Marineland : que vont devenir les derniers orques ? Une piste déjà abandonnée

Marineland : que vont devenir les derniers orques ? Une piste déjà abandonnée Le parc Marineland vit ses dernières heures et des questions persistent sur l'avenir des orques. Où vont-elles aller ? Comment seront-elles traitées ? Dans quelles conditions de transfert ? La ministre de la Transition écologique donne des éléments de réponse.

Le parc Marineland fermera définitivement ses portes le 5 janvier, après 55 ans d'existence. La raison : la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes. Celle-ci prévoit que "sont interdits les spectacles incluant une participation de spécimens de cétacés et les contacts directs entre les cétacés et le public". Il faut donc trouver une solution pour les 4 000 animaux du parc. Si des sanctuaires existent déjà pour les dauphins et les phoques, et que les plus petits animaux, comme les loutres ou les pingouins, peuvent être accueillis dans d'autres établissements, la situation des deux orques est difficile.

En effet, aucun sanctuaire n'existe pour ces géants des mers et elles ne sont pas capables de vivre seules en liberté. Ces deux orques n'ont jamais connu autre chose que la captivité. Le parc Marineland avait donc exprimé sa volonté de faire transférer Wikie et Keijo dans un parc similaire à Kobe, au Japon, où les spectacles de cétacés sont toujours autorisés. Mais la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dit non. Les conditions de vie de ces animaux auraient été trop mauvaises, explique la ministre : "Le refus a été notifié à Marineland le 18 décembre", confie-t-elle au Parisien. De plus, les conditions de transport auraient été trop mauvaises : "La distance de transport vers le Japon était par ailleurs déraisonnable eu égard au traumatisme que cela aurait provoqué chez les orques".

Quelle solution ?

Mais alors, où vont partir Wikie et Keijo ? Le Marineland étant propriétaire de ces animaux, c'est le seul qui puisse décider de leur avenir. La ministre de la Transition écologique ne pourra que refuser des transferts vers des parcs similaires à l'étranger. "Marineland travaille sur une solution que nous étudierons lorsqu'elle sera prête. La priorité est de privilégier le bien-être de Wikie et Keijo, qu'elles supportent leur déplacement et de faire en sorte que leur état de santé ne se dégrade pas".

Une solution existepourtant et est poussée par les associations de défense des animaux, mais elle serait moins lucrative pour le parc, qui ferme pour des raisons économiques provoquées par la loi de 2021. Comme l'a rappelé à BFMTV Muriel Arnal, la représentante de l'association de défense des animaux "One Voice", il y a "un bras de mer fermé par des filets", un espace "très vaste, de plusieurs hectares, avec des soins 24h/24 pour les orques, des soins vétérinaires et de la nourriture toute leur vie", au Canada. Reste à voir si le Marineland se tournera vers cette option ou non.

L'état de santé inquiétant des orques en captivité

Si le sort des orques inquiète tant, c'est à cause de leur état de santé particulièrement dégradé en captivité. Comme l'avait confié Christine Grandjean, présidente de l'association "C'est assez !", à nos confrères du Monde en 2015, "en milieu naturel, une orque parcourt 150 à 200 kilomètres par jour" et ces animaux de plusieurs mètres de long vivent dans des bassins d'une centaine de mètres en captivité.

Cet enfermement a déjà provoqué de la détresse psychologique chez certains individus dans les parcs à travers le monde, ce qui a conduit à des comportements violents pour Tilikum, impliquée dans la mort de trois personnes à SeaWorld, l'équivalent américain de Marineland, en 1991, 1999 et 2010. On peut aussi remarquer la détresse psychologique chez ces animaux à leur nageoire dorsale. En bonne santé, celle-ci se dresse et est bien visible à la surface de l'eau, mais elle s'affaisse lorsque les animaux vivent dans de mauvaises conditions. Leur santé physique est également remise en cause, deux orques étant mortes en moins de cinq mois dans les bassins d'Antibes l'année dernière.

Les parents de Wikie, Sharkane et Kim II, ont été capturés au large de l'Islande avant d'être emmenés au parc d'Antibes, avant l'interdiction de capture des cétacés en Europe, dans les années 1980. Ils ont donné naissance à Wikie, 23 ans, et Inouk, avant de mourir dans les eaux des bassins. C'est ensuite Inouk qui est décédée à 22 ans le 28 mars 2024. En liberté, une orque vit entre 50 et 90 ans. Keijo est le dernier fils de Wikie, âgé de 11 ans. Ces animaux sociables, Comme le confirme une étude publiée en 2021 dans la revue Proceedings of the Royal Society, ne vivent donc qu'à deux dans des petits bassins