Harcèlement scolaire : un questionnaire efficace pour protéger les enfants harcelés ?

Harcèlement scolaire : un questionnaire efficace pour protéger les enfants harcelés ? Jeudi 9 novembre, un questionnaire a été remis aux élèves de CE2 à la terminale pour détecter des situations de harcèlement scolaire. Cette mesure sera-t-elle efficace ?

[Mis à jour le 9 novembre 2023 à 23h01] Un questionnaire d'auto-évaluation qui doit permettre de détecter des situations de harcèlement scolaire a été distribué aux élèves de CE2 à la terminale, jeudi 9 novembre. Cette grille, promise par le ministère de l'Éducation nationale, fait partie des mesures de lutte contre le harcèlement scolaire. Ce procédé doit permettre aux établissements d'identifier des situations problématiques dans les classes. Une fois le questionnaire rendu, le ministère de l'Éducation indique que "l'exploitation des réponses des élèves permet d'évaluer et d'objectiver l'existence d'un phénomène de harcèlement" avant de faire l'objet d'une "restitution" à l'attention des élèves et de leurs parents.

Justine Atlan, directrice générale de l'Association e-Enfance, indique auprès de BFM TV que ce questionnaire est encore une "expérimentation perfectible". De son côté, Hugo Martinez, président-fondateur de l'association Hugo !, qui accompagne des élèves harcelés, a déploré auprès de franceinfo : "Ce n'est pas avec un questionnaire qu'on sauve la vie". Selon lui, les jeunes harcelés ne répondront pas sincèrement aux questions si leur harceleur est assis non loin d'eux en classe. "Je pense que ce questionnaire doit être pensé dans un autre contexte, pourquoi pas à la maison ou dans les espaces numériques des écoles, avec un formulaire interactif", a-t-il argumenté. 

Entre 24 et 34 questions selon les niveaux

Le questionnaire sur le harcèlement scolaire doit permettre aux élèves de se livrer sur leur état d'esprit et leur rapport à l'école ainsi qu'aux relations avec leurs camarades. Les questions sont donc regroupées en quatre parties ciblant différents aspects du sujet :

  • Les appréhensions des élèves avant d'aller à l'école ou son rapport au collège et au lycée : As-tu peur d'aller à l'école à cause d'un ou plusieurs élèves ?
  • Leur quotidien à l'école, au collège ou au lycée : Est-ce qu'on t'a donné un surnom méchant ? Est-ce qu'un ou plusieurs élèves se moquent de toi ou t'insultent
  • Les éventuelles répercussions sur internet : Reçois-tu ou as-tu vu des messages insultants ou menaçants te concernant d'un ou plusieurs élèves sur un téléphone [ou] sur les réseaux sociaux ?
  • Leur ressenti : As-tu du mal à faire tes devoirs à cause de ce que tu vis à l'école ? As-tu mal au ventre ou à la tête à cause de ce que tu vis à l'école ?

Si la forme du questionnaire est identique, le fond change quelque peu en fonction de l'âge des élèves. Trois grilles d'évaluations ont été pensées : la première à l'attention des élèves de primaires compte 24 questions, tandis que les deux autres destinées aux collégiens et aux lycéens sont composées de 34 questions. Pour chaque question, l'élève doit donner une réponse chiffrée allant de 1 pour une situation qui n'arrive jamais à 4 pour une situation qui se produit très souvent. Le nombre de réponses comprises entre 2 et 4 est important, plus l'élève semble victime de harcèlement ou de cyberharcèlement.

Un volet prévention inclus au questionnaire

Une série d'une dizaine de questions termine le questionnaire soumis aux élèves de primaire, de collège et de lycée. Ces interrogations ne servent plus à analyser la situation de l'élève, mais à savoir si ceux qui "ont l'impression d'être embêté" et sont donc susceptibles d'être victimes de harcèlement ont fait part de leur situation à quelqu'un. Ces questions sont aussi une ouverture sur la prévention contre le harcèlement scolaire que les élèves en soient victimes, témoins ou acteurs.

Un questionnaire anonyme et non obligatoire

Ce seront les enseignants des classes des primaires et les professeurs principaux des classes de collégiens et de lycéens - dans la mesure du possible - qui superviseront la séquence de prévention si possible accompagné d'un membre de l'équipe enseignante et éducative. Avant de soumettre le questionnaire, les responsables éducatifs devront rappeler ce que sont le harcèlement et le cyberharcèlement et prévenir des graves conséquences.

Si tous les élèves du CE2 au lycée recevront le questionnaire et seront prévenus de l'anonymat et la confidentialité de la grille d'autoévaluation, ils ne seront pas obligés de la remplir. Les professeurs seront toutefois amenés à encourager les élèves à répondre au questionnaire sans les contraindre.

A noter que lors de la passation du questionnaire, tous les élèves qui le souhaiteront pourront demander à parler avec un professeur, un personnel social et de santé ou un autre personnel éducatif pour évoquer sa situation personnelle. Il en sera de même pour les élèves qui manifesteraient "une forme d'angoisse ou de détresse".