Nicolas Sarkozy : a-t-il tenté de protéger Lance Armstrong ?

Nicolas Sarkozy : a-t-il tenté de protéger Lance Armstrong ? Pierre Bordry, ancien président de l'Agence française de lutte contre le dopage, a affirmé que Lance Armstrong avait demandé sa démission auprès de "son ami" Nicolas Sarkozy.

Dans une interview accordée à France Info, Pierre Bordry, ancien président de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), a expliqué les difficultés auxquelles il était confronté pour mener son action à son ancien poste et qu'il avait préféré démissionner en 2010 pour dénoncer le manque de moyens de l'agence. Il a également évoqué le cas Armstrong, qui selon lui "avait constitué autour de lui une cellule qui le protégeait". Si Pierre Bordry ne peut concevoir que l'ancien président de la République ait pu interférer dans le dossier, il s'est dit "surpris le jour où Armstrong, sortant d'un déjeuner avec lui, a dit qu'il avait demandé (s)on départ au président de la République".

Dans une interview accordée à l'AFP, Pierre Bordry a affirmé qu'il s'était approché de Roselyne Bachelot, alors ministre des Sports, pour évoquer le sujet et en savoir davantage. "J'ai essayé d'avoir des informations mais en septembre 2010, Mme Bachelot a proposé la suppression de la moitié de mon budget. L'agence devait réduire ses contrôles. C'est pour ça que je suis parti". Et l'ex président de l'AFLD d'ajouter : "Quand je suis parti, Armstrong a fait un tweet, sur Twitter : "Au revoir Pierre", en s'adressant à moi. Je lui ai répondu qu'il n'en n'avait pas fini avec l'agence américaine".

Pas d'accusation, mais une gêne...

Sans accuser personne, Pierre Bordry a tout de même fait état de "gênes" lorsqu'il était président de l'AFLD et qu'il "traquait" le coureur américain. "Il y a sûrement des choses qui ont été faites qui ont rendu les procédures un peu compliquées" ajoutant "Moi je n'ai pas eu de difficultés avec le président de la République, en direct".

Nicolas Sarkozy aurait-il pu intervenir d'une manière ou d'une autre pour protéger le cycliste ? Aurait-il pu accorder "la tête" du président de l'AFLD à Lance Armstrong pour le protéger ? Grand amateur de vélo, l'ancien chef de l'Etat n'a jamais caché son amitié ni son admiration pour Lance Armstrong qu'il a toujours considéré comme un grand champion, louant son action à chaque occasion. Et les deux hommes s'appréciaient mutuellement. En mars 2010, le coureur avait même offert un vélo à Nicolas Sarkozy. Lors d'une étape du Tour de France quelques mois plus tard, celui-ci avait érigé publiquement le cycliste en modèle pour la jeunesse.

Pourtant, en fin connaisseur de ce sport, Nicolas Sarkozy ne pouvait ignorer les lourdes rumeurs de tricherie qui entouraient Lance Armstrong. Lorsqu'étaient évoquées les suspicions de dopage sur le Tour, le président de la République répondait alors avec une légèreté déconcertante. Comme le rappelle le journaliste Laurent Bazin sur Twitter, le président avait l'habitude d'éviter le sujet d'un revers de main : "Même Astérix prenait de la potion magique !" disait N. #Sarkozy, à propos de #Armstrong en 2009." a posté le journaliste sur son compte. 

EN VIDEO : Lance Armstrong a été officiellement déchu de tous ses titres du Tour de France :

"Le cyclisme tire un trait sur Armstrong"