Marche blanche pour Nahel : un cortège pacifique suivi de tensions à Nanterre

Marche blanche pour Nahel : un cortège pacifique suivi de tensions à Nanterre La marche blanche en hommage à Nahel s'est déroulée dans le calme, jusqu'à ce que des tensions entre manifestants et policier l'écourtent, vers 16 heures ce jeudi 29 juin. Des affrontements ont lieu devant la préfecture de Nanterre.

"Que tout le monde soit là s'il vous plait". L'appel de la mère de Nahel a été entendu et des milliers de personnes se sont rendues à la marche blanche organisée en hommage à Nahel, ce jeudi 29 juin 2023. Le cortège a progressé dans le calme avant que des tensions n'éclatent sur l'esplanade de la préfecture de Nanterre, lieu d'arrivée de la manifestation, et mettent fin au rassemblement pacifique. Aux alentours de 16 heures, les premières échauffourées ont été observées entre des manifestants et les policiers, des tir de mortiers et de gaz lacrymogène ont été observés. Après plusieurs minutes de tensions, la situation semble s'apaiser sur l'esplanade de la préfecture. Mais aux alentours des tensions ont toujours cours et plusieurs départs de feu sont signalés et génèrent un important nuage de fumée noire.

Les tensions ont éclaté après que le cortège soit passé devant la préfecture, l'arrêt de la manifestation ayant été empêché par des lignes de forces de sécurité formées devant la préfecture. Les manifestants de la marche blanche semblent pour la plupart s'être dispersés au moment où la situation à commencer à se tendre. Une partie du cortège a pour sa part rejoint le lieu où Nahel a été tué, à quelques mètres de la préfecture. A noter que la préfecture se trouve à côté du tribunal de Nanterre où le policier qui a tiré sur Nahel est actuellement déferré. Après avoir rejoint le point d'arrivée du cortège, la marche blanche semble se poursuivre quelques mètres plus loin pour gagner l'endroit où Nahel a été tué.

Des milliers de personnes à la marche blanche pour Nahel

La marche blanche est partie à 14 heures, mais deux rassemblements distincts se sont formés. A eux deux, les cortèges ont plusieurs milliers de personnes, 6 200 selon la préfecture. Le premier est parti du point de rendez-vous annoncé par Mounia, la mère de Nahel, et la mairie de Nanterre dans un communiqué, soit sur l'avenue Pablo-Picasso pour rejoindre la préfecture des Hauts-de-Seine, quand le deuxième cortège s'est réuni d'emblée devant la préfecture.

La mère et la famille de Nahel ouvre la marche blanche à bord d'un véhicule en tête de cortège. Tous revêtent un tee-shirt blanc sur lequel est écrit "justice pour Nahel". C'est d'ailleurs ce slogan qui est inscrit sur la banderole portée par les manifestants à pieds et qui est scandé par la foule.  "On sera tous là. On marchera, on fera le parcours que faisait mon fils", a déclaré Mounia, submergée par l'émotion, auprès du média Blast.

Une marche blanche pacifique, des slogans anti-police

Bien que dense, la marche blanche a progressé dans le calme pendant deux heures jusqu'à atteindre la préfecture. Si dans une première vidéo relayée sur Tik Tok, la mère de Nahel avait présenté cette marche comme le moyen d'exprime sa "révolte", elle a par la suite rappelé le caractère pacifique du cortège au micro de franceinfo. La mairie de Nanterre a également rappelé qu'il s'agissait d'une "manifestation pacifique".

Toutefois, en plus du slogan "justice pour Nahel" de nombreux messages scandés par certains manifestants ou inscrits sur plusieurs pancarte visent les policiers : "Police assassine", "la police tue", "combien de Nahel n'ont pas été filmés ?" Certains de ces messages ont été entendus par les premiers manifestants arrivés devant la préfecture de Nanterre. Les autorités craignent que la marche blanche ne soit gagnée ou parasitée par des débordements après les violences observées à Nanterre dans la nuit et censée venger la mort de Nahel.

Appel au calme après des violences suscitées par la mort de Nahel

L'appel au calme émis par la municipalité sera-t-il respecté durant toute la marche blanche ? L'émotion de certains, notamment la colère, s'est exprimée dans de violents affrontements à Nanterre, mais plus largement en Ile-de-France ces deux dernières nuits. Une colère que le maire de Nanterre a dit comprendre auprès du Monde après la première soirée d'émeutes : "Dans ces quartiers, il y a un sentiment partagé que la justice n'est pas la même pour tous. [...] C'est tout cela qui nourrit cette frustration qui s'est exprimée durant la nuit". Mais dans un communiqué publié dans la matinée du 29 juin, l'édile a appelé "au calme après une nuit de dégradations inacceptables". "Arrêtons cette spirale destructrice. [...] Oui, avec sa famille et ses amis, nous voulons la justice pour Nahel, nous l'obtiendrons par notre mobilisation pacifique, avec ses avocats devant le tribunal et avec tous ceux qui ont la justice au cœur", a-t-il ajouté dans son communiqué.

De leurs côtés, les habitants du quartier de Nanterre où vivait Nahel estiment que ces manifestations et ces affrontements nocturnes sont un moyen d'honorer l'adolescent décédé. "La marche blanche, c'est pour les darons. Nous, notre hommage, c'est contre la police. C'est notre façon d'exister lorsqu'on nous a tout enlevé", lance un jeune homme à Médiapart.