Axel Kahn : "La mort n'existe pas", ses confessions avant de partir

Axel Kahn : "La mort n'existe pas", ses confessions avant de partir Dans les semaines précédant son décès, ce mardi 6 juillet, Axel Kahn avait accordé ses dernières interviews, livrant sa vision de la mort et son rapport au cancer, qui le rongeait depuis un an. Depuis l'annonce de sa mort, les hommages au médecin affluent, saluant un grand homme.

L'essentiel
  • Axel Kahn est décédé ce mardi 6 juillet, près de deux mois après l'annonce de sa maladie, un cancer en phase terminale qu'il avait décidé de ne pas cacher. Le médecin et président de la Ligue contre le Cancer était âgé de 76 ans. Son état de santé s'était brutalement dégradé en début d'année.
  • Auteur de plusieurs ouvrages, habitué des plateaux télé où il était régulièrement intervenu l'année dernière pour évoquer l'épidémie de Covid-19, Axel Khan avait publié ses adieux au grand public sur Facebook le 21 mai dernier. Dans ce message bouleversant, le généticien avait affirmé ne ressentir "aucune anxiété, ni espoir, ni angoisse", mais "un certain soulagement plutôt".
  • "S'apitoyer sur soi m'apparaît médiocre et lâche" avait également tweeté le médecin. Axel Kahn préférait considérer la mort comme une expérience, un ultime moyen de se définir. "J'ai souvent dit que personne n'est autre chose que ce qu'il fait : imaginons qu'il me reste trois ou quatre semaines à pouvoir faire, alors le choix de ce que je fais, la manière dont je le fais, sont plus importants que jamais."
  • Le médecin a toujours voulu rester digne face à la mort. "C'est intéressant comme expérience : on ne vit qu'une seule fois, puisque ensuite on est mort. Je me demandais quelle serait mon attitude en m'approchant de la mort : voilà, je m'en approche, et je le vis. Je ne le fais pas en chantant, j'aime la vie. Mais je ne le fais pas non plus dans la terreur, je le fais avec détermination. C'est une période très importante de ma vie." Fort de son expérience de cancérologue émérite, Axel Khan estimait être "en train de parcourir l'itinéraire final de [sa] vie" mais comptait optimiser les semaines qui lui restent.
  • Les hommages se sont multipliées après l'annonce de la mort d'Axel Kahn. Sur Twitter, Jean Castex a salué "une vie qui avait valeur d'exemple". Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a évoqué de son côté "un grand médecin, un grand chercheur et un grand humaniste". La Ligue contre le cancer, présidée par le médecin de 2019 jusqu'en mai dernier, a annoncé sa mort en soulignant les "nombreuses qualités qui ont fait de lui un président remarquable et surtout un porte parole exemplaire pour la lutte contre le cancer". 
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Ses deux derniers combats contre le cancer

Le cancer d'Axel Kahn, bien qu'annoncé le mardi 11 mai, était une bataille que le médecin menait depuis longtemps dans la sphère privée. "Il se trouve que la patrouille [l']a rattrapé". Qu'à cela ne tienne, le combat a continué jusqu'au bout, mais le médecin se positionnait également sur un autre front. "Je vais mener deux combats : un qui est personnel, totalement personnel, que je vais mener seul", avait-il expliqué. Le second concernait la Ligue contre le cancer. "Je comptais finir toute une série de réorganisations fondamentales pour mieux lutter contre le cancer, avoir plus de moyens, mieux aider les personnes malades. Je vais profiter des jours qui viennent pour dire à chacun des leaders : 'Aidez-moi, continuez mon combat, je compte sur vous.' Notre combat contre le cancer est juste, notre combat pour les personnes atteintes du cancer est éminemment juste." Le médecin s'était déjà retiré de la présidence de l'association et avait assuré la passation.

