Attentat à Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice : le point sur l'attaque

Attentat à Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice : le point sur l'attaque

NICE. L'attaque qui a fait trois morts le jeudi 29 octobre 2020 à Nice, moins de deux semaines après l'assassinat de Samuel Paty à Conflans, a replongé la France dans le chaos terroriste. Que s'est-il passé ? Que sait on de Brahim Issaoui, Tunisien de 21 ans auteur de l'attaque ?

Trois personnes ont été tuées, le jeudi 29 octobre 2020, dans une attaque au couteau menée à la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice par un jeune Tunisien fraîchement arrivé en Europe. Brahim Issaoui, selon le nom dévoilé par l'AFP, est arrivé clandestinement dans l'espace Schengen par l'île italienne de Lampedusa le 20 septembre 2020, un peu plus d'un mois avant de commettre l'irréparable. En France l'enquête progresse avec notamment le placement de six hommes en garde à vue. Voici ce que l'on sait sur cet attentat, perpétré moins de quinze jours après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine qui avait abouti à la mort de Samuel Paty.

Les faits : une attaque au couteau à la basilique de Nice

La ville de Nice a été témoin d’une attaque à l’arme blanche, dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption, le jeudi 29 octobre 2020. Deux femmes et un homme ont été tués au sein et aux abords du monument par un homme armé d’un couteau. Selon les premiers éléments de l’enquête, communiqués par le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard le lendemain des faits, l’assaillant est arrivé à la gare de Nice "peu avant 7h" du matin, avant d’entrer dans la basilique à 8h29, armé d’un couteau "de 30 cm avec une lame de 17 cm". Il y est resté "un peu plus d’une demi-heure", période durant laquelle il s’est attaqué à 3 victimes. À 8h47, les forces de l’ordre sont arrivées sur place. Selon le procureur antiterroriste, "quatre policiers municipaux" ont "fait face" à l'assaillant, criant "Allah Akbar" et s'avançant vers eux. Ce dernier a été rapidement interpellé, blessé grièvement. Il a été transporté à l'hôpital en urgence absolue. Le lendemain, son pronostic vital était encore engagé.

Le parquet antiterroriste a été saisi dès le jeudi 29 octobre. Une enquête a été ouverte sur les chefs "d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, tentative d’assassinat et association de malfaiteurs avec une entreprise terroriste", et confiée à la sous-direction antiterroriste de Paris, de la DGSI, à la PJ de Marseille et de Nice. Un homme de 47 ans, qui aurait été en contact avec l’assaillant à la veille de l’attentat, a été placé en garde à vue le soir même, a rapporté l’AFP. Le lendemain, entre 18h30 et 19h, un deuxième homme, âgé de 35 ans, a été placé en garde à vue. ll est suspecté d'avoir côtoyé l'auteur des faits la veille de l'attentat. Le samedi 31 octobre 2020 au matin, on a appris qu'un troisième homme, âgé lui de 33 ans et présent lors de la perquisition au domicile du deuxième suspect interpellé, avait également été placé en garde à vue. Il a été arrêté le 30 octobre. Enfin, un quatrième homme proche de Brahim Issaoui aurait été interpellé dans les Alpes-Maritimes, ont rapporté TF1 et LCI. Il s'agirait d'un Tunisien âgé d'une trentaine d'années qui aurait fait une partie du voyage entre la Tunisie et la France avec le principal suspect de l'attentat. Deux autres gardes à vue ont été annoncées dimanche 1er novembre.

L'auteur : Brahim Issaoui, un Tunisien de 21 ans

L’assaillant, identifié par l'AFP sous le nom de Brahim Issaoui, est issu d’une famille nombreuse installée à Sfax, dans le centre de la Tunisie. Il est né en 1999. Selon le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, le jeune homme était porteur d'un "document de la Croix-Rouge italienne" qui aurait contribué à son identification. Il est "inconnu au fichier national des empreintes digitales et également inconnu des services de renseignements". Il est arrivé en France le mercredi 28 octobre 2020, après être "entré en Italie via Lampedusa le 20 septembre" et est passé par Bari le 9 octobre 2020. Il a été visé par une obligation de quitter le territoire italien, avant d’être finalement laissé libre.

