui s'éloignent de moi.

Généralement, vos coupables sont identifiés à la fin des romans. Pensez-vous écrire un jour un roman dans le coupable serait connu au début, un peu à la "Colombo" ?
C'est dur à faire, mais pourquoi pas ? En fait, il n'y a et il n'y aura toujours qu'un seul Colombo.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune écrivain pour réussir ?
Ecrire ce qu'il a vraiment envie d'écrire, se remettre en question tous les jours, toujours chercher à s'améliorer et surtout y croire, croire en soi coûte que coûte.

Qu'est-ce que vous aimez dans l'écriture ?
C'est une libération, un moyen de communiquer avec l'autre, le lecteur.

Votre roman ressemble-t-il à l'histoire de Guy Georges ?
Aucun rapport avec Guy Georges.

D'où vient l'inspiration ?
Elle vient de mes angoisses, tout simplement. Une chose me fait peur, je la couche sur le papier.

Laurent Scalese Merci à tous. J'ai passé un moment formidable en votre compagnie. A bientôt.


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