"J'ai été intensément heureux" : le message d'Axel Khan face à la mort

Toute sa vie le médecin a tenté de comprendre et de se conformer au dicton de son père, "sois raisonnable et humain", en essayant de faire "de chaque pas un pas utile". Une raison d'être qui n'a pas écarté le bonheur du chemin d'Axel Kahn, un bonheur qu'il définit comme "le moment à partir duquel vous vivez ce que vous espériez vivre, où il y a adéquation entre votre ressenti de votre vie et ce que vous en espériez. Mort ou pas mort, j'ai été intensément heureux", avait-il au micro de Léa Salamé. En conclusion d'une vie bien rempli, le médecin s'était lancé un dernier défi pour ses dernières semaines de vie : "J'aimerais que ma mort soit un chef d'œuvre". Une référence directe à la phrase d'Oscar Wilde. Axel Kahn avait pris ses dispositions pour répondre à cette dernière volonté, à deux jours de son admission à l'hôpital, "chaque minute est occupée", avait-il expliqué. Axel Kahn était revenu pudiquement sur son week-end de l'Ascension passé en famille, pour un premier au revoir à sa jument, sa femme et ses enfants. Très pragmatique, pour le médecin la mort était une fin, sans "après" si ce n'est celui du souvenir. "Après la mort, il n'y a rien, mais il y a peut-être le souvenir que vous pourrez garder de moi, et ça c'est une forme d'immortalité."

En savoir plus sur Axel Kahn

Biographie courte d'Axel Kahn - Né à Le-Petit-Pressigny (37), le 5 septembre 1944, Axel Kahn a démarré sa carrière de médecin comme interne des hôpitaux de Paris, avant d'obtenir un doctorat en médecine en 1974, puis en sciences en 1976. Très vite, il a délaissé la pratique de la médecine pour s'intéresser à la recherche scientifique, et a entamé des travaux sur la génétique. Cela lui a permis de publier de nombreux articles et ouvrages, qui lui ont conféré une certaine visibilité et notoriété. Axel Kahn a ainsi écrit plus de 500 articles et une cinquantaine d'ouvrages scientifiques. Il a fondé en 1985 la revue médicale "Médecine/sciences", dont il a été le rédacteur en chef jusqu'en 1998. Il s'est aussi attelé à la vulgarisation de la génétique, jusqu'à l'écriture de romans comme : "Être humain, pleinement".

Le parcours d'Axel Kahn, les fonctions occupées

Son implication dans son travail a fait de lui un homme d'influence, nommé à la tête de plusieurs structures scientifiques tout au long de son parcours : président de la Commission du génie biomoléculaire (1988-1997), membre de la direction de l'INSERM, président du groupe d'experts de la Commission européenne pour les sciences de la vie (2000-2002), membre du Comité déontologique du Comité olympique (depuis 2014), président du Comité d'éthique pour l'INRA et l'IFREMER (depuis 2016). Axel Kahn était également engagé politiquement, et n'hésitait pas à prendre position sur des débats éthiques de fond (euthanasie, clonage, vaccination...).

Depuis son plus jeune âge, le chercheur était en effet proche du parti communiste, dont il a été membre jusqu'en 1977 avant de se tourner vers le Parti socialiste. Il s'est impliqué dans la course à la présidentielle aux côtés de Martine Aubry en 2012. A partir de 2013, Axel Kahn s'est mis à parcourir la France à pied. Il a écrit plusieurs livres à partir de ces expériences de randonneur : "Pensées en chemin : Ma France des Ardennes au Pays Basque" ou "Entre deux mers". En 2021, dans "Et le bien dans tout ça ?", Axel Kahn a pris à nouveau position sur des sujets d'actualité tout en évoquant les derniers instants avec son père.

De quelle maladie souffrait Axel Kahn ?

Depuis 2019, Axel Kahn était en parallèle président de la Ligue nationale contre le cancer, une ONG avec des missions multiples : prévention autour de la maladie, assistance auprès des patients et de leur entourage, aides financières en faveur des recherches menées en cancérologie... Néanmoins, le 11 mai 2021, l'association a annoncé qu'Axel Kahn allait se retirer très prochainement de la présidence pour une durée indéterminée. La raison principale étant que le généticien souffrait d'un cancer "qui s'était aggravé récemment". Il avait néanmoins poursuivi son rôle de bénévole au service des malades et au sein de la Ligue, dont l'action est rendue encore plus complexe par le contexte de pandémie de COVID 19.

La famille d'Axel Kahn, sa femme, ses enfants...

Axel Kahn était le fils du philosophe Jean Kahn-Dessertenne et de Camille Ferriot. Ses deux frères aînés sont également connus chacun dans leur domaine : Jean-François Kahn en tant que journaliste et Olivier Kahn dans la chimie. Ses trois enfants Jean-Emmanuel, Isabelle et Cécile sont le fruit d'un premier mariage. En 1995, Axel Kahn a épousé Pascale Briand, également scientifique, mais leur union n'a duré que quelques mois.