La piste de l’islamisme radical a été clairement avancée dès le début de l'enquête. Après l’interpellation de l’assaillant, les forces de l’ordre ont retrouvé sur lui "un Coran et deux téléphones", a précisé Jean-François Ricard. Le jeune homme était également en possession de "deux couteaux non utilisés", rangés dans un sac. Le maire de Nice, Christian Estrosi a expliqué à la presse que "l’auteur n’a pas arrêté de répéter Allah Akbar" au moment où il était médicalisé".

Selon la mère de Brahim Issaoui, interrogée par plusieurs agences de presse, le jeune homme "faisait la prière depuis deux ans" et ne "se mélangeait pas avec les autres". Son frère a précisé qu’il lui aurait dit vouloir venir en France "car c’est mieux pour le travail et qu’en Italie, il y a trop de monde". Dans une interview accordée à Al Arabiya TV, relayée par Nice-Matin, ce dernier aurait affirmé avoir reçu un appel du jeune homme la veille de l'attentat. "Il m’a dit qu'il voulait passer la nuit devant la cathédrale. Il m'a aussi envoyé une photo du bâtiment", a-t-il expliqué. La justice tunisienne, qui a également ouvert une enquête après l'attentat de Nice, a indiqué que Brahim Issaoui avait des antécédents judiciaires de droit commun de violence et de drogue

Le bilan : 3 morts

Deux femmes, âgées de 60 et 44 ans, ainsi qu’un homme de 55 ans, sacristain de la basilique de Notre-Dame de l’Assomption, ont perdu la vie dans l’attentat de Nice. La femme âgée de 60 ans, Nadine Devillers, est décédée d'un "égorgement très profond, de l’ordre d’une décapitation", a indiqué le procureur Jean-François Ricard. La deuxième femme, Simone Barreto Silva, âgée de 44 ans et de nationalité brésilienne, a réussi à fuir et à se cacher dans un bar situé à proximité de la basilique, avant de succomber aux multiples coups de couteau reçus. L’homme de 55 ans, père de deux enfants et sacristain de la basilique, est décédé d’une "plaie profonde à la gorge".

Qui était Nadine Devillers ? La paroissienne qui est décédée dans l'attentat de Nice est une femme âgée de 60 ans prénommée Nadine Devillers. Son identification n'a été confirmée que le samedi 31 octobre 2020 dans les colonnes de Nice-Matin, de L'Express et par France 3. Mariée et mère d'enfants aujourd'hui adultes, elle était une passionnée de théâtre. Au micro de France 3, plusieurs membres du théâtre Le Phoenix à Nice ont confié qu'ils pleuraient une amie de trente ans. "C'était une femme exceptionnelle, toujours à s'occuper des autres", a confié Béatrice Saggio, comédienne. Dans les colonnes de Nice-Matin, sa meilleure amie Joëlle Guichard a décrit Nadine Devillers comme "la gentillesse avec un grand G". Et de développer : "De temps en temps, elle brûlait un cierge. C'était une femme qui aimait les autres. Elle donnait tout pour les autres. Elle allait prier pour son mari, pour moi... Pour qu'on soit heureux. Elle faisait le bien autour d'elle. C'était juste de l'amour, cette femme." 

Qui était Simone Barreto Silva ? L'une des deux femmes tuées lors de l'attentat de Nice a été identifiée comme étant Simone Barreto Silva, une Franco-Brésilienne de 44 ans. Mère de trois enfants, elle vivait en France depuis 30 ans. France Télévisions l'avait rencontrée alors qu'elle suivait il y a quelques années une formation de cuisine à l'Hôtel Méridien de Nice. Elle exerçait en tant qu'aide-soignante pour les personnes âgées. "C’était une bonne vivante, une mère dévouée, une femme courageuse, généreuse, croyante, mais aussi tolérante", a témoigné l'une de ses amies au micro de BFMTV.

Vincent Loquès, le "visage de Notre-Dame". Âgé de 55 ans, Vincent Loquès, l'une des trois victimes de l'attentat de Nice, était le sacristain de la basilique Notre-Dame depuis 2013. Cet homme laïc avait commencé sa carrière dans la maçonnerie. Divorcé et père de deux filles, âgées de 21 et 25 ans, il était originaire de Saint-Étienne-de-Tinée, dans les Alpes-Maritimes. "Il aimait l'église où il travaillait. Il essayait de l'embellir en permanence. Là, il était en plein préparatifs de la Toussaint et s’apprêtait à réaliser, comme chaque année, une crèche magnifique", a déclaré l'ancien prêtre de la basilique, le père Jean-Louis Giordan, à Nice-Matin.