Ils veulent supprimer des règles d'orthographe utilisées par tous - nos enfants écriront peut-être comme ça

Ils veulent supprimer des règles d'orthographe utilisées par tous - nos enfants écriront peut-être comme ça Des linguistes et écrivains renommés demandent aux institutions de simplifier plusieurs règles d'orthographe. Et les impacts seraient nombreux.

Et si les règles d'orthographe apprises à l'école étaient un peu simplifiées ? Les Français sont très attachés à leur langue mais ils ont conscience qu'elle est difficile à apprendre et à appliquer sans faire d'erreur. Un récent sondage Ifop démontre à cet égard que les Français se déclarent massivement "sensibles au bon respect de l'orthographe, aussi bien lorsqu'ils écrivent (93%) que lorsqu'ils lisent (88%)". Dans le même temps, "près d'un sur deux (45%) estime que le système scolaire n'est pas assez performant sur l'apprentissage de l'orthographe".

Alors, faut-il rendre le français plus accessible ? Plusieurs dizaines d'experts, des linguistes, universitaires et personnalités de la culture - dont la prix Nobel de littérature Annie Ernaux -, viennent de signer une tribune dans Le Monde pour réclamer une "mise à jour de notre orthographe". "On peut être bon en français, par la richesse de son vocabulaire, sa créativité et son argumentation, et mauvais en orthographe. Et c'est de plus en plus le cas aujourd'hui", avancent-ils, mettant en avant que l'apprentissage de règles fastidieuses prennent des dizaines d'heures aux professeurs pour qu'elles soient acquises, au détriment d'autres apprentissages, comme "l'écriture créative et la compréhension".

Les auteurs de la tribune soulignent que "l'orthographe, née avec l'imprimerie, n'a cessé, au fil du temps, d'être retravaillée par les grammairiens, les imprimeurs, et par l'Académie française jusqu'à la fin du XIXe siècle". Et qu'il serait donc temps de s'y remettre. "L'idée n'est pas de tout simplifier ni d'écrire en phonétique, mais d'améliorer le système graphique pour mieux l'enseigner. Aujourd'hui, la réflexion est très avancée, on sait ce qu'on peut modifier sans dommage pour le sens ou la prononciation, et sans ralentir la lecture", écrivent-ils.

Plusieurs règles à revoir

Des experts et écrivains estiment que "le premier pas serait d'acter la réforme de l'accord du participe passé, et d'accepter de le laisser invariable lorsqu'il est conjugué avec "avoir"". Fini donc "l'histoire que j'ai lue" ou "la chose que j'ai faite", place à "l'histoire que j'ai lu" et "la chose que j'ai fait". Curieux ? Il faut admettre que cette règle du COD placée avant le verbe est assez peu maitrisée. 

Mais une autre règle plus commune, apprise par tous à l'école, est remise en question : ainsi, ces intellectuels souhaiteraient "régulariser les pluriels en "-s", en renonçant au "-x" final". "Autorisons à nouveau "pous" comme "sous", et "pieus" comme "pneus". Fini donc "choux, bijoux, joujoux, genoux, cailloux, hiboux, poux", tous ces mots termineraient par un -s, tout comme le pluriel de tableau s'écrirait "tableaus".

"Si vous trouvez que ces accords byzantins et ces exceptions étranges font tout le charme de notre orthographe, c'est parce que c'est la seule version qui vous a été enseignée dès l'enfance, et que vous y accordez une charge affective particulière. Nos ancêtres trouvaient surement "poëte" et "loix" plus jolis que "poète" et "lois"", argumentent encore les auteurs de la tribune, qui souhaitent voir rapidement "institutions, mais aussi médias, maisons d'édition, entreprises du numérique" proposer "des textes, des messages, en nouvelle orthographe".